Tunisie: La situation financière actuelle du pays est très critique

Tunisie: La situation financière actuelle du pays est très critique

En Tunisie, le taux d’abstention record au dernier tour des législatives, près de 90%, témoigne du désintérêt croissant des Tunisiens pour la politique. Préoccupés par les pénuries, les Tunisiens ne sont pas allés voter.

En ce début d’année, l’attention des 12 millions de Tunisiens, qui ont vu leur pouvoir d’achat dégringoler avec une inflation supérieure à 10 % et endurent des pénuries de denrées subventionnées (lait, sucre ou huile), est ailleurs. 

Les pénuries de produits de première nécessité se sont multipliées et l'inflation a dépassé les 10 %, tandis que la croissance restait anémique, (autour de 1,8 % en 2022, selon le gouvernement).

Motif d’inquiétude supplémentaire: des négociations avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, clé d’autres aides étrangères, piétinent depuis des mois.

2023 va être une année compliquée si on n'a pas d'accord avec le Fonds. 

Après une année 2022 éprouvante pour les Tunisiens, aussi bien sur le plan politique qu'économique, 2023 ne s'annonce pas plus simple.  

Ce qui a amené l’agence américaine Moody’s à dégrader samedi d’un nouveau cran la note de la dette à long terme du pays, jugeant « plus élevé » le risque d’un défaut de paiement.  

Le blocage des pourparlers viendrait de désaccords entre le président Saied et son gouvernement sur le programme soumis au FMI en échange de son aide.

Le chef de l’État hésite à adopter des mesures impopulaires comme la levée des subventions sur les produits de base et une restructuration des entreprises publiques surendettées et aux effectifs pléthoriques.

Eneffet, selon la Loi des Finances pour l’année 2023 : les dépenses de l’État au titre des subventions devraient dépasser les 11 milliards de dinars en 2023 en raison notamment de l’augmentation des prix de certains produits de base comme le blé provoquée par l’invasion russe en Ukraine.

La subvention effective de l’Etat s’élève à 11 751 MTND et se détaille comme suit:


 

Les entreprises du secteur privé seront mises à contribution pour remplir les caisses de l'Etat : les taux d'imposition seront unifiés à la hausse avec la disparition du taux à 10 % au profit de ceux à 15 % et 35 %, tandis que la contribution sociale de solidarité (CSS) qui leur est applicable augmentera. 

Un impôt sur la fortune immobilière sera aussi créé, la TVA pour certaines professions libérales sera relevé de 13 à 19 %. Les dépenses colossales de l'Etat, en revanche, ne baissent pas. Elles vont même progresser de 14 % à près de 54 milliards de dinars. 

Depuis douze ans, il n’y a pas d’horizon, nous passons notre temps à nous accuser les uns les autres et le pays coule. Actuellement, le pays est techniquement en faillite avec chute du pouvoir d’achat et un risque très élevé de l’effondrement du dinar.

Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l'Ordre des Experts Comptable de Tunisie

Votre commentaire