Tunisie- Chine : Rapprochement opportun alors que les relations avec l’Union européenne ont connu de forts remous en 2023.

Tunisie- Chine : Rapprochement opportun alors que les relations avec l’Union européenne ont connu de forts remous en 2023.

 

Commentant la visite en Tunisie du ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, le journal français de référence Le Monde souligne que « La Tunisie, pays traditionnellement proche de l’Europe et des Etats-Unis, représente un fort potentiel pour les « nouvelles routes de la soie » chinoises, initiative à laquelle elle a adhéré en 2018. » Selon le journal, Pékin a notamment des visées sur le port de Bizerte et a manifesté son intérêt pour un projet de port en eau profonde à Enfidha (au sud de Tunis), mais aucune décision n’a été prise à ce jour par le gouvernement tunisien.

Au-delà des infrastructures, construites dans le cadre de la coopération entre Tunis et Pékin, « la stratégie d’influence chinoise s’est étoffée ces dernières années avec l’ouverture d’un Institut Confucius à Tunis en 2018. Et bien que les échanges entre la Tunisie et la Chine demeurent moins denses qu’avec d’autres pays du sud de la Méditerranée comme l’Algérie, le Maroc ou l’Egypte, où Pékin a entrepris de vastes programmes d’investissements, la volonté de rapprochement est manifeste ».

Et d’ajouter : « Le géant d’Asie est aujourd’hui le quatrième partenaire commercial du pays derrière la France, l’Italie et l’Allemagne. Le déplacement de Wang Yi a aussi pour but de « confirmer les orientations de la politique étrangère du pays fondées sur la diversification des partenaires et l’ouverture vers de nouveaux espaces », a fait savoir le ministère tunisien des affaires étrangères dans un communiqué en amont de la visite.

« Un rapprochement d’autant plus opportun que les relations entre la Tunisie et ses partenaires traditionnels de l’Union européenne ont connu de forts remous au cours de l’année 2023. Elles ont été marquées par des désaccords sur le rôle de la Tunisie dans le contrôle migratoire de sa frontière maritime, et ce malgré la signature du mémorandum d’entente au mois de juillet, et l’impasse dans les négociations d’un accord avec le Fonds monétaire international, auquel sont conditionnés les 900 millions d’euros d’aides européennes promises en juin », écrit-il encore.

Le quotidien cite Oussama Dhiab, chercheur en science politique et enseignant de mandarin à l’université de Carthage pour qui « Avec les blocages de l’Union européenne, la Tunisie a besoin de trouver de nouveaux alliés avant d’avoir une certaine balance entre les puissances. Elle a besoin de diversifier ses partenaires ».

Il rappelle que, fin décembre, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’était lui aussi rendu dans la capitale tunisienne, prônant un renforcement de la coopération dans les domaines « de l’agriculture, les céréales, l’énergie, le tourisme, la coopération culturelle et scientifique et les échanges étudiants ».

Il a aussi promis une augmentation de l’approvisionnement en céréales pour Tunis alors que ce dernier a triplé ses importations d’hydrocarbures depuis la Russie en 2023. « Même si les visites coïncident, Oussama Dhiab tempère fortement l’idée d’un virage vers l’est.

« Les élites politiques et les acteurs économiques sont fortement intégrés dans l’économie méditerranéenne avec la France et l’Italie.
La Tunisie ne peut pas se réorienter si facilement », assure-t-il. Selon lui, le développement de ces partenariats sert de « menaces politiques ». Kaïs Saïed, explique-t-il, « a besoin d’alliés forts pour dire aux Européens : “Si vous n’acceptez pas notre souveraineté, nous pouvons opter pour d’autres orientations.” », conclut-il.

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