Après des dizaines d'années de sacrifice, 12 enseignants privés de salaires depuis des mois

Après des dizaines d'années de sacrifice, 12 enseignants privés de salaires depuis des mois


Douze enseignants de l’enseignement  primaire, qui viennent de partir à la retraite après avoir consacré leur vie à la formation des enfants, dans le gouvernorat de Bizerte, se disent victimes d’une injustice sociale accompagnée d’un sentiment d’impuissance et de déception.

Ces enseignants réclament, depuis plus de deux mois, le payement de leurs salaires des mois d’octobre, novembre et décembre, et se trouvent dans une situation indigne d’un enseignant qui a passé toute sa vie dans l’éducation de nos enfants.

Ayant le titre de "maître appliqué hors classe", après avoir passé une carrière d'une trentaine d’années dans le secteur, ces enseignants avaient eu leur note de retraite, en octobre, novembre et décembre dernier, mais jusqu’à ce jour, ils n’ont pas encore eu leurs honoraires. Pire encore, on les a privés de tous leurs droits sociaux.

Appeler ces enseignants à la patience ? Ce n’est pas suffisant, car ces derniers n’ont eu aucun signe de réconfort ou d’espoir de la part des autorités concernées qui, selon eux, leur ont tourné le dos, en se souciant comme d'une guigne de leur situation scandaleuse.

Contacté par Espace Manager, le commissaire régional de l’éducation de Bizerte a indiqué que, selon la loi, il n’a pas le droit de verser les salaires à ces enseignants qui ne sont pas sous la responsabilité du ministère de l’Education, dès l'instant qu'ils ont reçu la décision de leur retraite.  

Donc où se situe  le blocage ? Pour le commissaire, le blocage se situe au niveau de la CNRPS qui attend toujours le visa du Premier ministère. De son côté, la CNRPS indique que même si elle reçoit le visa, elle ne va pas effectuer  le versement car le titre de ces enseignants (maître appliqué hors classe) n’a pas été publié dans le JORT et qu’il faut avoir, dans ce sens, une base juridique pour bénéficier de ce grade.

Pauvres enseignants! Entre le ministère de l’Education, qui renvoie la balle à la CNRPS qui, à son tour, la balance au Premier ministère,  les enseignants ne savent plus où donner de la tête. Ils courent les rues, mendient auprès de ces 3 institutions depuis des mois pour avoir leurs droits et quitter définitivement l'administration tunisienne. En vain !

Entre-temps, des familles sont en train de payer l’irresponsabilité des autorités, tout d’abord du ministère de l’Education nationale qui n’a pas su récompenser ses propres fils pour toutes ces années de sacrifice passées au service du secteur. Ici, il y a lieu aussi de se demander, où est le syndicat qui se permet de lancer des grèves, pour des revendications, parfois banales, alors que face à une injustice sociale aussi scandaleuse, il fait profil bas.

Quant aux enseignants victimes qui ont consacré leur vie à l'éducation des mômes, ils se sentent livrés à eux mêmes. Pire même, ils ont le sentiment d'une certaine banalisation de cette injustice sociale évidente.

En tout cas, la grogne se poursuit chez ces enseignants qui n’ont pas pu profiter de leur retraite jusqu’à l’heure où nous publions ces lignes.