Coup de balai attendu à Montplaisir

Il règne comme un monarque absolu sur le mouvement de la tendance islamique( MTI) devenu Ennhdha en 1989,  qu’il avait créé avec son compagnon de route Abdelfettah Mourou et d’autres militants en juin 1981. Depuis, Rached Ghannouchi ne lâche rien, même au cours de son exil doré à Londres. Faisant du Mouvement sa propre chasse gardée. Tous les co-fondateurs ont disparu de la circulation. Le dernier en date, Abdelfettah Mourou, a été jeté dans le purgatoire de l’élection présidentielle de septembre 2019, essuyant une humiliante défaire au premier tour.

Au cours des élections législatives d’octobre dernier, il a expurgé les listes électorales de son mouvement de tous les éléments qui ont commencé à contester son leadership. Des membres historiques comme Abdelhamid Jelassi qui a, d’ailleurs, démissionné du parti ou encore Mohamed Ben Salem ont été éjectés sans ménagement pour être remplacés par des jeunes, fidèles du Roi. Même ceux qui n’ont pas fait leur entrée au parlement ont intégré le gouvernement alors que d’autres ont été nommés dans son cabinet à l’Assemblée de représentants du peuple. L’un d’eux, Habib Khedher, chef de cabinet, a même été élevé au rang de ministre.

Le congrès prévu au mois de mai 2020, a été renvoyé sine die. Pour baliser le chemin devant une nouvelle génération, formée de ses propres poulains, le vieux Cheick a dissout le bureau exécutif formé de 24 membres et en réduire le nombre et le transformer en bureau de gestion des affaires courantes. Le secrétaire général Zied Ladhari qui  a déjà démissionné de son poste, sera remplacé par un proche de Ghannouchi. Tout comme le ministre de transport Anouar Maarouf. D’autres membres font faire les frais de cette dissolution. Alors que son fils Mouadh, l’homme fort tapi dans l’ombre, qualifié de nouveau Hafedh Caid Essebsi, ou son beau-fils Rafik Abdessalem qui jouit de la confiance de son beau-père, pourraient faire leur entrée au bureau exécutif.

Le bureau politique composé d’une cinquantaine de membres serait, à son tour, remanié avec la désignation de nouvelles personnalités. Selon les statuts du mouvement, le président propose une liste de noms au Conseil de la choura qui ne fait qu’approuver.

Ce faisant, Rached Ghannouchi se débarrassera définitivement des éléments jugés perturbateurs et préparera une relève formée de ses poulains.