Le banditisme pédagogique en Tunisie: histoire d’un collège privé !

Le banditisme pédagogique en Tunisie: histoire d’un collège privé !

C’est une histoire vécue dans une Tunisie sensée être libre où tout citoyen peut y vivre en conservant sa dignité. Il s’agit d’une institution

d’enseignement privé de la banlieue nord de Tunis, qui a tant tiré profit du régime véreux que la révolution a chassé.

De prime abord, les locaux sont cédés gracieusement par la municipalité à un prix symbolique, presque dérisoire pour une institution éducative, qui s’est finalement avérée être à but essentiellement lucratif, car la pédagogie est un mot gâché pour les promoteurs de cette école.

Les enseignants n’ont reçu aucune formation initiale dans la pédagogie, ils sont recrutés suite à un test sommaire par les promoteurs qui ne sont guère du métier, et touchent des émoluments bien en dessous de la fonction publique.

Pas de formation continue, non plus, ni de stages de recyclage aux maintes méthodes modernes d’enseignement, qui je dois l’admettre ont échoué dans le secteur public !

Pas de visite aucune, de la part des inspecteurs pédagogiques relevant du  Ministère de l’Education, seuls garants d’un minimum de qualité, puisque les propriétaires de connivence avec le pouvoir en place, ont toujours refusé ces visites pédagogiques, qui sont obligatoires de par la loi !

Les enseignants, pour la plupart, sont des non spécialistes, recrutés à travers des connaissances interposées ou par complaisance.

De mon expérience au Ministère de l’Education, les parents inscrivaient leurs enfants dans ce collège, parce que tout simplement à l’époque du régime déchu, les élèves sortant de la 9éme étaient automatiquement orientés vers un lycée public de grande renommée de la banlieue Nord.

Une sorte de convention, tacite, imposée au Ministère de l’Enseignement par les affidés de l’ancienne dictature : Leur temps est révolu, hélas pour eux.

Cette institution se réclame d’avoir 100% de réussite aux concours d’entrée aux lycées et collèges pilote, mais a volontairement omis de mentionner que très peu sont admis à ces lycées et collèges : Nuance de Taille ! « Nice Try » dirait un américain ! Cet établissement n’a guère les moyens de ses grandes ambitions déclaratoires.

Bref, cette histoire c’est celle de la maman d'un élève, qui, et au vu du contenu du cahier de classe de son enfant a été révolté. Sans crier gare, la maman s’est adressée, comme il est d’usage dans les établissements publics, à l’enseignante, pour lui faire la remarque, chose qui a fortement déplu à la demoiselle !

L’enseignante a demandé à la dame, par ailleurs issue d’une famille illustre, de s’adresser à l’administration : Même son de cloche, l’administration n’a pas aimé. Une administration dans l'incapacité à prendre un tant soit peu ses responsabilités sur un dossier aussi simple !

Enfin, cette plainte a été rapportée ou paraphrasée, tradition tunisienne oblige, au propriétaire de l’école qui en fut dépité et jura vengeance.

Pour commencer, l’école n’expédia pas à la gente dame la lettre pour la réinscription de son enfant pour l’année scolaire 2011-2012 ! Inscription qui doit être faite, selon leur règlement, en janvier.

Bref, la maman, prise au dépourvu et ne sachant pas ce qui se trame, s’est adressée, en Février 2011, aux services administratifs de l’école, puisque les camarades de classe de son enfant, se sont réinscrits suite à la réception d’une lettre en l’objet, mais elle récolta une réponse négative : « Madame, vous êtes venue trop tard, votre enfant est désormais sur la liste d’attente, vous n’avez pas complété les procédures d’inscription dans les délais (31 Janvier), revenez dans un mois » !

Chose Faite ! Revenez en juin madame ! Chose faite ! Revenez en juillet madame, toujours la même réponse « votre enfant est sur la liste d’attente, revenez en Aout » !

C’est à ce moment que la dame comprit que, par sadisme, l’école voulait lui faire payer l’affront qu’elle leur a fait en critiquant ouvertement leurs méthodes pédagogiques. Des pratiques des anciens délinquants institutionnels que le sang des libres a chassé !

Bref, la lettre n’est jamais parvenue à la dame, car jamais expédiée, et n’a pas pu, encore, inscrire son enfant.

L’enfant est maintenant au bord de la dépression !

Le directeur a confié à une personne qui voulait intervenir, « ...si la maman n’est pas contente de nos services elle n’a qu’à inscrire son enfant ailleurs, dans les établissements publics poubelles, et on le lui fera regretter ! » Il est patent  que le promoteur veut faire subir des supplices moraux à la dame.

C’est ce que PENSE ce promoteur de nos écoles publiques: des poubelles !

Une poubelle, là on touche à la dignité et au dévouement à leur noble métier de 180 000 enseignants et 2 000 000 d’élèves !

Je ne vais pas rouvrir le dossier délicat de la qualité de l’enseignement qui, on l’admet, souffre de plusieurs lacunes, mais qui, toutefois, demeure de loin de meilleure qualité que le privé, hormis l’enseignement primaire qui enregistre de bonne performance grâce au jeu de la concurrence.

Le comble de la lâcheté : se venger d’une mère à travers son enfant, un crime odieux, Hugo ne disait-il pas « …ces deux colonnes saintes, le respect des vieillards et l’amour des enfants » !

Un outrage, cette institution, est figure de proue du banditisme pédagogique, pré et post révolution, une grande honte pour le monde de l’éducation, par ailleurs beaucoup de parents n’ont pas réinscris leurs enfants pour la rentrée scolaire 2011-2012. En outre, plusieurs écoles privées vont ouvrir leurs portes l’année prochaine.

Un haut responsable du Ministère de l’Education scandalisé par l’affaire, me confiait : « C’est une pratique courante, ils (promoteurs privé) se veulent irréprochables et sont en deçà de la loi et leur système est de piètre qualité. La qualité de l’enseignement privé niveau collège et secondaire ne peut s’améliorer que par le biais de la concurrence, à l’instar du primaire ». Je le lui concède.

Pour conclure,  c’est pour vous dire que certains caciques, petits et moins petits, (l'adjectif "grand" ne pourrait que les flatter) font encore la loi dans leur tout petit territoire qui rétrécit comme une peau de chagrin, au fur et à mesure que la démocratie s’installe.

Désormais nul ne peut prendre nos enfants en otage: PluS de place au BANDITISME PEDAGOGIQUE dans une tunisie libre

J’espère que cet appel citoyen ne sonnerait pas creux : Il n'est que temps de réagir.



Farouk Ben Ammar
, Ph.D
Expert en Education