Béji Caid Essebsi encense Rached Ghannouchi et enfonce Hamma Hammami

Béji Caid Essebsi encense Rached Ghannouchi et enfonce Hamma Hammami

 

Pendant plus d’une heure, le président de la république Béji Caid Essebsi il s’est prêté aux questions de son interviewer, notre collègue Sofiane Ben Farhat qui n’a pas trouvé meilleur invité pour lancer son émission, sur la chaine Al Watanya 1.

Béji Caid Essebsi, a en effet, parlé comme il ne l’a jamais fait auparavant. Sans être braillard, il a répondu à toutes les questions, même celles qui gênent et dont les réponses pourraient contrarier ou encore prêter à toute forme d’interprétations. Ses déclarations ont pris l’air d’une évaluation de la situation générale du pays, axée essentiellement sur le volet politique. L’interviewer l’a ramené parfois malgré lui à s’expliquer sur ses déclarations données aux journaux la Presse et Assahafa Al Yaum et qui avaient été différemment interprétées. Plus explicite sur certains points, beaucoup moins  sur d’autres, il a distribué des satisfécits pour les uns et réservé des piques pour d’autres. « On ne salait pas l’image du président de la république » a-t-il lancé au porte-parole du front populaire Hamma Hammami, en réponse à ses déclarations dans le journal « le Maghreb ». Car, indépendamment de la personnalité de la personne qui occupe la plus haute fonction de l’Etat, il représente le pays et il est le garant de sa souveraineté. « Moi, j’ai été élu par un million 700.000 voix, et lui par quelques milliers-t-il asséné ». Usant souvent de versets du Coran pour corroborer ses dires ou répondre à se adversaires, Béji caid Essebsi a cité le verset 6 de la Sourate de la Sourate «  Les Appartements »( Al Houjiourates) qui dit « Croyants ! Si un homme de mauvaise réputation vous apporte une nouvelle qu’on prenne soin, d’abord, d’en vérifier la teneur : vous risquerez, autrement, de causer du tort à des innocents, par inadvertance, ce dont vous auriez ensuite à vous repentir ».

De là à dire que Hamma Hammami est un « homme de mauvaise réputation » il n’y a qu’un pas que le chef de l’Etat a hésité à franchir. Il a même tenu à atténuer le sens du verset. Mais on le sait déjà, il est remonté contre celui qu’il appelait « le chef de l’opposition » qui ne lâche rien. Très critique vis-à-vis du président de la république et du gouvernement, le porte-parole du FP ne cesse d’appeler à des élections anticipées. Samedi dernier il était en tête des manifestants pour appeler à faire tomber le projet de loi sur la réconciliation administrative, pourtant adopté par 117 voix.

Revenant sur ses déclarations concernant le mouvement Ennhdha qui « n’a pas rejoint le club des partis civils », Béji caid Essebsi a tenu à rendre un hommage à son « ami » Cheikh Rached Ghannouchi « pour les grands efforts qu’il a déployés en vue de faire d’Ennahdha un parti politique national ».Il a ajouté que « c’est grâce à lui que la politique d’entente (tawafok) a réussi et c’est pour cela qu’il faut continuer sur cette voie ». Il faut dire que ses déclarations dans les deux journaux de la presse, ont eu l’effet d’une douche froide à Montplaisir et des ténors du mouvement Ennahdha, comme le député et ancien ministre Mohamed Ben Salem, n’ont pas hésité à les critiquer. Qu’cela ne tienne, puisque des dirigeant comme l’ancien chef du gouvernement et actuel député et vice-président d’Ennhdha, Ali Lareyedh ont fait montre de beaucoup plus de délicatesse, ce qui lui a valu un satisfecit de la part du chef de l’Etat. « Un grand militant qui a consenti beaucoup de sacrifices pour la Tunisie », a-t-il dit.

Formé à l’école « bourguibienne » où l’Etat « omnipotent et légitime » est le seul apte à « gérer » les affaires du pays, l’État est, pour lui, l’élément qui fait obstacle à l’anarchie d’un système qui fonctionne mal. C’est pourquoi, il reconnait que « le système politique issu de la Constitution actuelle souffre de plusieurs insuffisances ». C’est un système qui « paralyse pratiquement l’action du gouvernement ». Refusant de se contenter « d’inaugurer les chrysanthèmes », le fin politicien qu’il est a su comment relocaliser le pouvoir à Carthage. C’est lui qui se trouve, pratiquement, derrière toutes les grandes initiatives dont celle du gouvernement d’union nationale qui a amené Youssef Chahed à la tête du gouvernement.

Pour lui, l’Etat a été affaibli par cette multitude d’instances dites indépendantes aux pouvoirs quasiment « absolus » et qui échappent à toute forme de contrôle, « au point de faire fi de l’autorité de l’Etat et des institutions constitutionnelles, y compris le Parlement, le détenteur du pouvoir initial dans le système politique actuel ». Ces instances qui coûtent cher aux contribuables, sont au nombre de cinq dont quatre sont constitutionnelles. Il s’agit de l’instance supérieure indépendante des élections (ISIE), l’instance de la communication audiovisuelle (HAICA), l’instance des droits de l’Homme, l’instance de développement durable et des droits des générations futures et l’instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Par contre, l’Instance Vérité et Dignité n’en est pas une. L’adage populaire «Al azri aqoua min sidou» (le valet est plus fort que son maître), résume bien cette situation abracadabrantesque, selon Béji Caid Essebsi.

Brahim OUESLATI

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