Assemblée de l'ONU : Trump menace les pays votant contre sa décision sur Al-Qods

Assemblée de l'ONU : Trump menace les pays votant contre sa décision sur Al-Qods

 

À la veille d'un vote à l'Assemblée générale des Nations unies sur le statut d’Al-Qods, le président américain Donald Trump a lancé une sévère mise en garde aux pays tentés de voter jeudi une résolution condamnant la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d'Israël, menaçant de couper des financements américains.

«Nous prenons note de ces votes», a-t-il lancé à la Maison-Blanche, dénonçant «tous ces pays qui prennent notre argent et ensuite votent contre nous au Conseil de sécurité». Dans cette dernière enceinte, Washington avait mis lundi son veto à la condamnation de la décision de Donald Trump du 6 décembre qui avait provoqué colère et manifestations dans le monde musulman.

Ce qui n'avait pas empêché les États-Unis de subir un échec diplomatique retentissant avec l'approbation du texte par ses quatorze partenaires, dont ses principaux alliés européens, France et Royaume-Uni en tête.

Un nouveau vote est prévu jeudi à partir de 16 heures (HT) à l'Assemblée générale, qui compte 193 pays membres. Les résolutions n'y ont cependant pas de valeur contraignante et il n'y a pas de droit de veto. «Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous», a tempêté Donald Trump ce mercredi à l'occasion d'une réunion en présence de l'ensemble de son cabinet.

«Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal», a-t-il ajouté. Plusieurs ambassadeurs tablent sur un score oscillant entre 165 et 190 votes pour. «Si c'est 130, ce serait mauvais», précise l'un d'eux sous couvert d'anonymat.

Lundi, l'ambassadrice américaine Nikki Haley qui n'avait guère fait de lobbying auprès de ses partenaires pour qu'ils s'abstiennent avait montré un visage menaçant. Ce vote «est une insulte que nous n'oublierons pas», avait lancé le regard noir celle qui a rang de ministre dans l'administration américaine. Mardi, elle a été encore plus loin à propos du vote attendu à l'Assemblée générale des Nations unies: tweet, email, lettre... «Le président (Donald Trump) observera attentivement ce vote et il a demandé que je lui signale les pays qui auront voté contre nous», a écrit la diplomate par lettre ou email aux membres de l'ONU. Et «nous prendrons note de chacun des votes sur cette question»

. Un tweet rageur de Nikky Haley était posté dans le même temps. «À l'ONU, on nous demande toujours d'en faire plus et de donner plus» et «nous ne nous attendons pas à ce que ceux que nous avons aidés nous ciblent». Jeudi, «les États-Unis noteront les noms».

Ces saillies, reprises ce mercredi par Donald Trump, ont sidéré nombre de diplomates onusiens. «Ce n'est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes», a confié un ambassadeur asiatique sous couvert d'anonymat. «On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B», renchérit un homologue d'Amérique latine. Avec ces pressions, «les États-Unis peuvent avoir une dizaine d'abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter», estime un troisième ambassadeur, cette fois d'Europe.

Ce mercredi, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki, qui sera présent à l'ONU pour le vote, a vivement dénoncé les «menaces» et «intimidations» de Washington. Son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, s'est aussi insurgé. «Le monde a changé. La logique du “Je suis fort, donc j'ai raison” a changé. Désormais, le monde se soulève contre l'injustice. Désormais, aucune nation qui a de l'honneur, aucun État qui se respecte ne courbe l'échine face à ce genre de pressions», a déclaré le ministre turc dont le pays est allié des États-Unis à l'Otan.

La résolution à l'Assemblée générale, proposée par le Yémen et la Turquie, souligne que toute décision sur le statut de Jérusalem «n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée». Le texte rappelle toutes les résolutions adoptées par l'ONU ayant trait à la colonisation de territoires palestiniens et soulignant que Jérusalem doit faire partie d'un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens.

Avec deux votes successifs au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale, les Palestiniens tentent de peser dans un futur plan de paix même si le crédit des États-Unis comme médiateur est sérieusement écorné, indique un diplomate.

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