Banque Mondiale: Accélérer la transition énergétique verte pour stimuler l’économie tunisienne

Banque Mondiale: Accélérer la transition énergétique verte pour stimuler l’économie tunisienne

Le Bulletin de conjoncture économique de la Banque mondiale (BM) pour la Tunisie intitulé « Une énergie renouvelée pour l’économie - Printemps 2024 », publié, en ce moment, a dévoilé que la reprise économique -déjà limitée- de la Tunisie s’est fortement ralentie en 2023, dans un contexte de grave sécheresse, de conditions de financement strictes et d’un avancement peu soutenu de la mise en œuvre des réformes.

Avec ce ralentissement, l’économie tunisienne en 2023 était encore en dessous du son niveau d’avant Covid-19, marquant l’une des reprises les plus lentes de la région MENA.

Ainsi, la BM a démontré que l’agriculture a été le principal frein à la croissance économique en 2023, avec un déclin de 11% alors que la sécheresse a contraint le gouvernement tunisien à introduire des restrictions à l’irrigation. Ce contexte met en évidence l’urgence pour la Tunisie de s’adapter au changement climatique.

Par ailleurs, la faiblesse de la demande intérieure et l’assainissement budgétaire, semblent avoir, selon la même source, contribué à aggraver les pertes liées à la sécheresse. En effet, le déclin des secteurs de la construction et du commerce semble avoir annulé une partie des gains réalisés sur les marchés d’exportation, en particulier dans le tourisme.

Le ralentissement de la croissance amplifie les défis de la Tunisie

Par ailleurs, le ralentissement de la croissance -en particulier dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre- s’est traduit par une hausse du chômage et une baisse du taux de participation au marché du travail.

Ce ralentissement amplifie les défis auxquels la Tunisie est confrontée pour couvrir ses besoins de financement extérieur, qui demeurent importants malgré une amélioration du solde de la balance courante.

Stimulé par l’évolution favorable des prix internationaux, le déficit commercial de la Tunisie s’est amélioré en 2023, passant à 10,8% du PIB contre 17,5% en 2022. Alors que sur la même période, le déficit énergétique s’est creusé malgré des prix plus favorables, continuant de représenter l’essentiel du déficit commercial.

Ainsi, l’amélioration du déficit commercial et le rebond des exportations touristiques ont réduit le déficit du compte courant en 2023. Même si la baisse du déficit du compte courant atténue la pression sur les besoins de financement extérieur, ceux-ci restent importants, notamment en raison de l’importance du service de la dette.

De ce fait, la BM a démontré que la Tunisie continue de dépendre des prêts souverains pour financer ses besoins extérieurs, car elle ne peut accéder aux marchés de capitaux internationaux sachant que les investissements directs étrangers (IDE) et les flux de portefeuille demeurent limités. Ces entrées limitées de capitaux sont en cohérence avec le degré élevé de contrôle des sorties de capitaux, que le gouvernement prévoit actuellement de réviser…

Comment relever les défis macro-budgétaires de la Tunisie et stimuler l’économie ?

Face à cette situation et afin de relever les défis macro-budgétaires de la Tunisie et à stimuler l’économie, la BM a préconisé, dans son Bulletin de conjoncture économique pour la Tunisie (Printemps 2024), d’accélérer la transition du secteur électrique vers les énergies renouvelables.

Au fur et à mesure que les défis macro-budgétaires de la Tunisie s’accentuent, l’objectif du gouvernement tunisien de produire 35% d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelable d’ici 2030 devient encore plus important. Le pays est devenu plus dépendant des importations de combustibles fossiles, ce qui compromet la viabilité du compte courant.

À terme, si la dépendance aux combustibles fossiles se poursuit, le déficit du compte courant de la Tunisie et les conditions de financement pourraient limiter sa capacité à importer l’énergie dont elle a besoin pour répondre à la demande croissante, étouffant ainsi l’activité économique. Cette dépendance aux combustibles fossiles pèse également lourdement sur l’équilibre budgétaire étant donné les coûts élevés de la production d’énergie fossile. En augmentant la demande d’énergie, le réchauffement climatique exacerbe les défis de la dépendance énergétique et compromet la sécurité de l’approvisionnement énergétique.

En fait, le secteur énergétique tunisien pourrait ne plus dépendre des combustibles fossiles car le pays dispose d’un riche potentiel d’énergies renouvelables inexploité. Les énergies renouvelables pourraient, selon le même rapport, réduire considérablement le coût de la production d’électricité, en particulier dans le contexte de prix internationaux de l’énergie élevés et volatils.

En effet, l’exploitation du potentiel d’énergies renouvelables de la Tunisie est encore plus importante à la lumière du développement en cours de la connexion électrique entre la Tunisie et l’Italie. D’ailleurs, les avantages de l’expansion de la production d’énergies renouvelables s’étendraient à l’ensemble de l’économie, avec des gains significatifs en termes de croissance économique dès 2030.

Pour permettre cette transition énergétique verte, la BM a estimé que d’importants investissements seront nécessaires, soit environ 27 à 35 milliards de dollars américains d’ici 2050. La majeure partie de ces investissements pourrait être couverte par le secteur privé étant donné l’avantage significatif en termes de coûts par rapport aux combustibles fossiles en Tunisie. Cependant, un cadre réglementaire adéquat devrait être mis en place pour favoriser de tels investissements. Le renforcement du cadre réglementaire accélérerait également l’ambitieux programme de développement des énergies renouvelables de la Tunisie, ce qui rapprocherait le pays de son objectif de 2030 en matière d’énergies renouvelables.

I.Z.

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