Tunisie : Un confinement total du pays, ça changerait quoi ?

Tunisie : Un confinement total du pays, ça changerait quoi ?

Après le couvre-feu décrété mardi dernier sur l’ensemble du territoire national quotidiennement  à partir de 18 heures  jusqu’à 6h du matin,  qui a  impliqué l’interdiction totale à la population de circuler dans la rue durant cette période de la journée, le président Kais Saied vient d’ordonner le confinement total du pays.

Qu’est-ce que changerait un confinement total ?

On pose un principe général d’interdiction de circulation. Dans ce cas, on n’a plus le droit de sortir de chez soi que dans des cas de force majeure ou pour faire ses courses dans un commerce de proximité.

 C’est le principe du couvre-feu. Pour se déplacer, il faut un motif majeur. Plus de réunions de famille élargies et encore moins de réunions publiques. Plus de promenades, de footing, etc. Par ailleurs, les communications entre les grandes villes sont interrompues : sur les autoroutes, les grandes voies de circulation. Les gens n’ont plus le droit de se déplacer d’une ville à l’autre.

Plus personne ne travaille ?

Le télétravail est généralisé là où c’est possible. Mais, on ne peut pas arrêter les secteurs prioritaires : alimentation, santé (pharmacies, hôpitaux), police,douane, justice etc. On ne peut pas arrêter toutes les unités de production, sinon on crée une panique.

L’armée est appelée en renfort ?

C’est compliqué. L’armée est habituellement déployée pour tuer un ennemi. Là, il n’y a pas d’ennemi. En revanche, elle est un symbole fort. Elle incarne le caractère exceptionnel de la situation. Elle peut faire du contrôle de routes, d’identités. La confiance des citoyens dans l’armée est supérieure à celle qu’ils ont dans la police, ce qui la rend plus légitime, c’est un atout précieux. Sa présence symbolisera le fait que nous traversons une crise majeure.

Ce modèle de confinement total, c’est le modèle chinois ?

Dans le modèle chinois, on empêche les gens de se déplacer, en utilisant la loi et la technologie. En Chine, ils utilisent notamment le big data et des outils de géolocalisation pour déterminer les profils à risque et les endroits où il y a des clusters de contaminations. C’est un pays autoritaire : on n’a pas demandé leur avis aux gens. La Tunisie est une démocratie, mais on s’approche de mesures similaires pour faire face à l’incivisme de certains de nos compatriotes qui ont continué ces derniers jours à vivre normalement malgré les consignes.

N.B.M

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