"Attounissia", le film qui retrace le parcours de Bchira Ben Mrad, bloqué !

"Attounissia", le film qui retrace le parcours de Bchira Ben Mrad, bloqué !

Célébrer la fête de la femme en Tunisie ne peut se faire sans évoquer le nom de Bchira Ben Mrad, qui a été la première femme tunisienne à penser dans les années 30 à créer une organisation féminine Tunisienne, à savoir l’Union Musulmane des Femmes de Tunisie.

Jetée aux oubliettes à l’époque de Bourguiba, cette militante patriotique, symbole de l’émancipation de la femme a été réhabilitée un tant soit peu à l’époque de Ben Ali avant de s’éteindre dans la dignité entourée des siens le 4 mai 1993.

Depuis, de nombreuses initiatives ont été prises pour lui rendre hommage dont la nomination de plusieurs rues dans divers gouvernorats du pays et l’émission d’un timbre-poste en son nom, ainsi que l’édition de certains livres retraçant son parcours comme « Bchira Ben Mrad », œuvre de Mahmoud Chammam, ou « Bchira Ben Mrad celle par qui le jour des femmes arriva » de Moncef Ben Mrad, où encore la commémoration de son centenaire le 1er décembre 2013.  

Mais le plus grand projet pour honorer sa mémoire, celui de produire un film retraçant sa vie, demeure bizarrement bloqué depuis des années.

En effet, pour retracer son parcours de pionnière du mouvement féminin en Tunisie et afin de remémorer son œuvre, le producteur et réalisateur Moncef Barbouch a pris depuis sa première rencontre avec Bchira Ben Mrad en 1988 le défi de réaliser un film sur son personnage.   

A l’issue de nombreuses rencontres avec la militante, ce réalisateur a été obligé d’interrompre son projet avant de le reprendre en 2013 lorsqu’il a repris les recherches sur cette militante en Tunisie, en France, en Belgique et même en Roumanie

Normalement, vu son importance pour la mémoire collective, ce projet du genre documentaire-fiction, aurait mérité le soutien de tous et particulièrement celui du ministère de la Culture, ainsi que celui du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors.

Néanmoins, cela n’est malheureusement pas le cas pour le film « Attounissia » (La Tunisienne) de Moncef Barbouch qui tend à retracer le parcours de Bchira Ben Mrad.

Une première demande de subvention a été refusée par le ministère de la Culture en 2016 et une deuxième demande d’aide à la production déposée en 2019 est demeurée sans suite. Tout comme l’aide exceptionnelle demandée par le producteur et réalisateur au ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance, vu le statut de Bchira Ben M’rad en tant que pionnière du mouvement féminin en Tunisie.

Malgré cela, le producteur et réalisateur Moncef Barbouch a compté sur ses propres moyens très limités et a tourné le film en 2019, mais les entraves surprenantes à sa production, ne se sont pas arrêtées là, puisque le président de l’Assemblée des Représentants du Peuple de l’époque, Mohamed Ennaceur, a refusé d’autoriser le tournage d’une séquence symbolique à l’intérieur de l’hémicycle au Bardo, là où d’autres réalisateurs ont eu l’autorisation de tourner sans réticence.

Alors que le directeur du théâtre municipal de la ville de Tunis a exigé le paiement d’une somme conséquente pour le tournage d’une scène de Bchira Ben M’rad illustrée par Halima Daoud à la bonbonnière.  

Mais malgré tous ces obstacles, le tournage a eu lieu grâce aux sacrifices de toute une équipe dévouée et s’est achevé depuis le début de l’année 2020.

Ainsi le producteur- réalisateur n’a plus besoin que d’une modeste aide à la finition pour achever sa production.

Mais encore une fois, toutes ses demandes pour l’obtenir sont demeurées sans suite, et même ses sollicitations pour rencontrer la ministre de la Culture et lui exposer ce cas incroyable, sont demeurées sans réponse.

Face à ce blocage, nous espérons que le ministère de la Culture se ressaisira enfin, en octroyant une aide pour la finition de la production de ce film, pour espérer voir le réalisateur l’achever dans de bonnes conditions.

Car ce film, qui commémore l’emblème de l’émancipation féminine en Tunisie, doit normalement être soutenu pour la mémoire collective de la Tunisie.

Nour El Houda Ben Mrad

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