Le quotidien français Libération : Kaïs Saïed exhume la peine capitale.

 Le quotidien français Libération : Kaïs Saïed exhume la peine capitale.

 

« En Tunisie, le Président exhume la peine capitale » annonce le quotidien français Libération en rendant compte des déclarations du président de la République Kaïs Saïed lors du conseil national de sécurité dans lequel il s’est dit favorable à la peine de mort. Pour le journal il s’agit d’un « grand bond en arrière ».

« Bien que diffusés sur Facebook, les propos tenus lundi dans la soirée par Kaïs Saïed, le président de la République tunisienne, sur la peine de mort fleurent bon le début des années 90 quand la répression du régime de Ben Ali était à son apogée. Lors du conseil national de sécurité, le chef de l’Etat a ainsi solennellement déclaré «celui qui a commis un meurtre doit être condamné à mort», balayant de facto le moratoire sur la peine capitale observée par le pays depuis 1991 », lit-on dans le quotidien parisien.

Et d’ajouter : « Même si le constitutionnaliste de 68 ans n’a jamais caché ses positions très conservatrices sur le plan sociétal, sa position a pris tout le monde de court. Surtout qu’elle relève d’une récupération politicienne : l’instrumentalisation d’un fait divers. Vendredi, le corps d’une femme de 29 ans, Rahma Lahmar, disparue depuis quatre jours est retrouvée mutilée et violée dans la banlieue nord de Tunis. Un suspect est rapidement arrêté. Sa photo circule rapidement, la vox populi 2.0 le condamne immédiatement : «L’autre, directement à la pendaison sur une place à Tunis devant tout le peuple», peut-on lire sur les réseaux sociaux ».

Libération relève que « loin de jouer l’apaisement, Kaïs Saïed s’est empressé d’amplifier la vague d’indignation, d’autant plus facilement que l’opinion publique comme une large partie de la classe politique est en faveur du retour de la peine capitale ».

Le journal cite Selim Kharrat, président de l’ONG al-Bawsala qui milite pour la transparence des institutions politiques qui s’alarme «des propos de Kaïs Saïed (qui) sont d’autant plus catastrophiques qu’il les a tenus avant même la tenue d’un procès».

« Alors que la Tunisie s’apprête à célébrer les dix ans de sa révolution en décembre, le chef de l’Etat a préféré, pour le coup, se rappeler «le temps béni» de la dictature où l’on punissait avant de juger », conclut le journal français.

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