Borhène Bsaies, le nouvel homme fort trace l’avenir du Nidaa

Borhène Bsaies,  le nouvel homme fort trace l’avenir  du Nidaa

 

A peine nommé à Nidaa Tounés et chargé du dossier politique, Borhène Bsaies ne pouvait trouver meilleure rampe de lancement que l’émission dominicale de Samir el-Waf sur « El-Hiwar Ettounisi ». Alors l’homme des médias s’en est donné à cœur joie donnant l’étendue de son talent de communicateur politique et l’ampleur de la mission qui lui est dévolue et qui semble immense. Ainsi, il a dit ce qu’il voulait dire sans se laisser entraîner sur la pente glissante que certains des autres invités cherchaient à l’y engager. Ainsi pas un mot sur son passé politique, ni ses accointances avec le POCT d’extrême gauche marxiste léniniste, si ses sympathies panarabes en flirtant avec le RSP de Néjib Chabbi et encore moins ses relations avec le président de l’UPL, Slim Riahi à qui il avait conseillé de faire main basse sur le Club Africain, les couleurs qu’il a toujours défendues.

Borhène Bsaies était venu donner la nouvelle image de Nidaa Tounés et aucun ne pouvait l’en distraire. A l’entendre le parti fondé par Béji Caïd Essebsi- qui continue à jouir dans les sondages de la première place en raison de sa proximité avec le Chef de l’Etat, estime-t-il- est la chance de la Tunisie et l’élément fondateur de son présent et de son avenir. Finis les morcellements, les divisions, les querelles de chapelle, les conflits de leadership. Comme par enchantement on se retrouve devant un parti soudé, avec une direction légitimée par tous, des idées claires et une route toute tracée.

Alors qu’il n’a qu’une position floue de « chargé du dossier politique », l’interlocuteur de Samir el-Wafi paraît être l’homme à tout faire du parti, sinon l'homme fort du parti. La ligne politique c’est lui, puisqu’il situe Nidaa Tounés dans la lignée du mouvement de libération nationale. L’affluent destourien prend à l’entendre le dessus sur les autres composantes. D’ailleurs c’est le parti destourien libre (d’Abir Moussi) qui est, selon lui, le plus proche et avec lequel il compte coopérer étroitement. Les grands choix c’est encore lui puisqu’il préconise « une évaluation globale » de la relation avec Ennahdha et prévoit déjà la rupture de la « l’entente » entre les deux mouvements mise en place au lendemain des élections de 2014.

Attendu sur deux questions que posent le microcosme politique et les salons du Tout Tunis, celle de sa relation avec le directeur exécutif du parti Hafedh Caïd Essebsi et du « pont d’or » qui lui a été promis pour venir en renfort de l’aile que représente celui-ci, il a été avare en confidences. Tout au plus, a-t-il cherché à en minimiser la portée. Il n’est pas numéro2 du Nidaa, a-t-il fini par lâcher et ce n’était pas aux côtés de HCE qu’on l’a vu au cours d’un meeting à Monastir. « Il était à sa place, moi j’étais à la mienne », a-t-il précisé comme pour paraphraser la célèbre réplique d’un politique français « lui c’est lui, moi c’est moi ». Mais il n’a pas manqué de faire l’éloge du numéro1 de son parti dont il cité les qualités de patience et d’intelligence « qu’il ne faut pas sous-estimer »selon ses propres mots.

Quant à son éventuelle rétribution à Nidaa Tounés, on n’en a rien su. Le « permanent » qu’il est devenu au sein de ce mouvement politique après avoir lâché ses fonctions antérieures de « journaliste vedette » dans une chaîne TV privée et dans une radio régionale a dû être appâté par un salaire mirobolant. Il n’en dira rien. Bien sûr il trouve normal que des membres de partis soient rétribués mais l’essentiel c’est que l’on sache d’où vient l’argent. Lui n’en a pas besoin, a-t-il soutenu puisqu’il dirige avec sa femme un lycée privé.

La grand scoop qu’il a lâché sans que personne n’y prête de l'attention, c’est lorsqu’au détour d’une phrase et sans qu’on lui demande son reste, il a lâche que pour la prochaine élection présidentielle le candidat du Nidaa sera choisi dans le cadre de « primaires » à la française organisées dans tout le pays et auxquelles prendront part non les adhérents du parti mais tous les Tunisiens munis d’une carte d’identité. Alors que le parti n’a même pas une direction légitimée par un congrès électif comment peut-on envisager des primaires ? La question demeure posée.

C’est sur les hommes qu’il a été le plus prolixe. Citant un à un les membres « éminents » du Nidaa ou ses figures de proue, Ridha Belhadj, Lazhar Akremi, Khemaies Ksila, Abdelaziz Kotti, Faouzi Elloumi, Nébil Karoui, il a accolé à chacun le titre de « fondateur » ou encore de « militant de première heure », les appelant à rejoindre l’équipe pour rebâtir le parti. Fini le temps où il disait que Nidaa est parti en lambeaux qu’on ne peut même plus ramasser, ni quand il conseillait à ses « amis » de « sauver leur peau » en quittant le « bourbier » que ce mouvement était devenu. A l’heure où il parlait il ne savait pas que les membres de « l’instance de direction » (soit les dissidents réunis autour de Ridha Belhadj) diffusaient un communiqué dénonçant l’arrivée de Borhène Bsaies(affublé du titre peu amène de mercenaire de service) et de « ses acolytes » venus renforcer « le clan de la famille voulant faire main basse sur Nidaa ».

Sa fidélité à Ben Ali, il ne la renie pas. S’il en était autrement on lui aurait craché dessus. L’ancien président était un gros travailleur et un organisateur hors pair mû par ses réflexes d’homme de la sécurité qui s’intéressait aux détails, mais c’est un homme qui méprisait les élites, a-t-il témoigné. Mais s’il ne s’en cache pas c’est pour montrer qu’il sera également loyal envers ses nouveaux patrons à Nidaa Tounés quand bien ce n’est pas comme ça qu’il les appelle, parce qu’il affirme qu’œuvrer pour ce parti n’était pas pour lui un choix mais plutôt une évidence.

On a beau opposer à Borhène Bsaies, des « analystes politiques » proches d’Ennahdha ou de Béji Caïd Essebsi venus le taquiner sur le terrain qu’il connaît bien, celui de la communication, il n’a pas daigné rentrer dans le terrain où ils voulaient le conduire. C’est tout juste s’il les a laissé parler en les écoutant d’une oreille distraite. C’est un discours qu’il est venu délivrer et personne n’a pu l’en détourné.

RBR

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