Abdelaziz Belkhodja: "Voici pourquoi j'ai choisi le parti de Nabil Karoui"

Abdelaziz Belkhodja: "Voici pourquoi j'ai choisi le parti de Nabil Karoui"

Dans un post qu'il vient de publier sur sa page facebook, l’écrivain et activiste, Abdelaziz Belkhodja, a justifié sa décision d’intégrer le nouveau parti de Nabil Karoui. Voici le contenu intégral de son post :

"Pour ceux qui me le demandent depuis hier, voici pourquoi j’ai choisi d’être dans le parti de Nebil Karoui, le Cœur de la Tunisie : C’est un mafieux, Berlusconi, il ne paye pas ses taxes, la Haica a interdit sa chaîne » etc. Bon, pour commencer, toutes ces accusations ont été démenties le 18 juin 2019 par tous ses adversaires politiques qui n’ont pas trouvé d’autres moyens pour l’écarter de la course que celui d’une loi d’exclusion. Si NK était un mafieux, il aurait été très facile de le confondre devant la justice. Maintenant que c’est clair, allons-y. 

Pourquoi avoir rejoint Nebil Karoui?
Dans les années 2000 le pouvoir a promulgué une loi autorisant les chaînes TV privée. Bien qu’elle soit taillée pour les amis du régime, NK profite de la brèche pour fonder Nessma. Pour les apparatchiks du régime, il fallait le ruiner avant qu'il ne réussisse à mettre en place sa chaîne TV. Ils ont failli réussir, mais NK s’en est sorti. Beaucoup n’ont retenu de cet épisode que quelques phrases qu’il était obligé de prononcer, mais ils ne réalisent pas alors, l’importance de la chose : le régime avait perdu son monopole sur la communication de masse.

Quelques temps plus tard, alors que je sortais du plateau TV de sa chaîne, NK m’invite à prendre un café et me lance: « tu sais Abdelaziz, le régime dictatorial c’est fini, ils ont ouvert la fenêtre, maintenant, soit ils s’adaptent, soit ils disparaîtrons et à mon avis, ils disparaîtront » c’était en 2009, deux ans avant la chute de la dictature.

Comme nous tous, NK a ses défauts, mais ses qualités, elles, sont bien plus intéressantes. Nebil n’est ni un rentier ni un profiteur, ni un parvenu, il s’est fait tout seul, a alterné faillite et réussite, et fini par mettre en place une organisation efficace gérée par une équipe de fidèles compagnons avec lesquels il a relevé bien des défis. D’abord Nessma, basée sur le concept de la télé familiale, a fini par fidéliser des millions de Tunisiens. Ensuite Khalil Tounes qui a réussi, en 3 ans, à centraliser les dons de milliers de Tunisiens pour les distribuer aux gens dans le besoin, mais Khalil Tounes a fait bien d'autre choses, comme mettre en place de nombreuses navettes médicales pour soigner des dizaines de milliers de démunis et tenter de leur mettre un peu de baume au cœur. A ce propos, lorsque NK parle aux démunis, il commence systématiquement par ces phrases : « Ce que nous vous ramenons n’est pas à moi, c’est grâce à la générosité des Tunisiens que vous recevez ces dons, nous ne faisons que vous les distribuer ».

Bien sûr, lorsque les sondages sont apparus avec lui qui caracole en tête, à 15 points du second, l’occasion était trop belle pour ses adversaire pour lancer des « il utilise la mort de son fils » etc., mais je suis bien placé pour savoir que tout ce qu’il voulait, au début de l’aventure de Khalil Tounes, c’était d’honorer la mémoire de ce fils parti trop tôt. Ça paraît primaire, mais un minimum d’empathie est nécessaire pour comprendre cette motivation. 

Après avoir mis en place Khalil Tounes, la découverte de l’ampleur du malheur des gens l’a convaincu qu’il fallait faire plus pour le pays livré à l’abandon par un État aussi omnipotent qu’inefficace. Et rien n'interdisait alors à NK de switcher vers une aventure politique. 
Le constat de la misère, du malheur et de l’inefficacité de l’Etat, nous l’avons tous fait, mais les solutions de NK et de son équipe pour sortir la Tunisie de ses crises, elles, sont originales, réalistes, osées et brillantes. 

Ce que j’ai vu chez NK et son équipe, c’est de la détermination, des idées, l’envie de guérir les nombreuses plaies de ce pays, mais aussi la conscience d’une mission difficile qui exige une vision, du sérieux, beaucoup d'énergie et une mentalité positive.

Enfin, la Tunisie ne peut pas s’en sortir avec des gens qui sont arrivés au pouvoir par cousinage, copinage ou par défaut ou par jeu partisan, la Tunisie a besoin de gens d’une autre trempe, d’une équipe déterminée, porteuse d'une vision, pleine d'idées et de projets, courageuse, fonceuse, elle a aussi besoin de gens qui se sont fait par eux-mêmes, qui savent ce que c'est que de travailler et de produire. La Tunisie ne manque pas de ces gens-là. Même dans le paysage politique tunisien, pourtant fort décrié, il existe bien des gens de cette trempe et personnellement, je sais qu'ils finiront par s’entendre sur un projet commun.

C’est ce genre de personne que j’ai rencontrées autour de NK, des capacités mais aussi des gens qui ont compris que la réussite n’est pas de se concocter son petit confort mental et matériel à l’intérieur de hauts murs. La réussite que nous voulons est collective, il s’agit d’édifier une nation en faisant de son pays, de son environnement, un endroit où ça travaille, un endroit où il fait bon vivre.
Le Tunisien est bon et intelligent par essence, mais les conditions, abominables, de sa vie de tous les jours font qu’au lieu d’user de son intelligence pour croître, il use de ruse pour s’en sortir. Ce sont ces conditions que nous devons changer, celles de notre environnement et de notre contact avec l’administration qui, au lieu de servir le citoyen, de l’aider à s’épanouir, continue, comme au temps de la colonisation, de l’asservir pour mieux l’exploiter.

Comment y parvenir ? Notre programme le dévoilera en temps voulu. En attendant, les bonnes volontés sont les bienvenues.
A bon entendeur, salut."

 

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