Bac 2016 : déséquilibre entre régions Quelque chose ne va pas bien !

Les sept lauréats du baccalauréat reflètent d’une façon remarquable l’état de la Tunisie mais ils nous interpellent tout autant. Ce sont cinq jeunes filles et deux jeunes hommes. C’est quasiment le taux de réussite des filles en comparaison de ceux des garçons dans tous les cycles de l’enseignement. Partout sur trois réussites deux sont féminines. Cependant c’est un garçon qui est le lauréat toutes sections confondues. C’est toujours l’homme qui finit par réussir le premier laissant la fille derrière. Voyez partout ce sont des hommes qui tiennent le haut du pavé. Quand les femmes sont nommées dans des positions de premier ordre c’est soit parce qu’elles sont de loin les plus compétentes, soit parce qu’il faut bien nommer des filles pour ne pas paraitre misogyne, ce qui est le cas de la plupart des hommes.
Les taux du baccalauréat par régions résument d’une façon presque caricaturale la situation de la Tunisie. A y regarder de plus près on découvre deux Tunisie, celle du littoral et celle de l’intérieur, l’est contre l’ouest. Dans les régions de l’Est les taux de réussite oscillent entre 55% dans le gouvernorat de Sfax et 35% dans celui de Gabès. Ces quinze régions englobent les gouvernorats du grand Tunis, ceux du Sahel, le Cap Bon, Bizerte et Médenine. Tous ces gouvernorats sont au bord de la mer. Dans la seconde catégorie , on dénombre les gouvernorats de l’ouest central(Siliana, Zaghouan, Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine), septentrional (Jendouba, le Kef , Jendouba) et méridional (Tataouine, Tozeur, Kébili, Gafsa). Dans les dernières places on trouve Gafsa et Kasserine. Selon ces chiffres on a deux fois et demie plus de chance d’être bachelier quand on est natif de Sfax (55%) que lorsqu’on est originaire de Kasserine (21%). Ce qui est énorme dans un petit pays comme le notre.
Il est d’ailleurs intéressant de connaitre ces taux qui sont particulièrement révélateurs :
1-Sfax 1 (54.93 %), 2- Sfax 2 (55.23 %), 3- Ariana (47.94 %), 4-Monastir (46.72 %), 5- Mahdia (46.46 %), 6- Sousse (45.14 %), 7- Ben Arous (45.06 %), 8- Tunis 1 (44.15 %), 9- Tunis 2 (41.74 %), 10- Nabeul (43.87%), 11- Médenine (42.06 %), 12- Bizerte (40.73%), 13- Manouba (36.49%), 14- Gabès (35.07 %), 15- Siliana (33.24 %), 16- Zaghouan (33.02%), 17- Kairouan (32.52 %), 18- Tataouine (31.80%), 19- Kef (29.17%), 20- Jendouba (28.20%),21- Béja (27.94%), 22- Sidi Bouzid (27.74 %),23- Tozeur (27.68%), 24- Kébili (24.44 %), 25-Gafsa(23.81%), 26- Kasserine (21.94%).
Depuis l’indépendance on a fait de l’équilibre régional un slogan mais qui est resté malheureusement creux. Dans d’autres pays c’est l’appartenance à une classe sociale qui détermine la réussite dans la vie. Chez nous c’est la région d’origine qui est déterminante car elle résume tous les privilèges ou les tares qui peuvent en découler.
Le lauréat toutes sections est le jeune Adam Kachnaoui, de la série Mathématiques avec 19,77 de moyenne. Il est élève du Lycée pilote de Nabeul. L’un de ses parents serait originaire de Kasserine. Aurait-il eu les mêmes résultats s’il avait fait ses études à Kasserine. La question peut paraitre saugrenue, car il faut bien reconnaitre que dans tous les gouvernorats il y a d’excellents élèves.
Mais il ne faut non plus se voiler la face les résultats du baccalauréat par région nous interpellent. Ils son indicatifs que quelque chose ne marche pas et qu’il faut un surcroit d’efforts et beaucoup de détermination pour que l’équilibre entre régions devienne une réalité. Y compris à l’école.
R.B.R.