Visite du président Caïd Essebsi à Gafsa : des impressions mitigées ou une communication déficiente

Visite du président Caïd Essebsi à Gafsa : des impressions mitigées ou  une communication déficiente

Le déplacement du président de la république Béji Caïd Essebsi à Gafsa pour la célébration de la fête de la révolution continue à susciter des commentaires plutôt controversés. En tout cas, cette visite n’a laissé personne indifférent. Les impressions mitigées on les a même remarquées dans l’entourage présidentiel.

Ainsi pour le porte parole de la présidence Ridha Bouguezzi dont ce fut l’une des premières interventions sur Shems-FM, la visite de BCE a été « une réussite sur tous les plans ».il a ajouté que « certaines parties s’attendaient à quelques tensions, mais tout s’est bien passé. » quant aux protestations qui ont accompagné la visite de BCE à Gafsa «il ne s’agit que d’une dizaine de personnes et non des milliers, en tout cas elles n’ont pas affecté la marche de la visite» selon lui. Sur les slogans favorables à l’ex-président Moncef Marzouki, il a été dans le déni : « Qui a entendu cela, nous, nous n’avons rien entendu »

Ce n’est pas exactement l’avis de son collègue Noureddine Ben Ticha, conseiller du président chargé des relations avec les partis politiques. S’il dit  sur Mosaïque FM que la visite était une réussite malgré les déclarations qui ne cessent de la critiquer, il s’en est pris aux médias qui donnent une mauvaise image de Gafsa en parlant de protestations et de manifestations alors que la ville vit en paix. Sans oublier de dire que certaines parties, qu’il ne nomme pas, essaient de critiquer la visite, il ne nie pas que des slogans en faveur de l’ancien président provisoire aient été proférées sur le passage du chef de l’Etat, car selon lui c’est le prix à payer d’un pays qui est « en train de bâtir la démocratie ».

Sur ses interactions avec les habitants de Gafsa lors de cette visite, Ben Ticha a assuré que les citoyens de Gafsa vivent dans des conditions difficiles et qu'ils avaient envie de faire parvenir leurs voix à la Présidence de la République. Il a dit qu’il a passé avec les citoyens près de quarante minutes au bout desquelles il a réussi à leur parvenir le message de la Présidence qui compte leur venir en aide et améliorer leur situation. Il a aussi souligné que la Compagnie de Phosphate de Gafsa doit activer les sociétés de l'environnement pour améliorer la situation dans la ville.

Concernant la présence de Hafedh Caïed Essebsi, à Gafsa en marge de cette visite, Noureddine Ben Ticha a assuré qu'il était présent en tant que directeur exécutif du parti Nidaa Tounes et non pour en assurer la préparation comme il a été avancé. Il a ajouté qu'il n'était pas le seul représentant de partis politiques qui se soit rendu à Gafsa à cette occasion. Il a donné pour exemple la présence du député indépendant Adnène Hajji qui s'est chargé de la coordination avec les familles des victimes des événements du bassin minier.

On remarque que Noureddine Ben Ticha a été plus prolixe que son collègue Ridha Bouguezzi. A se demander qui des deux est le porte parole véritable de la présidence !

Sans parler de la déclaration du député du Front populaire Ammar Amroussia qui va jusqu’à affirmer contre toute évidence que le président de la république n’a fait que « survoler le gouvernorat de Gafsa », le déplacement a subi le contre-coup d’une communication déficiente sur les séquences de « l’avant »et du « pendant ».

Concernant « l’avant » rien n’a été fait pour « cadrer » cette visite, la mettre dans son véritable contexte et expliciter les significations qu’elle recèle et les objectifs dont elle est porteuse à part quelques « fuites » qui n’ont pas été heureuses. Il aurait fallu faire précéder ce déplacement d’un point de presse en bonne et due forme pour en présenter le pourquoi et surtout pour dire pourquoi elle ne comporte pas un meeting avec un discours présidentiel à la clef comme il est d’usage dans la célébration d’une date historique.

Pour le «pendant », il semble que les promoteurs de la visite comptaient sur l’importance de l’événement pour qu’il soit assuré d’une couverture appropriée du fait qu’il soit sans précédent et qu’il ait lieu dans une région connue pour être difficile pour ne pas dire « rebelle » au pouvoir en place.

Cependant la densité de l’activité (laverie de phosphates à Metlaoui, zone industrielle et complexe chimique de M’dhilla, le périmètre agricole de Gafsa Nord et réception des familles des Martyrs de la révolte du Bassin Minier) et la multiplicité des décisions annoncées ont été dans l’ensemble absentes ou presque des comptes rendus des médias qui se sont concentrés sur des slogans émis ou sur les humeurs somme toutes normales de quelques présents. Certes les médias s’intéressent plus aux trains qui n’arrivent pas à l’heure mais il semble que les journalistes ne disposaient pas des données qui n’ont été publiées par la page officielle de la présidence qu’au terme de la visite (le 15 janvier à 0h15). Il aurait fallu distribuer des fiches sur chacune des étapes de la visite et des décisions annoncées.

Comme d’habitude la communication de cet événement d’importance a été déficiente ce qui ne lui a pas permis d’être perçu dans sa pleine mesure.

RBR

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