Le secteur de la police et les partis politiques domaines les plus exposés à la corruption, selon une étude de l’Inluuc

Le secteur de la police et les partis politiques domaines les plus exposés à la corruption, selon une étude de l’Inluuc

Pour la deuxième année consécutive, l’instance nationale de lutte contre la corruption avec le précieux appui de la coopération allemande au développement (GIZ), publie une étude sur la perception de la corruption en Tunisie.

Extraits

  1. Image et perception de la corruption :

Image et perception de la corruption Pour la majorité des Tunisiens, la corruption c’est « Donner un pot de vin » (38,5%) ou « donner de l’argent pour régler une affaire dans l’administration » (24,7%).

Malheureusement, la perception est que cette corruption a beaucoup augmenté depuis la révolution. En effet, 87,9% des Tunisiens pensent que la corruption a augmenté (contre uniquement 6,3% qui pensent qu’elle a diminué). Le point positif, est que, même si la corruption est perçue comme en augmentation depuis quelques années, son image reste tout à fait négative (un mal nécessaire) : La corruption est une atteinte à la morale (93,5%), un fléau qui ronge l’administration (90,7%), une infraction (88,5%), un système (87,7%), surtout dans le secteur public (87,4%), une mentalité (82,2%), une habitude (76,6%), un échange de service (70,8%), une nécessité (69,6%) et un commerce fructueux (62,7%), et ce n’est pas passager.

Il est donc important de véhiculer cette image négative dans les futures campagnes de communication/sensibilisation des autorités en charge de la lutte contre la corruption, avec de axes comme : La moralité, l’aspect infraction, la dangerosité/conséquences économiques et sociales. Les Tunisiens sont donc, en théorie, contre la corruption et seuls 15,7% des Tunisiens sont favorables pour donner un cadeau en nature ou rendre un service pour régler une affaire quelconque (contre 11% en 2018). Ce taux est plus élevé pour les hommes, les jeunes et les personnes les plus aisés (généralement plus en contact avec l’administration Tunisienne et/ou avec plus de moyens), qui devraient être les cibles prioritaires des futures campagnes d’information/sensibilisation.

 Mais cette corruption reste souvent nécessaire :

 • 29,7% des Tunisiens ont connu dans leur entourage une situation de corruption au cours de cette année : Principalement : Soudoyer la Police (58,2%) et/ou payer pour avoir des prestations dans les administrations (32,7%).

 • 17% des Tunisiens ont vécu personnellement une situation de corruption au cours de cette année : Principalement : Soudoyer la Police (62,6%) et/ou payer pour avoir des prestations dans les administrations (27,7%).

 • 10,4% des Tunisiens ont vécu entre 1 et 5 situations de corruption au cours de l’année précédente.

  1. Domaines et formes de la corruption :

 Les domaines les plus exposés à la corruption sont (en spontané) : Le secteur de la sécurité (58,2%), la douane (49,6%), le secteur de la santé (41,9%) et les administrations publiques (40,5%). Les domaines les plus exposés à la corruption (en assisté) : Le secteur de la sécurité (90,4%), les partis politiques (89,8%), les administrations publiques (89%), la douane (88,6%), le secteur de la santé (87%), ainsi que tous les autres secteurs (plus que 70%).

Ce sont ces secteurs (principalement publics) qui doivent être considérés en priorité dans les programmes de lutte anti-corruption (avec des actions/réformes adaptées à chaque secteur et à ses spécificités) et dans la mise en place d’actions terrain (formation, sensibilisation, gouvernance, contrôle et répression). Pour la majorité de Tunisiens, la corruption n’est globalement pas acceptable: Entre 70 et 80% des Tunisiens sont contre et/ou refusent de payer pour que certains services leur soient rendus ; sauf quand le citoyen y est obligé : Entre 10% et 30% approuvent et/ou le feraient s’ils y étaient obligés. Ces taux « d’acceptabilité » de la corruption sont plus élevés, encore une fois pour les hommes, les jeunes et les personnes aisés, déjà identifiés comme cibles prioritaires des futures campagnes d’information/sensibilisation. La corruption n’est également pas acceptable car elle n’a que des effets négatifs sur l’économie, la société et le pays (pour près de 80% à 90% des Tunisiens) : Notamment sur la valeur du travail et/ou du mérite, sur les valeurs des diplômes, sur la cohésion sociale, sur l’image et la crédibilité de l‘administration, sur les finances de l’Etat, sur la propagation des crimes et du terrorisme ainsi que sur le pouvoir d’achat du citoyen. Paradoxalement, seuls 30,9% des Tunisiens dénonceraient la corruption, et ce faible taux est principalement dû à la faible confiance dans le système, et au désarroi des Tunisiens qui pensent que la corruption est devenue banale (et même parfois nécessaire). Seuls 10% ont peur des conséquences en cas de dénonciation.

  1. Motivations liées à la corruption :

 Il est important de noter que les principales causes qui poussent à la corruption en Tunisie sont liées aux procédures administratives souvent compliquées et peu transparentes, à la situation matérielle et financière assez précaire des fonctionnaires ainsi qu’à l’absence de l’application des lois, les faibles contrôles et la quasi-impunité des personnes ayant commis des infractions. En effet, ce qui pousse les personnes au sein de l’administration tunisienne à accepter la corruption c’est principalement : Le non-respect de la loi (56,2%), le manque de transparence (44,5%), le manque de contrôle (20,2%) et le manque de volonté politique pour lutter contre la corruption (20%). Ce qui pousse un agent administratif à accepter un pot de vin c’est principalement : L’âpreté matérielle (43,9%), l’absence de morale (33,7%), la situation matérielle défavorable (31,4%), l’absence d’éthique professionnelle (22,6%) et le sentiment d’injustice sociale (21,8%). Ce qui pousse le citoyen à accepter la corruption c’est principalement : Pour accélérer les procédures (50,1%), pour bénéficier d’un avantage dont il n’a pas droit (30,8%) et échapper aux sanctions (27,7%).

Rapport : http://www.inlucc.tn/www.inlucc.tn/fileadmin/pdf/pdf/Etude_Perception_Corruption_Publiable.pdf?fbclid=IwAR0k-7DJ3FEfBdQOPqvH_vVIx1V6a4NcRXevBLNiKSYDYZdK53zWYXAdSjE

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