Voilà pourquoi Fadhel Abdelkefi doit démissionner

Voilà pourquoi Fadhel Abdelkefi doit démissionner

 

L’affaire du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, et ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi a mis le chef du gouvernement dans une situation fort embarrassante. Lui qui a déclaré la guerre contre la corruption et la malversation va-t-il accepter qu’un de ses principaux ministres qui a été condamné par la justice en raison d’une infraction à la loi reste solide à son poste ?  Abdelkefi a beau clamer son innocence, mais les faits sont là, têtus. Il a été condamné, en sa qualité de gérant de la société Tunisie Valeurs, par contumace en novembre 2014 à un an de prison et une amende de 1,8 million de dinars, et ce dans le cadre d’un procès intenté par la Douane tunisienne en 2013 à cause d’un transfert d’argent qualifié de douteux. Ni le ministre ni ses avocats, ni encore la société Tunisie Valeurs n’étaient, semble-t-il,  au courant de cette condamnation avant qu’elle n’éclate au grand jour pour éclabousser la crédibilité du ministre et le mettre dans une situation de conflit d’intérêt, puisque il est le chef hiérarchique de la douane. Le ministre a reconnu les faits et a annoncé qu’il a fait opposition au jugement le 7 août courant. A son tour, Tunisie Valeurs a publié un communiqué pour apporter des précisions sur cette affaire et innocenter son ancien gérant.

Loin de nous de douter de l’innocence du ministre, ni de ses compétences ni de sa sincérité, et nous espérons que la justice le lavera de toutes ces accusations. Mais en attendant sa comparution devant le tribunal le 7 septembre prochain, Fadhel Abdelkefi se doit de tirer les conclusions et Youssef Chahed se doit d’agir au plus vite. Il n’est pas bon de voir un ministre dans le box des accusés, fut-il pour un simple délit. Dans les démocraties qui se respectent, pour un simple soupçon, le ministre démissionne pour préparer sa défense. Nous l’avons vu tout dernièrement en France où François Bayrou, ministre de la justice a démissionné, sur fonds d’emplois fictifs d’assistants parlementaires au sein de son parti le MODEM, tout comme Marielle de Sarnez, membre du même parti, alors qu’ils venaient à peine d’entrer au gouvernement formé suite à l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la république. Les exemples sont nombreux et il est inutile de les rappeler. A cet effet, Fadhel Abdelkefi doit, non seulement céder le département des finances, mais il doit démissionner du gouvernement pour plaider sa cause et préserver, ainsi, l’intégrité de l’Etat et l’éthique politique. Le chef du gouvernement, qui est mis dans de très mauvais draps, se doit, à son tour, d’accélérer le remplacement des ministres qu’il a précipitamment limogés le 1er mai dernier.

Toutefois, des zones d’ombres demeurent dans cette affaire. Fadhel Abdelkefi était-il au courant de ce jugement avant son entrée au gouvernement ? Si oui en a-t-il informé Youssef Chahed qui l’a choisi pour occuper un poste important dans son gouvernement ? Et la direction générale de la douane a-t-elle mis le chef du gouvernement au courant du procès qu’elle intenté contre celui qui est devenu son ministre de tutelle ?

Le ministre se trouve dans la nasse et son départ serait considéré comme un dénouement logique, car cette affaire a plombé la confiance dans la politique menée par le gouvernement pour combattre la corruption et moraliser la vie publique. Rien n'empêche de le voir récupérer son poste une fois blanchi.

Malheureusement, Abdelkefi ne semble pas obéir à l’appel de la raison et « ne compte pas démissionner, surtout en cette phase difficile que traverse l’économie tunisienne », a-t-il déclaré.

Qu’en pense Youssef Chahed ?

B.O

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