Faouzi Ayadi (DG d'invest Consulting): "Il faut repenser toute la politique immobilière en Tunisie"

Faouzi Ayadi (DG d'invest Consulting): "Il faut repenser toute la politique immobilière en Tunisie"

 Directeur général d'Invest Consulting et organisateur du Salon de l'écoconstruction, Faouzi Ayadi a accordé à Espace Manager une interview exclusive. Dans cette entrevue, il nous dresse le bilan du secteur immobilier tunisien en 2019 et les prévisions pour l’année 2020 en termes de prix. sans compter les principaux soucis du secteur immobilier en Tunisie et les propositions pour sauver le secteur et redresser les prix.   

Comment s’est comporté le secteur de l’immobilier durant l’année 2019 ?

En 2019, nous avons réalisé des résultats en-déça des aspirations et des attentes des consommateurs. Il n’y a pas eu la baisse attendue au niveau des prix de l’immobilier au cours de cette année sauf dans quelques endroits et projets. Mais la tendance générale des prix a été en légère hausse. 

Si on veut se référer aux chiffres de l’INS, la hausse est estimée à plus de 5% pour toutes catégories confondues. Le foncier est maintenu meilleur par rapport à l’immobilier qui a suivi une tendance haussière mais à un rythme très faible de près de 2% mais cela n’empêche pas qu’il y a des cas concrets de baisse dans quelques zones comme Sfax qui n’a jamais connu une hausse ou encore Sousse où la hausse est toujours non considérable. D’autres zones ont connu une hausse remarquable par rapport à 2018 comme la région de Mrezgua à Hammamet.

De manière générale, le marché se maintient au niveau des prix mais par rapport au volume, il y a une nette baisse au niveau de toutes les catégories. En 2019, les ventes ont enregistré une baisse remarquable au moins de 10% par rapport à 2018. 

Quelle sera la tendance des prix pour 2020 ? 

En principe, il n’y aura pas de changement en 2020 du point de vue macro-économique et structure du secteur. C’est toujours le statu quo. Le nombre de nouveaux projets immobiliers est très faible voire quasi-inexistant dans certains endroits. Il est toutefois très clair que le marché du haut standing se maintient alors que pour toutes les autres catégories cela restera faible.

Il est également remarquable que le volume réel des transactions est dans l’ancien et pas dans le neuf à l’exception du très haut standing dans les quartiers chic comme le Lac, Carthage, Sidi Bou Said et quelques endroits à Hammamet, des zones qui ne seront pas concernées par la conjoncture économique et sont toujours dans la même position.

Si on veut conseiller le consommateur, qu’est-ce qu’on peut dire dans ce sens ?

Penser à l’ancien et au classique où il y a plus de possibilité de négocier et trouver un bon prix. Penser aux zones qui ne sont pas neuves. 

Quels sont les principaux problèmes des promoteurs immobiliers ?

Les promoteurs immobiliers souffrent de la hausse des prix de la matière première et le financement trop cher devient un handicap majeur. Il faut revoir toute la politique de financement de la promotion immobilière et des clients des promoteurs immobiliers. 

Le volume total de l'encours des crédits de l'ensemble des banques au secteur immobilier s’élève à 5,4 MDT. C’est un chiffre monstre qui va encore augmenter annuellement avec une moyenne de 10%. Eventuellement le risque ne sera pas uniquement au niveau des sociétés du secteur immobilier mais plutôt au niveau de la politique financière des banques.

Il faut alerter les autorités sur ce risque-là. Certains promoteurs immobiliers risquent de disparaitre et les banques vont se retrouver devant un stock dont ils ne peuvent rien faire. 

Quelles sont vos propositions ?

Pour le problème financier, il faut repenser toute la politique de la promotion immobilière en ce qui concerne le financement des promoteurs immobiliers et leurs clients. Créer de nouveaux projets de grande valeur ajoutée comme le programme du premier logement mais basés sur des solutions réelles qui ne soient pas un handicap devant le financement bancaire.  

De plus, le promoteur immobilier doit avoir une assise financière importante et doit avoir une connaissance du secteur. Il ne faut pas ouvrir le secteur à n’importe qui. Il faut aussi penser à innover au niveau des conceptions, des matériaux et même les concepts.

 Propos recueillis par N.B.M
 

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