Mondial: Kalinka sans capuccini

Mondial: Kalinka sans capuccini

 

Il y a eu certes cette qualification de l’équipe de football tunisienne pour le tournoi final de la coupe du monde après un match nul sans gloire à Radés contre une modeste équipe Libyenne. Comme il se doit, on découvre brusquement que dans le foot, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. 

Finis les doutes issus des deux éliminations consécutives de l’Espérance et de l’Étoile face à El Ahly du Caire. Comme aux plus beaux jours de la Dictature , on a entendu dire que cette victoire prouvait la place honorable de notre pays sur la scène internationale.

On a encensé les pays arabes redevenus pour la circonstance frères, auteurs d’un quadruplé qualificatif historique ( Maroc, Tunisie, Égypte, Arabie Saoudite) . Nous Tunisiens sommes qualifiés certes, mais il faudrait surtout en remercier Youssef Msakni, un joueur qu'on croyait fini à la suite d’une grave blessure, et qui nous a sauvés d’une défaite certaine à Kinshasa après avoir été menés par 2 à 0 jusqu’à 10 minutes de la fin, grâce à deux éclairs de talent.
 
Mais n’en demandons pas plus ! la Squadra Azzura elle, déjà vainqueur de l’épreuve à 4 reprises, n’ira pas. Depuis 1958, l’année de ma naissance, c’est même la première fois qu’elle est éliminée lors de la phase éliminatoire de la Coupe du Monde. 

C’est dire combien l’évènement est exceptionnel. L’Italie nous a habitués depuis toujours à être l’équipe des grandes occasions, mais son dernier parcours en éliminatoires, face à l’Espagne notamment, posait un peu problème, même si elle a plusieurs fois lors de coupes du monde précédentes, réussi à se redresser brillamment , et à atteindre au moins le dernier carré. Et le match de barrages retour contre la Suède s’annonçait disputé, le match aller remporté par les Suédois ayant été très équilibré. L’Italie hier a dominé les débats de bout en bout, avec 75% de possession du ballon, mais elle n’a pas réussi à marquer. Plus que le finish, c’est la capacité à mettre hors de position la défense adverse compacte et bien regroupée, qui lui a manqué  , autrement dit  un milieu de terrain créatif.

C’est seulement dans le dernier quart d’heure de la première mi-temps qu’elle a paru capable grâce à un jeu sur le flanc droit et derrière le dos de la défense suédoise, de se créer des occasions nettes de but. L’Italie a joué sur un rythme soutenu, impressionnant même, mais d’une manière prévisible, ses attaquants ont souvent confondu vitesse et précipitation. 

En fin de compte il y a eu un seul vrai face à face entre un attaquant Italien , le plus remuant de tous , paradoxalement nommé Immobile, et le gardien adverse , et seulement deux tirs dangereux de loin repoussés par le portier .C’est bien peu pour une possession du ballon aussi nette. Certes l’arbitrage a une fois encore, une fois de plus, posé problème dans un match important de football , mais il faut lui rendre cette justice ,  les deux équipes en ont à tour de rôle fait les frais. 

Et en fin de compte sans Spaghettis, ni Capuccini, la Coupe du Monde risque l’année prochaine d’être indigeste. Mais qu’importe ! la Tunisie est qualifiée, et elle ira en Russie, ainsi que l’assure la chansonnette  de circonstance diffusée et rediffusée sur une chaîne de télévision dans le but d’instiller un peu d’euphorie dans un pays morose , en promettant de passer le deuxième tour, ce qui revient encore une fois à promettre n’importe quoi  comme on sait si bien le faire. Certes, on aura beau prévenir par le biais de Monsieur Tout le Monde avec le parler de la Rue, sur l’air de la célèbre Kalinka, la Russie de notre arrivée, notre équipe là bas ne risquera-t-elle pas au fil des matchs, la fatigue physique aidant,  à l’instar des poupées Russes, de passer du plus grand vide au plus petit créé?  La Russie n’a jamais souri aux conquérants, et si nous n’y prenons garde, notre campagne là bas peut se transformer en Bérézina. Heureusement que nous n’y passerons pas l’Hiver.

 

Dr Mounir Hanablia

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