55 ans de fraternité et de sécurité : l’histoire secrète des accords tuniso-algériens

Plus d'un demi-siècle de coopération lie la Tunisie et l’Algérie, depuis le Traité de fraternité et de bon voisinage de 1970 jusqu’aux derniers accords militaires de 2025. Entre sécurité partagée, coordination frontalière et inquiétudes publiques sur la transparence, ce parcours historique révèle les défis et les enjeux d’une alliance stratégique entre voisins maghrébins.
Un accord de coopération militaire récemment signé à Alger entre la Tunisie et l’Algérie a suscité inquiétude et interrogations parmi l’opinion publique tunisienne. Le texte, dont le contenu n’a pas été rendu public, prévoit selon des sources diplomatiques la coordination sécuritaire et le partage de renseignements dans les zones frontalières.
Plusieurs voix réclament désormais la publication officielle de l’accord, estimant qu’un engagement de cette nature devrait être soumis au contrôle parlementaire.
Un héritage de fraternité
Cet accord s’inscrit dans la longue tradition des relations tuniso-algériennes. Tout a commencé avec le Traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération signé le 6 janvier 1970 à Tunis par les ministres des affaires étrangères des deux pays, Habib Bourguiba Jr et Abdelaziz Bouteflika, ratifiés par les deux parlements et publié dans le Journal officiel de la République tunisienne (n°14, 13 mars 1970), et dans celui de l’Algérie le 15 janvier 1970. Ce texte fondateur « valable de 20 années renouvelables par tacite reconduction à moins que l’une des deux parties contractantes ne le dénonce par écrit », posait les principes suivants :
Respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale,
Non-ingérence dans les affaires intérieures,
Coopération politique, économique, culturelle et sociale,
Engagement commun pour la paix et la stabilité régionales.
Une coopération sécuritaire renforcée
Depuis, de nombreux accords ont consolidé la coopération bilatérale. Dès 1973, un premier accord sécuritaire permit l’échange d’informations et la surveillance des frontières.
Dans les années 1990, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière a conduit à des protocoles opérationnels, notamment pendant la décennie noire en Algérie.
Après 2011, et les attaques du mont Chaambi en 2013, la coopération militaire s’est intensifiée : patrouilles conjointes, renseignement partagé, opérations coordonnées sur les zones sensibles.
Accord 2025 : entre nécessité et inquiétudes
Le dernier accord signé en 2025 s’inscrit dans cette continuité. Objectif officiel : lutter contre le terrorisme, la contrebande et la migration illégale le long de la frontière saharienne.
Mais pour certains Tunisiens, le manque de transparence soulève des craintes de déséquilibre dans les relations bilatérales et une dépendance excessive sur le plan sécuritaire. D’autres y voient au contraire une réponse stratégique aux crises libyenne et sahélienne.
Fraternité et transparence
Cinquante-cinq ans après le traité de 1970, la relation tuniso-algérienne reste fondée sur la fraternité et la solidarité. Mais dans un contexte de demandes croissantes de transparence, la confiance se nourrit désormais d’informations claires et publiques.
Pour que cette coopération reste un modèle équilibré et respectueux, la Tunisie devra combiner sécurité, diplomatie et communication avec ses citoyens.
B.O avec divers sources
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