Prestation de serment : Kais Saïed, en colère, qui vise-t-il ?

Prestation de serment : Kais Saïed, en colère, qui vise-t-il ?

 

Le président de la République était très en colère lors de l’adresse qu’il a faite ce mercredi à la fin de la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement tout juste investi par l’Assemblée des représentants du peuple. Il était à l’évidence remonté contre des députés qui ont pris la parole lors de la séance de vote de la confiance au Parlement.

Comme à son habitude, il n’a pas désigné les personnes objet de son courroux. Il a néanmoins fustigé les mensonges, les calomnies, les affabulations et autres diffamations faits à son endroit, promettant qu’un jour prochain il fera connaitre toutes les vérités au peuple sans aucune exception à moins qu’il ne s’en trouve empêché en raison de l’obligation de réserve attachée à sa fonction.

Il va encore plus loin en dénonçant aussi les trahisons, les félonies et les forfaitures. « Viendra le jour où je parlerai clairement des traitrises, des infiltrations, des coups fourrés, des promesses mensongères, et de ceux qui se sont jetés dans les bras du sionisme et du colonialisme », a-t-il promis. Rien que ça.

Mais ce n’est pas tout, puisque le président de la République pointe d’un doigt accusateur les jurisconsultes, ceux qui ont ouvert une « maison de fatwa » pour l’interprétation de la Constitution, ce qu’il ne tolérerait point et qu’il ne pardonnerait jamais.

Qui au juste vise-t-il ? A première vue, beaucoup de monde. Certainement tous les députés qui ont critiqué à des degrés divers ce qu’ils ont considéré comme une ingérence du chef de l’Etat et de son entourage dans la formation du gouvernement Mechichi. Surtout ceux qui l’ont accusé d’avoir souhaité la chute de ce gouvernement en convoquant dans l’urgence une réunion des partis de la coalition gouvernementale sortante pour leur dire qu’il ne comptait pas dissoudre l’ARP comme la Constitution lui en donne le droit.

Le mouvement Ennahdha est-il concerné par l’ire présidentielle. Certainement, car il s’en est pris à ceux qui ont écrit la Constitution. Ceux-là il leur en veut car ils ont critiqué le fait qu’il ait procédé à des consultations par écrit pour choisir la personnalité la plus à même à former un gouvernement.

Mais le parti Qalb Tounes est aussi visé, puisque certains de ses dirigeants sont allés jusqu’à accuser le président de forfaiture, une faute grave qui peut conduire à sa destitution.

La Coalition Al Karama n’est pas en reste car le président de son bloc, Seifeddine Makhlouf n’a pas manqué d’attaquer frontalement le président de la République d’un ton ironique qui a dû déplaire au locataire de Carthage.

Kaïs Saïed a-t-il eu raison de tourner une cérémonie de prestation de serment en un règlement de compte ? Certainement pas. Les Tunisiens qui sont désenchantés, déçus d’une classe politique qui n’arrive pas à satisfaire leurs attentes avaient besoin d’être rassurés, de voir un bout de lumière au fond du tunnel et non à être confrontés à des félonies, trahisons et autres plans machiavéliques tramés dans des chambres noires.

RBR

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