Les objectifs des manœuvres de Kaïs Saied (2/2)

Les objectifs des manœuvres de Kaïs Saied (2/2)

Par Nouredine BEN MANSOUR 

La question déroutante est de savoir si Kais Saied va être en concordance avec ses promesses et ramener le pays à son état initial, ou va-t-il prolonger les procédures prises à l’encontre du parlement?

Utilisera-t-il la politique de petits pas pour établir un régime dictatorial? Dans quelle phase de la nouvelle révolution sommes-nous capables de répondre en temps réel à cette question. 

Une déclaration affirmative est très difficile mais ce qui est sur  les bases d’une nouvelle révolution sont jetées. Le processus est en action continue. Le démarrage s’est déclenché  mais on ignore l’éclatement de ce dit processus. 

Qui serait le nouveau leader et d’où viendrait-il ?  Les causes de cette nouvelle révolution seront autres que celles de la révolution de 2010. Elles sont différentes car le processus a pris d’autres directions et par le temps se sont compliquées. 

Le président de la république, Kaies Saied, a bien saisi le moment actuel qui se caractérise par un mécontentement généralisé à l'égard de la classe politique. Il est alimenté par la situation économique difficile qui ne s'est jamais consolidée après la révolution de 2011. 

A cela s'ajoutent la situation pandémique catastrophique et des problèmes permanents de ressenti, de corruption et de népotisme. Donc cette manœuvre ne vient pas d’un coup de tête ou du hasard. C’est sûrement une stratégie à court terme mais on ne connait pas les futures conséquences de ces manœuvres.

Le président tunisien a destitué le chef du gouvernement. Le Parlement a été suspendu pour un mois  mais certains  critiques parlent d'un coup d'État. Cette affirmation ne serait véridique seulement une fois que le délai d’un mois prévu par la constitution serait dépassé c'est-à-dire on optera pour de nouvelles manœuvres sous le titre intérêt de l’état et les obligations actuelles de la circonstance et la situation critique du pays. Un alibi pour continuer sur le nouveau chemin tracé.

Nous sommes de nouveau au temps du début de la révolution où on  a connu deux orientations principales à savoir ceux qui voulaient continuer avec l’ancien régime et ceux qui prônaient la rupture. Les nouveaux ou autrement les rupturistes ont gagné. C’est le recommencement de l’époque de la Troïka. Aujourd’hui les citoyens sont divisés en pro-Saied et contre-Saied ou autrement les pro-révolutions et les pro -Ennahdha.

Et nous voilà de nouveau dans une atmosphère caractérisée par une insécurité accrue. Le pays est dans une nouvelle phase. La lutte pour le pouvoir refait surface. C’est le commencement de la grande déception. On commence une nouvelle étape où l’avenir du pays est en suspension. 

La capacité des élites surtout politiques à parvenir à un consensus fait défaut. Les intérêts se divergent et chacun se prépare pour une bataille pour le pouvoir. Les nouveaux arrivés et les anciens sont en perpétuelle contradiction. Égoïsme, irresponsabilité et indifférence. 

Le pour et le contre sont les aspects qui dominent l’ambiance actuelle. Et nous voilà dans un combat à visage ouvert entre les pro-Saied et les anti-Saied ou autrement les pro-révolutions et les anti-révolutions. C’est un combat pour le futur entre les pro-Saied et les pro-Ennahdha.

Kaies saied est un incognito en politique qui n’a aucun passé politique. Il est venu au pouvoir par manque de vrais politiciens et aussi c’est la conséquence des querelles entre les » politiciens » tunisiens qui n’ont rien à avoir avec la politique. Les arrivistes et les faux politiciens sont partout et se cachent derrière des faux partis politiques en prêchant faussement le bien pour le pays. Ils ne sont là que pour leurs propres intérêts. 

Des querelles, des complots de tout genre et des fausses intentions. Des grands narcissiques et égoïstes ; profiteurs de première classe. C’est grâce à ces faux politiques que Kaies Saied est devenu si important et un déterminant de grande importance. 

Aussi il ne faut pas oublier qu’ils sont des profiteurs de première classe. Champions manipulateurs et indifférents.Force est de constater que la corruption est devenue une caractéristique d’une bonne partie de  la classe politique. Un important problème qui ruine le pays. Ces politiciens bénéficient d’une impunité totale.

Nous sommes dans une époque où le pouvoir politique était entre les mains d’une bande de politiciens qui savent faire rêver pour atteindre leurs objectifs bien dessinés. 

Des politiciens impulsifs qui ont des idées simples et sont bien doués pour faire illusion. Le 25 juillet 2021 était le jour du déséquilibre politique où le pouvoir politique est devenu personnel entre les mains d’une seule personne ; c’est l’époque de Kaies Saied qui a accaparé tout le pouvoir et il est devenu le seul décideur du sort du pays. 

Certains adversaires de K. Saied affirment que ce dernier était inspiré par le coup d’état de Sissi en 2013. Cette affirmation est loin de la vérité. La question qui se pose en urgence est : est ce que ladite promesse d’un mois de suspension du parlement va être respectée par K.Saied ? Une situation qui pourrait devenir immaîtrisable. La procédure actuellement prévue pour mettre fin à l'état d'urgence ne fonctionne pas car il n'y a pas de cour constitutionnelle. 

Il est donc dans la bonne volonté du Président de mettre fin aux mesures d'urgence et de revenir au processus régulier. Les événements de ces derniers jours sont préoccupants. Plus la situation actuelle dure, plus l’avenir du pays n’est pas sûr. 

La question importante dans cette circonstance où le pays se dégrade est quel est l'avenir si K.Saied ne tient pas ses promesses, et qui le forcera à respecter la Constitution ?

Les politiciens actuels ont-ils un rôle à jouer dans la recherche de solutions pour sortir le pays de sa situation difficile dans laquelle il vit. Comment feront-ils face à K. Saied  si les interprétations réelles et justes de la constitution sont transgressées et non respectées et qui va l’obliger à respecter la Constitution ?

Les conséquences de ce trouble politique sont apparues et vont réapparaitre en force prenant de diverses formes  si on ne corrige pas immédiatement l’allure du développement économique actuel. En cas d’échec ses conséquences sont l’aggravation dans son vrai sens d'une part et le déclenchement de nouveaux conflits d’autre part. 

Ce qui est sûr, si la situation persiste, le processus de démocratisation serait dans un proche avenir dans une impasse. Est-il venu le moment pour que les vrais politiciens, les stratèges et les vrais hommes d’affaires prennent le destin du pays entre leurs mains ? Associer le citoyen au devenir du pays. Faut-il encore attendre jusqu’au déluge?

La décision actuelle est le résultat d’une transition politique qui a trop duré et a entravé le processus de la politique dans son ensemble. Les causes sont multiples. Endogènes et hétérogènes. De l’intérieur et de l’extérieur. Un monde politique sans goût ou efficacité. Presque la majorité des partis politiques sont le fruit de circonstances dont certaines sont dictées et formulées de l’extérieur. 

Nous sommes dans une ère où le destin des individus est entre les mains de faux politiciens. C’est grâce à ces faux politiciens que K.Saied a pu être président de la république et aussi c’est grâce à leur faiblesse qu’il continue à gérer le pays à sa guise.

Certains veulent cacher les faits de ce qui se passe en Tunisie, en montrant que le président tunisien Kais Saied a décidé unilatéralement de prendre les dernières mesures contre le parti Ennahdha, et de considérer la position du président comme une violation de la Constitution et une agression injustifiée, tout en voulant imposer  la logique d’Ennahdha. 

C'est aussi une tentative d'ignorer que le président répond aux larges masses qui manifestent depuis plusieurs jours dans les rues et les places de Tunisie, lui demandant de sauver le pays des complots et du sabotage d’Ennahdha. Ces conditions soutiennent l'affirmation selon laquelle l'histoire ne tiendra pas le président tunisien Kais Saied responsable de son attachement aux dispositions de la Constitution ou de son abandon.

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