Tunisie : Une Révolution verte et salvatrice !

 Tunisie : Une Révolution verte et salvatrice !

Les produits de base importés par la Tunisie sont constitués principalement de céréales, d’huile alimentaire et de sucre. Ces produits pèsent plus d'un milliard de TND dans le déficit chronique de notre balance commerciale !

Ces denrées peuvent être produites localement.  Pour se faire, la terre arable ne manque pas, mais ce qui manque c’est un apport  hydrique substantiel  afin d’augmenter significativement les rendements et d’éliminer les écarts de production inter-campagnes.

Les produits à 100 % importés  peuvent être produits aussi sur nos terres : Maïs, Soja et betterave à sucre dont les sous-produits sont très utiles : pulpe pour le bétail et mélasse pour la production  de levure !

Ceci entrainerait  une extension des terres cultivables régulièrement tel que la mise en culture des superficies arables du centre du pays et qui sont d’habitude mises en jachère lors des années sèches.

Quant à l'effet d'entrainement sur le développement socio-économique, par leur production à l'échelle locale, il est incommensurable : plein emploi des facteurs de production dans le secteur agricole et des industries alimentaires, repeuplement de nos campagnes, tarissement des sources de l'émigration clandestine vers l'Europe voisine,  arrêt de l'avancé du désert... Il s'agit en fait d'une mue  du pays tout entier !

Les besoins de ces apports d’eau sont déterminés par rapport à nos latitudes selon l’empreinte hydrique des dits produits,  comme suit :

A-    Amélioration des rendements  par une irrigation d’appoint :

Denrées          Eau nécessaire(a)       Q importé (1)       Apport hydrique (5)

Blé Dur              2 550 m3/t                440 000 t                1 122 Mm3

Blé Tendre         2 250  m3/t              1 000 000 t              2 250 Mm3

Orge                 3 810 m3/t               430 000 t                 2 020 Mm3

S.Total  Grains                                                                  5 392 Mm3

Huile d’olive      43 800 m3/t              160 000 t(2)              7 008 Mm3

Apport hydrique au titre d’amélioration des rendements…     12 400 Mm

B – Nouvelles cultures par irrigation, en substitution des importations :

Denrées        Prod locale   Eau (b)  Rdt/T/ha  Emblavure  Aprt hydrique

                   En mille t(c)

Maïs                  650         5 750        4        162 500        934 Mm3

Soja  (3)           330         6 370        3        110 000       700Mm3

Btrve à sucre(4) 2 450      6 500       4        612 000       3 981Mm3

Apport pour les nouvelles cultures            884 500      4 615 Mm3

Besoins en eau de sources non conventionnelles :      17 015 Mm3

Ainsi pour atteindre l’autosuffisance alimentaire de notre pays pas moins de 17 Km3 d’apport hydrique supplémentaire et de source non conventionnelle sont nécessaires pour cultiver nos terres  en vue de combler notre  grenier. Cet apport peut être fourni par la technique de cogénération d'électricité verte et d'eau dessalée par les Centrales à Concentrateur Solaire ( CSP) à installer sur nos cotes en coopération avec la Communauté Européenne sur la base d'un échange équitable : Eau Versus Électricité !

Ceci est devenu à porté de main à condition d'instaurer un partenariat gagnant/gagnant d'avec nos voisins de la rive nord. En effet notre quête pour de tel apport d'eau n'a d'équivalent que la quête des pays européens pour une électricité verte.

C- Le projet TuNur  pourra-t-il être mis à contribution ?

Le processus de cogénération promu par Desertec est déjà au point, et s’il est adopté par TuNur, il peut nous fournir déjà 6 milliards de m3 ! En effet selon le directeur Mr, T.Gropp,  de la Fondation Allemande Desertec, promotrice dudit projet :

Un Km² de désert sur lequel s’implante une centrale à concentration solaire (C S P) peut produire 250 million de KWh et 60 million de m3 d’eau dessalée par an’. Comme le projet nécessite 10 000 ha soit 100 km² de notre désert, il est donc possible à ce projet de se rapprocher des côtes, au fin d’utilisation de l’eau de mer pour le refroidissement/dessalement. Il nous épargne ainsi l’usage annuel d’un million de m3 d’eau douce fossile, qu'il compte pomper de la nappe phréatique de son lieu d'implantation projeté: Régime Maatoug.

Cette eau, si rare dans ces contrées désertiques assoiffées, est réservée à l’usage de la consommation humaine. Elle couvrira les besoins de pas moins de  50 000 de nos concitoyens !    Ainsi le projet nous ouvrira la voie royale vers la réalisation des objectifs économiques de la Révolution : l’autosuffisance alimentaire !  Il sera profitable aux deux protagonistes : notre pays en manque d’eau et l’Europe en manque d’énergie ! Aussi l’énergie produite portera le label vert à zéro émission de Co2. En effet la production d’un KW dans les centrales à charbon en Allemagne par exemple, entrainerait l’émission de 1 kg de Co2 !

Ces émissions évitées sont négociables, à 40 Euro la tonne environ, dans une bourse spécialisée dans le cadre de l’accord de Kyoto. Et comme TuNur compte installer 2 000 MW de capacité de production, soit l’équivalent de deux centrales nucléaires, la récolte sera fructueuse : 17 millions de tonnes environ/an en version électricité seul et 25 millions en cogénération !

Compte tenu des besoins en eau de notre économie : 18 km3 par référence au seuil de vulnérabilité fixé par la FAO à 2 000 m3/ha/an, et que si TuNur  change de site et adopte la technique décrite par Mr. Gropp nous fournissant au passage 6 km3, il nous reste à pourvoir 12 Km3.

D- Rôle de  l’Assemblée Nationale Constituante

Il y a lieu d’associer l’ANC, détentrice en dernier ressort de la légitimité pendant cette période transitoire,  à une décision de cette importance capitale pour l’avenir de la Nation, d’autant plus qu’il s’agit de question de souveraineté Nationale sur nos ressources ainsi que notre territoire. La bonne gouvernance et la transparence dans la gestion d’un tel projet doit bénéficier d’un consensus national le plus large possible.

A ce sujet, il est préférable de lancer, sous la houlette de la Troïka, une demande de manifestation d’intérêt à l’échelle international dans des termes simples afin d’ouvrir à la concurrence la réalisation de nos objectifs :

Prestations demandée : fourniture de 18 Km3 d’eau dessalée par l’énergie solaire rémunéré par le CO2 évité. L’électricité produite exportable est répartie 50 % pour le prestataire et 50 % pour la STEG. Les prestataires peuvent faire des propositions techniques de leur choix.  L’occupation des lieux d’implantation sera soumise à l’autorité tunisienne et restera partie intégrante du territoire National.

Qu'est ce qu'on attend pour switcher vers le vert et sortir de ce calvaire de stress hydrique endémique sévissant dans le pays depuis des générations et ouvrir ainsi la voie à un nouveaux mode de coopération poste révolutionnaire rompant avec les usages d’échange inégal désuet et ce au profit de l'humanité toute entière ?

Puisse notre Glorieuse Révolution entrainer la mue de notre Chère Tunisie;  tout en faisant le lit à une économie durable et à une mer Méditerranée, havre de paix pour tous les pays riverains! Amen.

Cheikh Khalifa Mohamed Habib

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(a)   Eau nécessaire à la production d'une tonne et estimé selon l'empreinte de l'eau sous nos latitudes Cf Mekonnen, M.M. and Hoekstra, A.Y. (2010) The green, blue and grey water footprint of crops and derived crop products, Value of Water Research Report Series No.47, UNESCO-IHE.

(b)   Eau ( m3/ha) nécessaire à l’hectare pour la spéculation donnée selon la FAO.

(c) Production locale en substitution des importations en équivalent produit brut.

(1) Moyennes des importations de la Tunisie pour la quinquennale 2005-2009 exprimées en tonne

(2) Importations nettes d'huile végétale,  il s’agit de doubler en fait la production nationale d'huile d'olive.

(3) équivalent grains de soja pour substituer les tourteaux importés.

(4)Betterave à sucre nécessaire pour couvrir la consommation du pays en sucre importé, soit    320 000T

(5)Apport total d'eau dessalée nécessaire aux champs pour couvrir les besoins en denrées alimentaires exprimés en Million de mètre cube.