Cannabis: à qui profite le joint médiatique ?

Cannabis: à qui profite le joint médiatique ?

Par Jamel HENI

En cascade, en même temps et sans raison apparente, dans les médias : la loi 52, la rengaine jeuniste, l’éloge médical des psychotropes. Dans le dos de la société, les narcomilitants, les progressistes autoproclamés, l’éternel et immature Peter Pan, redonnent de la voix. Un rappeur tout terrain et un chroniqueur fourre-tout en avant-garde des « prolétaires récréatifs »…….

D’un coup, d’un seul, les « narcomilitants » déballent leurs « joints médiatiques ». Les moutons de panurge fument, et se passent le joint. Il s’agit de toute la bande d’amis, juristes, artistes, militants politiques, producteurs opportunistes, professionnels de la permission à des fins médiatiques……qui portent fièrement leur quarantaine et ne cessent de remplacer le surmoi bolchevick par celui de mai 68,  la justice sociale par le plaisir, le combat contre la bourgeoisie par un deal avec la mafia : la bande qui a définitivement inversé le modèle révolutionnaire : la victoire finale du capitalisme et l’effondrement des infrastructures de classes !

Ils appellent à dépénaliser la consommation du cannabis, après avoir appelé à la légalisation de la pornographie. Pourquoi ?

Ils radotent d’une voix, inexplicablement aigue ( signe de décontenance) : parce que la sanction n’a rien apporté et que les consommateurs sombrent en prison dans l’addiction à des formes plus nocives de stupéfiants. Ils se dédouanent de tout « narco-militantisme », en appelant à alourdir la peine des dealers… Excusez du peu. Deux conclusions en une : Si la coercition n’a pas empêché ou réduit la consommation, la légalisation y arrivera. Contrairement au dealer : le consommateur apprend de la liberté et non de la répression,   à changer de comportement.  Comment ? Pourquoi ? En quoi un dealer serait-il restructuré par la prison, là où un consommateur y sera détruit !

Ils n’ont pas de données !

Examinons ces deux pétitions de principes, répétées sans la moindre conscience du ridicule, par des hommes de droit. Nous ne disposons pas de statistiques officielles sur le nombre général de consommateurs, mais de chiffres très approximatifs sur celui des consommateurs identifiés et suivis, entre 300000 et 400000 selon le ministre de la Santé en 2018, Abdellatif Chérif. Nous ne pourrons affirmer, en l’absence de données synchrones et diachrones, individuelles et collectives, nous ne pouvons affirmer, la présence de tendances, de vecteurs, allant dans un sens ou dans l’autre. Comment alors les narco-militants avaient-ils décrété que la sanction était-elle inefficace ? Sur quelles preuves se fondent-ils pour conclure à un déterminisme imparable : la dépénalisation réduira la consommation de substances psychoactives ! 

L’Association tunisienne d’Information et d’Orientation sur le Sida et la Toxicomanie, qui a vu le jour il y a 30 ans, ne présente sur son site aucune statistique, ni descriptive, ni analytique de la consommation. Son onglet présentation est encore à «  remplir » !

L’association « Prisonnier 52 » ne fait pas mieux. A caractère militant, elle a jugé inutile de prêcher « ses » convaincus.  A quoi serviraient les données lorsque les afficionados étaient devenus des scientifiques  de fortune…..

Les aficionados des stupéfiants, s’en remettent, sournoisement,  à l’OMS qui aurait vaguement encouragé l’usage thérapeutique du cannabis. Une pirouette. Ce n’est absolument pas le sujet. Quoique la littérature scientifique reste rudimentaire et peu euphorique sur les mérites d’un « tabagisme » comme les autres, d’une addiction comme les autres ! Il ne s’agit absolument de savoir si des médicaments contre la sclérose en plaque en particulier seraient conçus à base de psychotropes. Si le  « Sativex qui est un mélange de deux molécules, toutes les deux extraites de Cannabis sativa L. : le delta-9-tétrahydrocannabinol (Δ9-THC) et le cannabidiol (CBD) ». Il ne s’agit pas de constater que « Les principaux effets pharmacologiques du THC sont l'analgésie, la myorelaxation, la prévention des vomissements, la stimulation de l’appétit et des effets psychoactifs. »  Gilles Camus 2014.

Non. Ce dont il s’agit est l’usage non médical du cannabis. Les mérites pharamacologiques, encore incertains, ne sauraient, alors,  nous  être opposés comme des mérites absolus du cannabis. Y a des limites logiques à la mauvaise foi des narco-militants.

L’usage du cannabis est un trouble

Les spécialistes n’ont pas fléchi face à la propagande pseudo scientifique de la mafia, grâce à ses réseaux internationaux, aux  officines sombres de la société civile aliénée.  Le DSM 5, Manuel diagnostique et Statistique des troubles mentaux (2013), dans sa classification internationale, évoque des Troubles Liés à l’usage du cannabis. « Les troubles liés à l'usage du cannabis font référence à un éventail de conditions cliniquement pertinentes et sont définis via des critères psychologiques, sociaux et physiologiques, pour illustrer les conséquences néfastes, la perte de contrôle, la surutilisation du cannabis et les divers symptômes de sevrage »

N’ayons cure de leur gesticulations ( ridicules toujours) et allons plus loin dans ce sens. Soulignons les critères cliniques retenus par la classification internationale des troubles mentaux. L’usage pathologique se rapporterait à un « Mode problématique d'utilisation du cannabis conduisant à une altération du fonctionnement ou à une souffrance qui sont cliniquement significatives, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants survenant dans une période de 12 mois :

1)Le cannabis est souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus longue que prévu.
2)Il y a un désir persistant de diminuer ou de contrôler l'utilisation du cannabis ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l'utilisation.

3)Beaucoup de temps est consacré à des activités nécessaires pour obtenir du cannabis, utiliser le cannabis et récupérer de ses effets.

4)Forte envie, désir ou besoin de consommer du cannabis.

5)L'usage du cannabis a pour conséquence des manquements récurrents à des obligations majeures, au travail, à l'école ou à la maison.

6)Poursuite de l'utilisation du cannabis malgré des problèmes sociaux ou interpersonnels, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les effets du cannabis.

7)Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs,  importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l'usage du cannabis.

8)Usage récurrent du cannabis dans des situations où c'est physiquement dangereux.

9)L'usage du cannabis est poursuivi bien que la personne soit consciente d'avoir un problème physique ou psychologique persistant ou récurrent qui est susceptible d'avoir été causé ou exacerbé par le cannabis.

10)Tolérance, telle que définie par l'un des éléments suivants :

a)Besoin de quantités notablement plus grandes de cannabis pour obtenir une intoxication ou l'effet souhaité.
b)Effet notablement diminué avec l'utilisation continue de la même quantité de cannabis.

11)Sevrage, tel que manifesté par un des éléments suivants :

a)Le syndrome de sevrage caractéristique du cannabis.
b)Le cannabis (ou une substance proche) est pris pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.

Les Niveaux de sévérité seraient :

Léger : présence de 2-3 symptômes.
Modéré : présence de 4-5 symptômes.
Sévère : présence de 6 symptômes ou plus »
 
Voici ce qu’en dit clairement, le DSM 5, publié par l’American psychiatric association en 2013, et faisant référence auprès des spécialistes de la santé mentale.

L’arroseur arrosé : Si leurs porte-paroles auto-désignés évoquent un nombre incalculables de détenus, et si les rapports policiers indiquent souvent plusieurs récidives pour chacun d’entre eux, alors les consommateurs tunisiens, se reconnaitraient en majorité dans les formes modérées ou sévères du trouble !

Les narco-militants jouent aux apprentis pyromanes. Ils jouent sur les maux. Pour justifier de leurs aides financières encore inélucidées ( le rapport financier des associations : prisonnier 52….n’est publié nulle part, encore moins les dates de ses assemblées….) , ils alternent balivernes et malhonnêteté intellectuelle. Ils présentent les troubles liés à l’usage du cannabis, comme strictement issus de son interdiction,  sans nous expliquer comment ni pourquoi. 

Ils nient les effets morbides des psychotropes dans l’absolu et de la SALIVA en particulier, en s’appuyant sur des études approximatives non validées et controversées. Ils louent les mérites thérapeutiques encore incertains du cannabis, lorsqu’il s’agit d’expliquer ses effets addictifs et son usage non médical ! C’est à imaginer dans un scénario loufoque  qu’ils siègent au sein de la coupole, le syndicat du crime de Cosa Nostra ! Feraient-ils  leur Riina, nous serions leur Falcone……..

Il ne s’agit pas de nous intimider avec un rappeur tous terrains, ni de nous baratiner avec un chroniqueur fourre-tout. Le cannabis n’est pas notre véritable ennemi, mais bien sa perception marchande et mafieuse, les campagnes de pub et la vague de «  prolétaires récréatifs »….

 Jamel HENI

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