Assurance en Tunisie: un secteur en croissance
Le secteur des assurances tunisien est sur le chemin de la croissance. En effet, il attire depuis 12 mois à la fois
les prises de participation et les investissements immobiliers et bénéficie, pour la première fois, d'une participation étrangère active.
En octobre 2008, la Société tunisienne d'assurances et de réassurances (STAR), la plus grande compagnie d'assurance de Tunisie, a été partiellement privatisée à la suite d'une transaction d'une valeur de 72 millions d'euros, dans le cadre de laquelle 35% du capital et des droits de vote de la société tunisienne ont été achetés par le Français Groupama. STAR, précédemment une des deux sociétés publiques du secteur des assurances tunisien, est actuellement la numéro un du marché dont elle détenait 26.9% en 2006 et elle fournit un quart de toutes les primes d'assurance du pays
L'arrivée sur le marché tunisien d'une société étrangère aussi importante que Groupama est un événement majeur pour le secteur. La part du secteur de l'assurance constitue actuellement environ 2% du produit intérieur brut (PIB) tunisien, un chiffre bien en deà des 8% de moyenne que l'on trouve dans les économies développées. De la même façon, les assurances-vie ne représentent que 10% du marché, alors que les assurances-automobile se taillent la part du lion avec 43% des primes et 54% des réclamations, ce qui nuit aux résultats du secteur
Or, malgré la prédominance du segment automobile, les assureurs tunisiens ont connu une forte augmentation de leurs profits au cours des dernières années. En effet, les 15.9 millions d'euros de profits enregistrés en 2006 représentaient le triple des profits de 2005, qui étaient de 4.3 millions d'euros. De plus, pendant cette même période, les primes ont augmenté de 12.5%, alors que les réclamations n'ont augmenté que de 9.4
La présence de Groupama favorisera probablement le développement des produits d'assurance qui ne sont pas liés à l'automobile, dans la mesure où le groupe français dispose d'un pouvoir de marketing et de connaissances techniques qui permettront délargir la demande des consommateurs
Le potentiel de la Tunisie dans le domaine de l'assurance n'a pas uniquement été reconnu par Groupama. En juin dernier, le président Abidine Ben Ali a posé la première pierre du premier centre bancaire extraterritorial d'Afrique du Nord, le Port financier de Tunis, qui sera construit dans la Baie de Tunis, au nord de Gammarth. Le projet d'une valeur de deux milliards d'euros est financé par la Gulf Finance House (GFH) basée à Bahreïn et comprendra trois regroupements commerciaux spécialisés, dont un sera uniquement constitué du secteur de l'assurance et, son équivalent qui respecte la charia, la takaful
Le Port financier de Tunis est un projet révolutionnaire pour le pays et, afin de faciliter sa réalisation, le gouvernement a édicté une série de réformes des lois réglementant les centres bancaires extraterritoriaux et les institutions financières. On s'attend à ce que le projet crée 16 000 nouveaux emplois, dont la plus grande partie sera destinée à des personnes hautement qualifiées. « La Tunisie est sans aucun doute une des économies les plus compétitives et les plus enthousiasmantes de la région.
Elle jouit d'une stabilité durable, d'un dossier solide en termes de croissance du PIB, d'un secteur industriel prospère, d'un secteur des services diversifié, d'une infrastructure moderne, ainsi que d'un capital humain qualifié », a déclaré à la presse locale le président de GFH, Esam Janahi, à l'occasion de la cérémonie d'inauguration du projet. « Étant donné sa situation géographique stratégique, le Port financier de Tunis offre une occasion en or à la communauté financière internationale », a-t-il ajout
En créant un centre spécialisé en services d'assurance, le Port financier de Tunis marque un tournant pour l'assurance en Tunisie, un geste renforcé par l'arrivée de Groupama dans le pays, accroît les chances du secteur de bénéficier d'une plus grande participation étrangère et favorise le développement des services et des produits dans le domaine.
Il s'agit notamment de la pénétration de produits plus profitables sur le marché, tels que l'assurance-vie, l'assurance-incendie et l'assurance-transport non automobiles, qui entraînera une forte augmentation de la profitabilité dans le secteur. Étant donné le sous-développement relatif des marchés voisins, le gouvernement espère également qu'une plus grande participation étrangère en Tunisie permettrait au pays de devenir un centre régional d'assurance.