Youssef Chahed soumis à de fortes pressions

Youssef Chahed soumis à de fortes pressions
 
Depuis sa désignation, Youssef Chahed consulte tous azimuts, reçoit des délégations de partis politiques, des personnalités indépendantes, des représentants des médias nationaux et de la société civile, dans le but de s’assurer un large soutien pour son équipe. Bientôt trois semaines et le marathon continue, sous les yeux scrutateurs des journalistes présents à Dar Dhiafa, à l’affut de la moindre indiscrétion. Et chaque jour nous apporte son lot d’informations, de rumeurs et parfois d’intox pour semer la diversion dans l’opinion publique. Chacun concocte son « gouvernement » comme il l’entend prenant ses désirs pour des réalités et lançant dans la course des candidats tout simplement farfelus.  Et alors que le chef du gouvernement se cantonne dans le mutisme évitant toute déclaration publique, du côté des partis, notamment ceux de l’ancienne coalition, on nous sert la chose et son contraire. Ils mettent la pression sur  Youssef Chahed pour tirer le maximum de profit et de postes pour leurs candidats ministrables. Des déclarations, parfois, mal venues qui prouvent le degré de pressions partisanes auxquelles est soumis le chef du gouvernement désigné.
 
Youssef Chahed doit composer, d’abord, avec son parti Nidaa Tounes et le mouvement Ennahdha qui ne cachent pas leur ambition de prendre part au gouvernement  à hauteur de leur représentativité électorale. Avec en plus des choix bien ciblés pour des ministères précis. Il doit, également, satisfaire les deux centrales syndicale et patronale, partenaires privilégiés du dialogue initié par le président de la République Béji Caid Essebsi autour de son initiative du « gouvernement d’union nationale ». Il doit, enfin, tenir compte des rivalités entre les deux autres partis, l’UPL et Afek Tounes qui ont leurs propres exigences, voulant sauver leurs postes respectifs de quatre et de trois ministères et qui ne sont pas  des moindres. Or, Ennahdha redevenu la première force au sein de l’Assemblée des représentants du peuple avec 69 députés, ne veut plus d’une représentativité symbolique. Il exige même d’obtenir des postes importants conformément à son poids réel. Aux dernières nouvelles, le mouvement de Rached Ghannouchi s’est vu proposer les ministères du Commerce et de l’industrie, des technologies,  et de l’emploi en plus de deux secrétariats d’état. 
 
Trop peu ont jugé certains de  ses ténors qui revendiquent un gros ministère pour son secrétaire général Zied Ladhari, avec un œil sur le ministère de l’agriculture que Nidaa Tounes veut offrir à son porte-parole Abdelaziz Kotti ou à Naceur Chouikh. Alors qu’Afek Tounes veut l'offrir à son SG Faouzi Abderrahman. Il semble dans ce sens que le parti Affek dont le président Yassine Brahim a décidé de ne pas faire partie du prochain gouvernement pour se consacrer à son parti et préparer les prochaines échéances, a accepté l’offre de Youssef Chahed, à savoir le ministère de la femme et celui des affaires locales ou de l'Agriculture, en plus d’un sous ministère, l’UPL de Slim Riahi se montre plus exigeant et ne veut pas céder « ses ministères ». Il revendique un « bon poste » pour son président. Or, la satisfaction des revendications d’Ennahdha ne pourrait se faire qu’au détriment de ces deux partis.
 
Pendant ce temps, Nidaa Tounes s’est contenté de présenter une liste de 55 ministrables sans dévoiler ses intentions. Son directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi, a assuré le 17 août, que les portefeuilles régaliens de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères relèvent du choix du chef de l’État. Mais selon des sources bien informées, au moins quatre ministres de Nidaa dans le gouvernement Essid sont assurés de figurer dans la liste de Youssef Chahed et qui sont Khemaies Jhinaoui, solide dans son poste de ministre des affaires étrangères, Selma Elloumi qui pourrait, également, garder  son fauteuil à moins qu’elle ne soit affectée dans un autre ministère tout comme Anis Ghedira l’actuel ministre de transport qui pourrait revenir à l’équipement comme premier responsable et enfin Néji Jhalloul qui  a déjà clairement affirmé vouloir rester au ministère de l’éducation  pour parachever « sa réforme ».
 
Quant à l’UGTT et bien qu’elle ait exprimé sa volonté de ne pas faire partie du gouvernement d’union nationale, elle tire les marrons du feu en mettant le véto devant certains noms et en cherchant à placer d’anciens dirigeants à la tête de quelques ministères et en premier lieu celui des affaires sociales pour lequel le nom de Mohamed Trabelsi est constamment évoqué. Pour l’UTICA, elle veut être consultée sur les noms des ministres de l’industrie et du commerce notamment.
 
Youssef Chahed dispose encore de très peu de temps pour finaliser la composition de son gouvernement. Face aux exigences des uns et des autres, il pourrait passer en force pour annoncer la formation de son équipe parce qu’il sait très bien que le temps presse et que les défis qui l’attendent sont nombreux.
Brahim OUESLATI

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