Salsabil Klibi: La faucille et la jarre ou la faillite et le chaos

Salsabil Klibi: La faucille et la jarre ou la faillite et le chaos

La constitutionnaliste Salsabil Klibi a publié un statut sur sa page Facebook pour décrire la crise au sommet de l’Etat entre un président de la république qui campe sur ses positions et un chef de

gouvernement qui a perdu son autorité. La faillite devant nous et le chaos derrière!

La dernière missive adressée par le président de la République au chef du gouvernement (par-delà la théâtralité qui l'a entourée) ne comporte strictement rien de nouveau quant aux griefs qu'il a déjà exprimés relativement au remaniement ministériel, qu'il s'agisse du manquement aux procédures prévues par la constitution, ou au choix des nouveaux ministres.

Cependant le problème est ailleurs et je crains qu'on ne mesure pas tout à fait la gravité de la situation.

Il est clair que la rupture entre le président et le chef du gouvernement est consommée et qu'il est vain d'espérer une quelconque conciliation entre eux.

La décision de ne pas démissionner, fermement annoncée par le chef du gouvernement, tient au fait qu’Ennahdha et Qalb Tounes (principaux soutiens de Hichem Méchichi), refusent de voir l'initiative de choisir un nouveau chef de gouvernement revenir encore une fois au président de la République (parce que conformément à la constitution, c'est ce qui se passera si le chef du gouvernement démissionne). Les deux partis  commencent à saisir le fonctionnement du président, celui-ci choisira, comme il l'a fait jusqu'ici, une personnalité qui ne bénéficie pas du soutien de la présente majorité, avec qui il est entré en guerre, soit en vue de soumettre la nouvelle équipe gouvernementale à son autorité à lui, soit dans l'espoir de voir le parlement lui refuser sa confiance et procéder ainsi à une dissolution tant désirée.

Pour que l'initiative de choisir un successeur à Hichem Méchichi revienne au parlement, il faut que ce dernier le démette par le biais d'une motion de censure, on peut imaginer qu’Ennahdha et Qalb Tounes réussissent à passer un accord avec lui dans ce sens. Cependant, selon la constitution le vote du retrait de confiance doit être en même temps un vote pour un nouveau candidat à la présidence du gouvernement. Or, s'il est peut-être facile à la coalition de réunir les 109 voix nécessaires à la chute du gouvernement Méchichi, les choses étant ce qu'elles sont au sein du parlement, il lui est quasiment impossible de réunir une majorité autour d'un nouveau candidat (il est plus facile de s'entendre pour démolir que pour construire).

Ne pouvant reprendre la main et refusant que le président reprenne l'initiative du choix d'un chef du gouvernement, les partis qui forment la majorité vont continuer cet "acharnement thérapeutique" sur un gouvernement rabougri, qui a perdu son autorité et sa force de frappe (si tant qu'il en avait une), à un moment où le pays connait sa crise économique et financière sans doute la plus grave depuis l’indépendance !

هذا المنجل وهاذي القلّة

الأفلاس أمامنا والفوضى وراءنا

 

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