Guerre contre la corruption : la justice envoie-t-elle un mauvais message !

Guerre contre la corruption : la justice envoie-t-elle  un mauvais message !

 

En s’appuyant sur le décret relatif à l’état d’urgence datant de 1978, le Chef du Gouvernement Youssef Chahed n’a pas cherché une solution de facilité. Il était convaincu que la justice ne lui faciliterait pas la tâche. Et ça n’a pas raté. Puisqu’à la première occasion, celle-ci s’est rebiffée et a refusé la nomination d’un administrateur judiciaire sur les biens confisqués de Yassine Chennoufi une des personnes assignées à résidence et dont les biens faisaient l’objet d’un arrêté de confiscation par la commission indépendante idoine. Ce refus vaut pour les autres en vertu des règles de la jurisprudence.

Selon les avocats de la défense, les décisions de confiscation n’étaient pas basées sur une argumentation juridique valable.

Le plus piquant dans l’histoire c’est que l’avocat qui annoncé la nouvelle pour s’en réjouir est Mounir Ben Salha qui est précisons-le l’une des nouvelles recrues du mouvement Nidaa Tounés, le parti au pouvoir dont est issu Youssef Chahed, le chef du gouvernement d’union nationale qui mène cette guerre. En Tunisie, l’on n’est pas à une contradiction près.

Du reste, la tâche qui attend le ministre de la Justice, chef du Parquet n’est pas facile. Elle ne sera pas de tout repos. Il lui faut convaincre les magistrats de la pertinence de la guerre contre la corruption. Cette guerre ne peut être menée par le pouvoir exécutif tout seul. C’est à la justice que les affaires doivent atterrir et c’est là qu’elles trouveront leur épilogue.

Sans la mobilisation des magistrats dans la conduite de cette guerre, elle fera long feu. Car ne l’oublions pas les gros requins de la corruption, de la contrebande et des malversations de toutes sortes sont des gens avisés qui ordinairement font tout dans le cadre de la loi mais en prenant bien soin de détourner cette même loi en leur faveur. Ce que l’on a découvert au Port de Radès en est la preuve éclatante.

Les magistrats vont dire le droit et œuvrer à appliquer la loi. C’est leur devoir et nous devons leur faire confiance. Mais ils doivent aussi prendre en considération les intérêts supérieurs de la Nation. Dans cette équation ou c’est l’Etat ou c’est la corruption, ils se doivent de prendre le parti de l’Etat. En tant que pouvoir, ils ont même l’obligation de défendre l’Etat.

Il va sans le dire qu’ils doivent être respectés, que tous les moyens doivent être mis à leur disposition pour qu’ils puissent leur rôle convenablement. L’on sait dans quelles mauvaises conditions matérielles ils peuvent parfois travailler.

Cela n’est plus possible. Leur nombre est aussi insuffisant. De même les émoluments qui leur sont servis ne sont pas à la hauteur des responsabilités qui leur incombent. Ils ne bénéficient pas non plus des droits à leur sécurité et celle de leurs familles qui sont parfois reconnues à d’autres corps moins exposés.

Toutes ces questions doivent être examinées par le pouvoir exécutif et des solutions doivent leur être trouvées. Dans un Etat de droit, tous les pouvoirs doivent converger vers un même et seul but, défendre l’Etat contre tous ses ennemis. La corruption, la contrebande, les malversations de toutes sortes sont des ennemis mortels de l’Etat. Il faut que tous les pouvoirs mènent contre ces maux une guerre sans merci.

RBR

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