Plan de paix de Trump: un alignement sans précédent aux exigences israéliennes

Plan de paix de Trump: un alignement sans précédent aux exigences israéliennes

Le président américain Donald Trump a présenté mardi à la Maison-Blanche son plan de paix, traçant un « chemin » vers une solution à deux Etats. Mais les nombreuses concessions faites à Israël ont déclenché la colère de nombreux responsables dans le Proche et Moyen-Orient et des réactions mitigées dans les pays occidentaux. C’est un alignement sans précédent sur les exigences israéliennes

Le plan de paix américain pour Israël et les Palestiniens était attendu. Et naturellement, sa présentation mardi soir par Donald Trump a suscité un concert de réactions internationales.

Fondé sur une solution à « deux Etats » dans lequel Jérusalem resterait une « capitale indivisée » et le territoire palestinien verrait sa taille doubler, le projet de la Maison Blanche offre néanmoins davantage de garanties à Israël qu'aux Palestiniens, et notamment la souveraineté sur la vallée du Jourdain.

Quelques minutes après la présentation, l'ambassadeur des Etats-Unis David Friedman s'est d'ailleurs fait encore plus explicite, affirmant que l'Etat hébreu pouvait annexer ses colonies « sans attendre ». 

 Le plan discuté Donald Trump et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ferme aussi la porte au droit au retour en Israël des réfugiés palestiniens de 1948. Extrait des principales réactions.

 Les Palestiniens rejettent en bloc le plan

Ce plan, favorable à Israël auquel il accorde de nombreuses garanties et notamment un feu vert pour annexer les colonies, « ne passera pas » a rapidement réagi le président palestinien Mahmoud Abbas.

« Il est impossible pour n'importe quel enfant, arabe ou palestinien, d'accepter de ne pas avoir Jérusalem » comme capitale d'un Etat palestinien, a déclaré le président pour signifier l'étendue, selon lui, du refus palestinien de voir Jérusalem devenir la capitale « indivisible » d'Israël comme l'a proposé le président américain.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a lui aussi rejeté le projet. « Nous n'accepterons pas de substitut à Jérusalem comme capitale de l'Etat de Palestine », a déclaré Khalil al-Hayya, un haut responsable du mouvement.

Pour le mouvement chiite libanais Hezbollah, cette proposition n'est qu'une « tentative d'éliminer les droits du peuple palestinien, historiques et légitimes ». L'Iran a de son côté jugé que « le plan de paix de la honte imposé par l'Amérique aux Palestiniens est la trahison du siècle et est voué à l'échec ».

Pour le ministère turc des Affaires étrangères, ce projet « mort-né » est un « plan d'occupation visant à tuer une solution à deux Etats et à extorquer des territoires palestiniens ». La Jordanie enfin, a estimé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, que l'établissement d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 restait « la seule voie pour une paix globale et durable ».

L'Egypte a adopté une position prudente, se contentant d'appeler Israéliens et Palestiniens à un examen « attentif » et « approfondi » du plan américain, et à ouvrir des voies de dialogue. Présente à Washington lors de la présentation du plan de paix, la diplomatie des Emirats Arabes Unis a salué « un important point de départ pour un retour à la table des négociations ».

L'ONU dit s'en tenir aux frontières de 1967

Alors que le plan présenté par Washington accorde nombre de garanties territoriales à Israël et donne un feu vert à l'annexion des colonies, bien au-delà des frontières existantes au moment de la guerre des Six Jours de 1967, l'Organisation des nations unies a réaffirmé son attachement aux frontières reconnues sur la base des lignes définies en 1967.

« La position des Nations unies sur la solution à deux Etats a été définie à travers les ans par des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale auxquelles est tenu le secrétariat » de l'ONU, a précisé Stéphane Dujarric dans un communiqué.

Europe : Berlin dubitatif, Paris ne prend pas position

Alors que Trump comme Netanyahu se sont félicités d'un plan à la portée historique, Berlin a rappelé que seule une solution « acceptable par les deux parties » pouvait conduire à la paix. Une référence claire au rejet total par les Palestiniens, du plan proposé par Donald Trump.

« La proposition américaine soulève des questions dont nous allons maintenant discuter avec nos partenaires de l'Union européenne », a ajouté le ministère des Affaires étrangères allemand dans un communiqué. 

La France, quant à elle, a réagi de manière neutre, saluant les «efforts» de Donald Trump mais exprimant « sa conviction que la solution des deux Etats, en conformité avec le droit international et les paramètres internationalement agréés, est nécessaire à l'établissement d'une paix juste et durable au Proche-Orient».

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell s'est contenté d'indiquer que l'EU allait « étudier et évaluer les propositions avancées », tout en réaffirmant son engagement « ferme » en faveur d' « une solution négociée et viable à deux Etats. »

La Russie a pour sa part prôné des « négociations directes » entre Israéliens et Palestiniens, afin de parvenir à un « compromis mutuellement acceptable ».

Parmi les alliés des Etats-Unis, Londres était mardi soir le plus positif, qualifiant le plan de « proposition sérieuse » qui « pourrait constituer une avancée positive ». « Nous les encourageons (Israël et les Palestiniens) à donner à ces plans un examen sincère et juste et à voir s'ils pourraient constituer une première étape sur la voie du retour aux négociations », a expliqué le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab. Plus tôt, le Premier ministre Boris Johnson avait estimé que le plan « pourrait constituer une avancée positive. »

AFP

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