Néji Jalloul: les raisons qui ont précipité son limogeage

Néji Jalloul: les raisons qui ont précipité  son limogeage

 

Le limogeage surprise de Néji Jalloul du ministère à la tête duquel il comptait rester jusqu’en 2019, un jour du 1er mai qui coïncidait avec la fête du travail lui restera longtemps au travers de la gorge. Il pense avoir été trahi par le chef du gouvernement avec qui il s’est entendu pour un éventuel départ à la fin des examens scolaires. Il ne comprend pas cette précipitation à moins que ce ne soit « une offrande »  à Lassaad Yacoubi et à la centrale Syndicale.

Un coup de poignard porté dans le dos ! Y a-t-il eu un accord tacite entre le gouvernement et l’UGTT ? Même si la centrale syndicale a démenti dans un communiqué les informations selon lesquelles un accord aurait été conclu entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed,  et le secrétaire général de l’UGTT  Nouredine Taboubi pour limoger Néji Jalloul, tout laisse à croire que les deux parties se sont entendues pour débarquer le ministre de l’Education, devenu trop encombrant pour les uns et les autres. D’ailleurs, au cours de son allocution le 1er mai devant les trois présidents, Taboubi n’a pas manqué de saluer la décision de limogeage de Néji Jalloul avant le coup d'envoi des examens nationaux avant de féliciter les enseignants pour leur persévérance à défendre leur dignité.

Mais pourquoi maintenant et non après les examens comme convenu ? Les choses ont commencé à se précipiter  avec la présentation du projet de loi sur la réconciliation économique et financière. Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile ont fait montre d’une opposition farouche contre l’initiative présidentielle, y compris deux partis de la coalition gouvernementale, Al Joumhouri et Al Massar. Même le grand allié Ennahdha a fait savoir qu’il est contre le projet dans sa forme actuelle et a appelé à l’adapter au processus de la justice transitionnelle et à la constitution.

A son tour, l’UGTT a déclaré dès le début être contre cette forme de réconciliation. Son poids est très important en ces temps de crise. Etant signataire du « pacte de Carthage », elle n’a pas manqué de critiquer, parfois, avec véhémence certains choix du gouvernement. Il fallait donc l’avoir à ses côtés, du moins la neutraliser  pour ne pas la voir contre l’initiative du président de la République. Un accord aurait été trouvé pour sacrifier Jalloul  contre la non opposition  au projet de réconciliation. La centrale syndicale aurait, également, promis de contribuer  à calmer la colère dans les régions.

Les choses ses sont précipitées dimanche dernier. L’UGTT aurait même fait savoir qu’elle ne serait pas présente à la cérémonie de la fête de travail si Néji Jalloul n’était pas débarqué. Le président de la République s’est alors entretenu avec le chef du gouvernement sur cette question et un conseiller de la présidence aurait contacté Jalloul pour le convaincre de démissionner avant qu’il ne soit limogé. Rien n’y fit. Le couperet est tombé et le ministre de l’Education a été sacrifié.

Entre-temps, Youssef Chahed a contacté le président du mouvement Ennahdha pour le sonder. Ce dernier aurait donné son accord. Il faut dire que Néji Jalloul a commencé à déranger jusqu’aux siens. On se rappelle son opposition à la cooptation de Youssef Chahed à la tête de Nidaa Tounes. Il a fait savoir qu’il était contre les « recrutements » tous azimuts au sein du parti qui l’a lâché au bon moment. Même Ennahdha et son président sur qui il comptait beaucoup lui ont retiré, sans le dire ouvertement, leur soutien en ces moments difficiles et on n’a pas entendu de voix s’exprimer pour  répondre aux revendications des syndicats de l’enseignement pour obtenir le départ du ministre de l’Education.

Pour le moment, Jalloul  prend sa peine en patience. Il réfléchit à son avenir politique. Il ne compte pas s’exprimer sur cette question avant sa rencontre prévue avec le président Béji Caid Essebsi. Mais il est profondément déçu et triste pour l’UGTT et pour le pays. Car, son limogeage risque d’affaiblir le chef du gouvernement et d’écorner le prestige de l’Etat.

B.O.

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