85% des Tunisiens pour une plus grande responsabilisation des conseils régionaux

85% des Tunisiens pour une plus grande responsabilisation des conseils régionaux
 
 
La récente insurrection sociale dans l’arrière pays et la descente dans la rue de milliers de chômeurs indignés réclamant l’emploi a relancé le débat sur le déséquilibre régional et sur l’enjeu d’accélérer les réformes sur la décentralisation et la discrimination positive prévues par la nouvelle Constitution.
 
Pour mémoire, c’est pour la seconde fois que la question du déséquilibre entre les régions soit un des principaux facteurs qui ont été à l’origine des insurrections, la première fois a été le soulèvement du 14 janvier 2011. N’oublions pas que c’est toujours dans des régions déshéritées de l’ouest du pays comme Sidi Bouzid, Kasserine, Siliana, Gafsa, le Kef Jendouba, Kebili, Gafsa  et autres régions de l’intérieur, que le plus grand nombre de martyrs est tombé. 
 
De nos jours, le scénario se répète avec des revendications new look. En décembre-janvier 2011, les indignés voulaient abattre le régime en place et jouir de plus de liberté et de dignité. Aujourd’hui, ils protestent contre le chômage, la corruption, la précarité de la vie, l’inégalité des chances et réclament surtout plus d’autonomie pour leurs  régions. La défiance entre les régions de l’ouest et l’administration centrale assimilée au « corridor d’or », le littoral, est désormais à son comble. 
Plaidoyer pour la décentralisation.
 
 Les tunisiens sont impatients de voir les articles prévus par la nouvelle Constitution en matière de décentralisation et de pouvoir local  se consacrer dans la réalité. C’est ce qui ressort du moins d’un sondage d’opinion sur la perception que se fait le tunisien de «l’autonomie de l’autorité régionale». 
 
Concocté par le cabinet Sigma et présenté, jeudi soir (hier), dans le cadre de l’émission Al yaoum Etthamen (8ème jour), ce sondage a été effectué, les 26 et 27 janvier 2016, auprès d’un échantillon de 2010 personnes représentant  toutes les régions et les catégories sociales. 
 
A la question « Etes-vous pour ou contre l’élection du gouverneur, 83% se sont prononcés pour et 16% contre. Le reste (1%) sans voix.  A celle, « seriez-vous pour ou contre l’attribution de la responsabilité de la gestion des ressources matérielles et naturelles aux gouvernorats », les sondés ont répondu à hauteur de 73%pour et de 27%contre, un taux qui dénote, à priori, l’attachement des tunisiens à l’appropriation des ressources naturelles de leur région. Dans leur réponse à la question «Etes vous pour ou contre le fait que le conseil régional soit le seul responsable du développement de sa région », a été à hauteur du fort taux de 85% pour et de 14% contre. Le solde (1%) sans voix. Enfon à la question « quel serait selon vous l’impact sur l’Etat de la délégation de plus de responsabilités et prérogatives aux gouvernorats », 52% des enquêtés estiment qu’une telle initiative contribuerait au développement des régions, 32% considèrent qu’elle aggraverait le déséquilibre régional et 15% pensent qu’un tel projet affaiblirait l’Etat. 
 
La région doit se substituer à la Wilaya
 
Abstraction faite des résultats de ce sondage  lesquels peuvent plaire comme ils peuvent déranger, il faut reconnaitre que le moment est venu  pour mettre fin à la centralisation excessive de l’administration et à consacrer au quotidien le pouvoir local.  Il s’agit entre autres de réhabiliter la région et le village en leur accordant plus d’autonomie. L’appellation «Wilaya», qui signifie loyauté à l’administration centrale, doit laisser la place à celle de «la région» laquelle doit être représentée politiquement par ses élus et disposer de ressources financières propres. Autre chantier à entreprendre parallèlement, il consiste à faire rattraper les régions de l’intérieur et à élaborer, en leur faveur, une véritable stratégie de développement de type « discrimination positive ». Concrètement, l’accent doit mis sur l’intensification de l’investissement public, sur la création de projets structurants, sur la mise en place de zones franches sur les frontières et sur l’institution, à cette fin, d’incitations fiscales et financières.
 
KIM
 

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