Pourquoi le bilan du coronavirus est-il si lourd en Italie ?

 Pourquoi le bilan du coronavirus est-il si lourd en Italie ?

 

Avec plus de 6000 décédés, l’Italie a battu le record mondial de morts liées au coronavirus. La Péninsule est ainsi, le premier foyer européen de la pandémie. Ce lourd bilan s’explique par plusieurs facteurs, selon les scientifiques : moyenne d’âge élevée dans le pays, organisation sanitaire, mode de comptage des personnes contaminées et décédées.

Une population âgée

Le coronavirus, dont la forme la plus grave concerne les personnes âgées ou atteintes d’autres pathologies, tue donc logiquement plus de malades en Italie, pays dont la population est la plus âgée au monde après le Japon. « On constate une mortalité considérablement plus élevée dans les pays ayant des populations plus âgées par rapport aux pays plus jeunes », explique la démographe et professeur de Santé publique Jennifer Downd.

Pour lutter contre la pandémie, elle suggère donc de s’assurer « que le virus n’entre pas en contact avec les personnes âgées, pour lesquelles il peut assez facilement s’avérer mortel ».

Des grands-parents en contact avec leurs petits-enfants

Or, en Italie la « famille élargie est l’un des piliers de la société où les grands-parents vont chercher leurs petits-enfants à l’école, les gardent, font peut-être les courses de leurs enfants de 30 à 40 ans, s’exposant dangereusement à la contagion », analyse-t-elle.

Variable sans réel fondement scientifique, le fait que l’Italie ait été frappée très tôt par la pandémie (juste après la Chine) est toutefois pris en compte par les experts. « S’ils ne réagissent pas, les autres pays finiront comme l’Italie »

« Quand on me demande pourquoi l’Italie, je réponds qu’il n’y a pas de raison particulière », a déclaré le professeur Yascha Mounk de l’université américaine Johns Hopkins sur la chaîne canadienne CBC. « La seule différence est que la contagion y est arrivée une dizaine de jours plus tôt qu’en Allemagne, aux États-Unis, au Canada et si ces pays ne réagissent pas rapidement et de manière décisive, ils deviendront ce que l’Italie est aujourd’hui », assure-t-il.

L’Italie « prise par surprise »

Certains experts considèrent aussi que le pays a été pris « par surprise », sans avoir le temps de se préparer, contrairement à ses voisins. Les services hospitaliers se sont donc vite retrouvés saturés et les médecins ont dû se mettre à choisir qui soigner, comme en ont témoigné dans les médias plusieurs d’entre eux en Lombardie.

Pour les spécialistes, la hausse rapide de la létalité du Covid-19 constatée en Italie, particulièrement en Lombardie, foyer de la pandémie dans la péninsule, est la conséquence du nombre sans précédent de malades ayant simultanément besoin de prise en charge en soins intensifs, qui plus est pour une durée moyenne de plusieurs semaines.

Un dépistage restreint

Selon des experts, le taux de létalité en Italie s’explique aussi par la politique de dépistage qui, selon le gouvernement, doit être réalisé « seulement sur les personnes symptomatiques ». Un choix qui exclut des statistiques les personnes potentiellement positives mais ne présentant pas ou peu de symptômes. Tel n’est pas le cas des pays qui, comme l’Allemagne ou la Corée du Sud, ont opté pour un dépistage large qui a permis de détecter de nombreuses personnes infectées, alors qu’elles ne présentaient presque aucun symptôme.

De ce fait, le taux de mortalité a chuté à mesure que le nombre de cas bénins était comptabilisé. Par ailleurs, l’Italie a fait le choix d’intégrer dans le nombre total de décès aussi bien les patients morts du Covid-19 que ceux, positifs au coronavirus, mais morts d’une autre pathologie, une politique qui n’est pas forcément celle d’autres pays.

(Source : le NouvelObs)

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