Ces "frères libyens" qui nous en veulent

Ces "frères libyens" qui nous en veulent

 

Décidémment, certaines parties libyennes sont prêtes à tout faire pour nous déstabiliser. L’histoire des relations entre les deux pays est jalonnée de plusieurs tentatives de déstabilisation menées par les voisins du Sud contre notre pays.  Le Colonel Moammer Khaddafi, en chantre du panarabisme, voulait imposer sa vision unioniste par le biais de cet accord de Djerba le 12 janvier 1974, un accord mort né et dont la responsabilité de l'échec fut attribuée par le bouillant colonel au premier ministre tunisien de l’époque, Hédi Nouira. Une campagne de dénigrement fut lancée contre lui, aboutissant à une tentative d’assassinat en 1976, avortée par la sécurité tunisienne.

Rupture des relations diplomatiques

Mais les hostilités libyennes culminent avec le complot de Gafsa quand dans la nuit du 26 au 27 janvier 1980, un commando formé et armé en Libye prit d’assaut la caserne et se fit connaitre comme étant « L'Armée de libération tunisienne » pour sauver  « le pays de la dictature du parti PSD et de la domination néo-coloniale ». L’insurrection programmée n’a pas eu lieu et le commando fut anéanti par l’armée nationale qui reprit le contrôle de la ville au « au prix de 48 morts et d'une centaine de blessés ».

Le président Habib Bourguiba qui se reposait, alors à Nefta, décida de rompre les relations diplomatiques avec la Libye. Conséquence de cette décision, l’ambassade de Tunisie à Tripoli fut incendié. Mais ce n’est pas fini. Car, malgré l’arrivée de Mohamed Mzali à la primature et ses déclarations de bonnes intentions vis-à-vis des Libyens, Tripoli continua dans ses vils desseins. C’est ainsi qu’en 1984, quatre individus armés s’infiltrèrent à travers les frontières et firent exploser un oléoduc. Une année plus tard plus de 30.000 ouvriers tunisiens, spoliés de leurs avoirs et biens furent expulsés.  A la vive réaction des Tunisiens, deux colis piégé furent expédiés de Tripoli et éclatèrent dans un bureau de poste blessant deux postiers.

Un manque de fermeté

Voilà pour l’histoire qui devrait éclairer le présent. Car malgré l’accalmie pendant la période de l’ancien président Ben Ali, au cours de laquelle le régime libyen était mis en quarantaine par la communauté internationale, et en dépit du soutien apporté par les gouvernement de transition et notamment celui de Béji Caid Essebsi  à cette « pseudo révolution libyenne » qui a fait tomber Khaddafi, l’accueil de milliers de Libyens sur nos terres et l’hospitalité dont ont fait preuve les Tunisiens à leur égard, les vieux démons de déstabilisation ont refait surface. Certes, l’effondrement de l’état en Libye et l’apparition des milices de toutes sortes ajoutée à  l’implantation des groupes terroristes dans certaines zones de ce vaste territoire, ainsi que la formation de deux gouvernements, l’une à Bengazi et l’autre à Tripoli, ne plaident pas pour une meilleure entente avec la Tunisie. Toutefois, la prudence exagérée du gouvernement tunisien, la gestion un peu chaotique de certains dossiers en rapport avec les parties libyennes, ajoutée à une accumulation de problèmes et un manque flagrant  de fermeté et à la connivence de certaines parties tunisiennes, sont de nature à encourager ces Libyens  à continuer dans leur stratégie de harcèlement et de déstabilisation.

Pour ces raisons et pour d’autres que nous ne connaissons certainement pas, une position ferme de la part du gouvernement tunisien se fera encore attendre.

Brahim OUESLATI