Saied et le New York Times : Le degré zéro de la communication présidentielle

Saied et le New York Times : Le degré zéro de la communication présidentielle

 

Si nous avions rendu compte de l’allocution de Kaïs Saïed devant les journalistes du New York Times, nous ne savions pas les dessous de la présence de ces journalistes au Palais présidentiel. D’ailleurs personne n’a briefé la presse tunisienne qui s’est contentée d’évoquer les propos du président de la République se voulant rassurant sur les droits et les libertés et déclarant à l’instar du Général De Gaulle que ce n’est pas à cet âge qu’il va commencer une carrière de dictateur.

Mais lorsqu’on prend connaissance de l’article de la journaliste américaine on est abasourdi et consterné. Jamais la communication au sommet de l’Etat tunisien n’est tombé aussi bas, tant est qu’il y a une communication présidentielle en bonne et due forme.

La journaliste, Viviane Yee arrivée du Caire où elle officiait s’est rendue à son arrivée dans un quartier de Tunis, Cité Ettadhamon pour un reportage en compagnie d’un de ses collègues et que c’est là qu’elle a été interpellée par la police qui a contrôlé leurs papiers d’identité. Elle reconnait qu’ils ne disposaient d’accréditation puisqu’il n’y a plus d’autorité officielle qui la délivrait en allusion aux services de presse de la présidence du gouvernement actuellement vacants. Retenus pendant deux heures ils ont été remis en liberté tout en leur demandant de ne plus se présenter dans ce quartier.

Elle a ajouté qu’ayant appris leur interpellation sur Twitter, le chef du protocole présidentiel leur a appris qu’ils sont invités à rencontrer le président de la République. Ce qu’elle raconte ensuite dépasse l’entendement, car ce responsable la déchausse parce qu’elle portait des chaussures de sport et lui remet des souliers à talons qui sont plus grands que la pointure de ses pieds. Il se permet même de lui faire des remarques sur sa posture dans le fauteuil qui lui est assigné.

Mais ajoute-t-elle au lieu de voir Kaïs Saïed répondre à ces questions, elle a eu droit à un monologue, une leçon dit-elle sur la constitution américaine.

A lire l’article du New York Times les Tunisiens ont eu droit à une piètre mise en scène pour un soi-disant message présidentiel destiné à l’interne comme à l’extérieur et principalement aux Américains qui n’en est pas un puisque tel un boomerang il est revenu à son auteur. Le président de la République aurait pu retourner la situation en sa faveur, s’il a accepté de répondre aux questions au lieu de donner sa leçon magistrale comme il se plait à le faire. Une occasion en or s’est présentée à lui et il l’a malheureusement ratée.

Pour un président de la République qui veut concentrer entre ses mais tous les pouvoirs, ne pas disposer d’un conseiller à la communication d’une grande compétence est une lacune qu’il se doit de pallier au plus vite. Il a chargé l’attaché aux affaires diplomatiques Walid Hajjem de le faire mais il n’en a ni les compétences ni les moyens.

A l’évidence la directrice du cabinet présidentiel veut tout régenter mais elle ne peut tout faire. Désormais elle n’en a ni le temps, ni les capacités.

RBR

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