Le SNJT dénonce « l’ingérence flagrante » dans les contenus médiatiques

Le SNJT dénonce « l’ingérence flagrante » dans les contenus médiatiques

 

Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri, a dénoncé mercredi la poursuite des agressions contre les journalistes qui, a-t-il dit, ne peut que démontrer que « le métier de journaliste est encore en danger et que la liberté de la presse est menacée ».

« L’ingérence dans le contenu médiatique, l’interdiction aux journalistes d’accéder à l’information et l’atteinte à leur dignité et à leur intégrité physique sont autant de preuves qui viennent confirmer cette réalité », a-t-il indiqué lors de la présentation à Tunis du rapport semestriel de l’unité d’observation des agressions commises contre les journalistes sur « la liberté de presse en Tunisie du 1er mars au 31 août 2017 ».

Dans ce contexte, Bghouri a dit avoir constaté une « ingérence flagrante » dans les contenus médiatiques, particulièrement au sujet de la loi sur la réconciliation administrative.

On avait assisté à une manipulation médiatique pour faire valoir cette loi. Les médias auraient dû donner l’opinion et l’opinion opposée à ce sujet », a-t-il souligné.

A ce propos, Bghouri a dit craindre le retour de l’autocensure et des pressions matérielles et politiques exercées sur le journaliste.

« Les failles juridiques utilisées pour garantir l’impunité des agresseurs des journalistes a créé un sentiment d’insécurité chez les journalistes », a souligné de son côté le conseiller juridique de l’unité d’observation, Mondher Cherni.

« Ce sentiment d’insécurité risque de favoriser le retour de l’autocensure et de contraindre les journalistes de ne pas aborder des sujets à risque », a-t-il ajouté.

Ces failles juridiques portent notamment sur les procédures de dépôt et d’examen des plaintes qui, d’après Cherni, « ne jouent pas en faveur des journalistes ».

Dans le même contexte, Cherni a mis en garde contre le projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées qui, a-t-il dit, » représente une réelle menace pour les libertés générales et individuelles ».

« Ce projet de loi comporte plusieurs dispositions qui s’opposent au texte de la constitution et appliquent des restrictions à la liberté d’expression, de presse et d’édition sous prétexte de protection des secrets de la sûreté nationale, a-t-il prévenu.

Ce projet de loi, a-t-il encore averti, prévoit des peines liberticides à l’encontre des journalistes.

« Malgré la promulgation de la loi organique relative à l’accès à l’information, les journalistes trouvent encore des difficultés à accéder à l’information », a, d’autre part, indiqué Mondher Cherni.

A ce propos, il a dénoncé « cette mentalité conservatrice » qui gangrène encore l’administration publique, mentalité qui « rejette les principes de transparence et de gouvernance ».

« Bien que le gouvernement se soit engagé à l’abroger, la circulaire n°4 interdisant aux responsables de l’Etat de donner des déclarations aux médias sans autorisation demeure en vigueur », a-t-il déploré.

Rappelons que plus de 100 agressions physiques ont été recensées, ces six derniers mois, ciblant 139 individus travaillant dans le secteur des médias, a relevé, mercredi, l'unité de monitoring relevant du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Les agressions ont été commises contre 35 journalistes (femmes), et 104 (hommes) exerçant dans des chaînes de télévision, des radios, des journaux ainsi que des sites électroniques.

Par ailleurs, le SNJT a taxé la police, les fonctionnaires et les responsables gouvernementaux d’agression contre les professionnels des médias.

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