Ben Ali : « Patrie ingrate, tu n’auras pas mes os »

Ben Ali : « Patrie ingrate, tu n’auras pas mes os »

On dit que l’ancien président Ben Ali réfugié avec sa famille en Arabie Saoudite depuis le 14 janvier 2011 est gravement malade et qu’il aurait demandé qu’il soit enterré dans cette terre qui l’a accueilli. Un ancien ministre, parmi les rares qui lui sont restés fidèles et qui l’appelait de temps en temps l’a confirmé. A son tour Mohsen Marzouk, le président de Mashrou Tounes a évoqué la maladie de Ben Ali et a appelé à ce qu’il rentre dans son pays pour y passer ses derniers jours. Chassé du pouvoir, poursuivi par la justice, noirci et réduit à sa scélératesse, il est le mal personnifié pour ces inquisiteurs sans foi ni loi.

L’histoire jugera de ses 23 années passées au pouvoir. Elle l’enfoncera ou l’acquittera. Mais en attendant ce verdict, il y a ces derniers temps comme un air de nostalgie pour les années Ben Ali. On le ressent et on l’entend. Les paroles se sont libérées et les gens n’ont plus peur de dire parfois que la vie sous l'ancien régime était bien meilleure : plus de sécurité, plus de stabilité et moins de cherté de la vie. Tant pis pour les restrictions de la liberté, la chasse aux opposants, la chape de plomb, le banditisme de sa famille et tous les tares vrais ou supposés de son régime. Ces nostalgiques se retrouvent, pour la plupart, dans le Parti destourien libre d’Abir Moussi. Ils sont de simples citoyens, anciens membres des structures de base du RCD dissout, orphelins de Ben Ali et qui n’hésitent plus à élever la voix pour dire tout le bien qu’ils pensent de lui.  « S’il revient, nous serons des milliers à l’accueillir », proclament-ils.

Condamné à plusieurs années de prison dans des dizaines d’affaires, il sait qu’il ne pourra pas rentrer sans être inquiété. A bientôt 83 ans, il ne pense plus revoir un jour cette Tunisie qu’il a quittée pour toujours. Il sait qu’il va mourir loin de ses terres abandonné par les siens. Seul son fils Mohamed Zine El Abidine aujourd'hui âgé de 14 ans, recevra les condoléances dans la villa mise à la disposition de son père par les autorités saoudiennes. Mourir en exil c’est mourir dans l’oubli. Ce qui semble l’avoir affecté le plus c’est l’ingratitude des gens, les plus proches, ses anciens collaborateurs…

Il serait même inspiré d’écrire sur sa tombe cette phrase que le célèbre général romain, Scipion l’Africain, fit graver sur la sienne, « patrie ingrate, tu n’auras pas mes os ».

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