Ce que va tenter d'obtenir Gérald Darmanin en Tunisie vendredi (Libération)

 Ce que va tenter d'obtenir Gérald Darmanin en Tunisie vendredi (Libération)

 

Le quotidien français Libération consacre un article à « Ce que va tenter d’obtenir Gérald Darmanin en Tunisie vendredi » par allusion à la visite du ministre français de l’Intérieur attendu le 6 novembre pour une demi-journée bien remplie

« Alors que l'on s'interroge toujours sur l'éventuelle planification de l'attentat par l'auteur de l'attaque de Nice, le ministre de l'Intérieur se rend à Tunis vendredi. Objectif : tenter de permettre le retour au pays de Tunisiens radicalisés actuellement sur le territoire français et faciliter la reconduite à la frontières de migrants illégaux », écrit le journal parisien

Et Libération de s’interroger : « Que faire de la vingtaine de Tunisiens radicalisés et jugés particulièrement dangereux actuellement sur le territoire français de façon illégale ? » A l’issue de sa visite vendredi en Tunisie, Gérald Darmanin espère bien obtenir leur retour sur le sol natal. Pour cela, il a demandé à rencontrer tous les dirigeants : le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et son homologue de l’Intérieur.

« Côté français, on ne cache pas une certaine «frustration» devant le peu d’entrain de la chancellerie tunisienne à signer les laissez-passer consulaires (LPC), documents indispensables pour permettre le retour à la frontière des migrants sans papiers. A l’heure actuelle, le consulat tunisien en France paraphe environ 55% des demandes de LPC, davantage que l’Algérie et le Maroc. Insuffisant pour Beauvau, d’autant plus que, depuis le début de l’année, les Tunisiens représentent la première nationalité des arrivées clandestines en Italie (41%), selon le ministère de l’Intérieur italien», ajoute le quotidien.

« A Tunis, Gérald Darmanin ne compte pas combler les 45% manquant, mais obtenir l’assurance du zèle tunisien pour les profils ciblés, afin de mettre en œuvre aussitôt que possible les obligations de quitter le territoire français (OQTF). Sans le précieux sésame, il suffit aujourd’hui aux Tunisiens illégaux de refuser le test PCR, obligatoire pour entrer en Tunisie, pour bloquer la procédure d’OQTF ».

Pour le quotidien, les autorités tunisiennes sont tiraillées. Les dirigeants ont affiché leur solidarité envers la France après l’attentat commis par l’un de leurs concitoyens, les poussant à accélérer la résolution de ces dossiers. Mais, dans le même temps, une frange de l’opinion publique est défavorable aux retours de ces personnes considérées comme dangereuses, car les conditions de surveillance ne seraient pas optimales.

Et au quotidien de préciser : « Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a promis l’entière coopération de la Tunisie concernant l’attentat de Nice. Le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a ouvert une enquête dès le 30 octobre pour répondre à la question du moment : Brahim Issaoui avait-il planifié son attaque dès son départ de Tunisie ? La promesse du premier ministère laisse cependant sceptique des spécialistes de la sécurité. Les procès des attentats du musée du Bardo le 18 mars 2015 (22 morts) et de Sousse le 26 juin 2015 (38 morts) ont montré, malgré l’importance politique des affaires, des carences dans le travail de la police, non par manque de volonté politique, mais davantage par manque de moyens ».

Enfin, selon le journal, l’autre source d’embarras pour Tunis vient, cette fois, de la France et plus particulièrement d’Emmanuel Macron. Le discours du chef de l’Etat français à la Sorbonne, le 21 octobre lors de l’hommage à Samuel Paty dans lequel il affirmait «nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins», est mal passé parmi la population. Si les Tunisiens ne sont pas les plus virulents – les marques tricolores n’ont pas constaté pour le moment d’effet lié à l’appel au boycott des produits français –, les pouvoirs publics ne veulent pas attiser la colère en s’alignant trop parfaitement sur les exigences françaises.

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