Gel des activités de la commission d’enquête sur les filières jihadistes

Gel des activités de la commission d’enquête sur les filières jihadistes

 

Leïla Chettaoui, la présidente de la commission parlementaire tunisienne chargée d'enquêter sur les filières jihadistes, a appris son limogeage il y a deux semaines par journaliste. Dans une interview publiée dans Jeune Afrique, elle explique cette décision prise par son désormais ancien parti Nidaa Tounes par la découverte d’informations « dérangeantes pour certaines parties ». Pour le moment les activités de la commission ont été gelées en attendant le remplacement de la présidente.

Chettaoui qui depuis a rejoint « Mashrou3 Tounes » était à l’origine de la création de cette commission. Elle savait que sa mission « allait être difficile puisqu’elle visait à mettre tout le monde devant le fait accompli ». Sur les 22 membres qui composent la commission, Ennhadha et Nidaa en comptent 14, soit 7 membres pour chaque parti. C’est pourquoi des membres d’Ennahdha qui était à la tête de la Troika ont fait preuve d’hostilité vis-à-vis de cette commission. Alors que pour Nidaa Tounes « ces travaux dérangent ». Elle a souligné que « certaines des personnes arrêtées dans le cadre de l’opération anticorruption   lancée par Youssef Chahed sont liées à Nidaa Tounes, et ces liens ont désormais un impact direct sur la crédibilité de toute personne liée au parti. Cela discrédite également la commission, ce qui est très malheureux ».

Pour l’ancienne présidente de la commission l’endoctrinement des jeunes a commencé juste après les élections de l’Assemblée nationale constituante avec l’arrivée de la Troika au pouvoir. Au mois de décembre 2011, à l’invitation d’une association caritative, « le Mufti de Daech (un Saoudien aujourd’hui en prison) était venu en Tunisie. Il a fortement participé à la transformation des réseaux salafistes du pays en réseaux salafistes jihadistes. Il a formé des jeunes dans les 24 gouvernorats de Tunisie dans l’impunité la plus totale, ce qui est extrêmement grave ».

Elle a ajouté « qu’une audition sur le rôle des associations dans les opérations des filières jihadistes » a été menée. « Nous avons découvert qu’un certains nombres d’entre elles ont financé l’envoi de Tunisiens dans les zones de combat. 200 associations tunisiennes constituées après septembre 2011 (date d’adoption d’un nouveau décret-loi relatif à l’organisation des associations), toutes à caractère religieux, ont été impliquées en échappant à tout contrôle. Leurs financements provenaient du Moyen-Orient, dont plusieurs du Qatar. En épluchant les opérations bancaires, nous avons relevé des virements allant de 5 000 à 3 millions de dinars tunisiens ! ».

Lire l’interview de sa source :

http://www.jeuneafrique.com/442240/politique/tunisie-leila-chettaoui-deb...

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