Aides sociales: En Europe, des travailleurs étrangers recrutés pour de courtes durées cotisent sans en bénéficier

Aides sociales: En Europe, des travailleurs étrangers recrutés pour de courtes durées cotisent sans en bénéficier

Les migrants qui viennent en Europe pour travailler ponctuellement sont exclus des aides sociales. Ces travailleurs étrangers, employés notamment dans l’agriculture ou le bâtiment, cotisent pourtant pour l’assurance chômage, la sécurité sociale ou encore la retraite.

Ils sont des milliers à venir travailler légalement en Europe pour récolter nos tomates ou nos fraises ou encore pour la construction de nos bâtiments. Ces étrangers sont saisonniers : ils ne restent que quelques mois dans un État européen - la durée nécessaire pour que le travail soit effectué - et retournent dans leur pays.

Pendant cette période, ces travailleurs cotisent pour les aides sociales du pays qui les accueille : assurance chômage, sécurité sociale ou retraite. Pourtant, dans la plupart des cas, ils ne peuvent pas en bénéficier.

C’est ce que révèle un rapport de l’Institut syndical européen (Etui), repéré par le site internet Toute l’Europe, qui a analysé les systèmes d’aides sociales dans 26 États membres de l’Union européenne (UE).

De manière générale, en Europe, il faut vivre depuis au moins un an dans un État pour être éligible aux prestations sociales.

En Allemagne, par exemple, les travailleurs saisonniers ont droit à un plein accès à la sécurité sociale uniquement si leur emploi s’étale sur 102 jours par an (environ cinq mois). À Chypre, pour que les ressortissants de pays tiers bénéficient d’allocations familiales, ils doivent y résider depuis au moins cinq ans. De fait, les travailleurs saisonniers sont exclus de ces prestations.

Vulnérabilité et exploitation

Pour les chercheurs, "le statut de migrant de courte durée est parfois utilisé comme base d’exclusion de la couverture et des droits de sécurité sociale".

Les travailleurs migrants peuvent être amenés à enchaîner plusieurs emplois saisonniers dans différents pays de l’UE. Une mobilité qui rend leur accès aux droits encore plus compliqué. En effet, chaque État européen a ses propres règles. Difficile donc pour ces étrangers de s’y retrouver.

>> À (re)lire : Royaume-Uni : 45 000 visas pour les saisonniers étrangers afin de rassurer le secteur agricole

Et même s’ils bénéficient d’une couverture sociale à laquelle ils ont cotisé, les étrangers font face à d’importantes difficultés pour y accéder lorsqu’ils quittent l’UE, rapporte Toute l’Europe. "Les migrants qui déménagent à l’étranger sont donc susceptibles de perdre l’accès à certaines prestations, comme la prise en compte de leur temps de travail dans le calcul de leur retraite par exemple", peut-on lire sur le site.

Les travailleurs saisonniers subissent une discrimination, alors même qu’ils occupent la plupart du temps des emplois reconnus comme pénibles (bâtiment, agriculture). Ces différences de traitement renforcent leur vulnérabilité. "Certains types de vulnérabilité facilitent l’exploitation à court terme des travailleurs migrants et rendent leur situation précaire", déplore le rapport.

 

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