Pour un « smart unlock » de l’économie de rente (1)

Par  Mahjoub Lotfi BELHEDI, Spécialiste en réflexion stratégique 

En parfaite continuité avec mon précédent article « L’économie tunisienne ou le culte de l’idéologie de rente » et avant de se lancer dans un pareil voyage périlleux de déverrouillage (Unlock) du système rentier, l’élaboration « d’un  plan de balisage » approprié en termes de codification (qualification) et de trajectoire s’avère incontournable…

1/  En termes de codification 

Au gros risque d’une éventuelle dérive  suite à une codification confuse, il est fort important de savoir où en sommes-nous en termes de marché ? Est-ce en situation de rente, d'oligopole ou de rente oligopolistique ?

A défaut d'une réponse précise à cette question clé, les passerelles de communication entre pilotes (les acteurs économiques)  et aiguilleur de ciel (l'Etat)  risquent d’être  sérieusement compromises …

Compte tenu du rétrécissement  du rôle  régulateur de l'Etat au profit « d'une privatisation á  la carte » à partir des années 90, une mosaïque entrepreneuriale & pseudo entrepreneuriale  a envahi la grande arène économique,  composée d'une multitude de dynasties économiques puissantes évoluant sur un marché  de biens et de services à caractère hybride, alliant  économie de rente (la légalisation et la protection de privilèges et d’opportunités d’affaires à l’abri de toute concurrence au profit d’un nombre restreint d’acteurs économiques) et économie oligopolistique (marché caractérisé par la présence d'un petit nombre d'entreprises de grande dimension  face à une multitude d'acheteurs / consommateurs) aboutissant à l’émergence d’un alliage économique très particulier « made in tunisia »…

Cependant, contrairement aux déductions hâtives répandues de nos jours,  une situation d'oligopole n’aboutit pas systématiquement á une économie de rente. En fait, il y a des entreprises tunisiennes qui pratiquent un type « d'oligopole concurrentiel et vertueux » de  haute valeur ajoutée et d'autres qui misent exclusivement sur « un oligopole de collusion et de copinage » avec les pouvoirs politiques sans aucune contrepartie macro-économique substantielle…

2/En termes de trajectoire(s) 

Une fois la codification du plan de balisage est cernée (à priori, il s'agit d'un marché oligo-rentier),  les trajectoires de déverrouillage du système économique en place varient en fonction  des  postures à méditer par les pouvoirs publics, en l’occurence :

- Une posture populiste et suicidaire gravitant tout autour du couple  Confusion / Rase table

En effet, ce couple d’horreur vise à accentuer les zones d’ombre entre « une économie de rente »  malicieusement protégée  par des lois restrictives  taillées sur mesure et le phénomène d'émergence des  grands groupes qui ont pu réaliser des plus values aussi bien sur la sphère locale qu’internationale tout en observant les garde-fous concurrentiels pré-établis.

Cette approche prône uniquement la culture du chaos via une politique de Bulldozer  incriminant  toute action d’intégration verticale émanant de ces holdings sous un faux alibi de propagation du fléau de rente.

- Une posture  inclusive et sécuritaire valorisant toute stratégie réfléchie d'expansion tous azimuts (horizontale/verticale) qui  n’entrave pas les mécanismes concurrentiels du marché et   contribue d'une manière palpable á  une prospérité économique et sociale durable.

Les ultra-contestataires de toutes formes de concentration monopolistique du marché,  négligent par oubli ou simple ignorance que  « l’oligopole » constitue l’archétype même des économies libérales contemporaines et que l’ère de « la concurrence pure et parfaite » des classiques (Adams smidh & Compagnies) est bel et bien révolue...

En plaidant pleinement en faveur d’un déverrouillage intelligent de notre système oligo-rentier, la seconde partie de l’article va s’orienter sur les voies à emprunter pour convertir l’économie de rente en une économie véritablement inclusive et profitable à tous !

A suivre !