Céréales: Flambée des prix Vs demande accrue

Les céréales (blé, orge, maïs, soja,…etc) constituent des ingrédients essentiels de nos denrées alimentaires et des aliments destinés à l’élevage.
En Tunisie, on en importe annuellement pour une valeur

dépassant les 400 millions de dinars.

Si les besoins en blé se situent aux environs de 28 millions de quintaux et qu’ils évoluent normalement, la demande sur l’orge a évolué d’une façon anormale et imprévisible. En effet, jusqu’à 2005, les importations étaient nulles, mais à partir de 2006, la situation a changé, puisqu’on a importé 6.170.000 quintaux. En 2007, ces importations se sont élevées à 9.000.000 quintaux. Par conséquent, les montants supportés par la Caisse de compensation ont grimpé passant de 183.000.000 dinars en 2004 à près de 525.000.000 dinars en 2007. La caisse compense des importations d’orge pour près de 270.000.000 dinars.
Ceci est engendré d’une part de la réduction de la production et donc de la flambée des prix, et d’autre part d’une utilisation irrationnelle de ces aliments.

Les prix d’achat de l’Office de céréale ont connu au cours de ces dernières années une montée en flèche causée par la flambée des prix sur le marché international. Des prix records qui n’ont jusque-là été enregistré, et ce, vu le déséquilibre entre l’offre et la demande caractérisant le marché mondial depuis plus d’une dizaine d’année.
Résultat : dégradation continue d’une année à une autre au niveau du stock mondial de la céréale.
Concernant le blé fin, les prix d’achat ont doublé au cours de huit mois, passant de 215,98 $/tonne, sur les ports tunisiens, au début de mois de février 2007 à 433,09 $/tonne en octobre courant.

L’évolution des prix à un rythme aussi rapide est due au passage du marché mondial par trois étapes.
La première phase (du septembre 2006 jusqu’au mars 2007) a été marquée par la dégradation des moissons à l’échelle internationale par rapport à l’année précédente, la baisse des récoltes de blé en Australie de 2005 à 2006 en diminuant de plus de la moitié (de 25 millions tonnes à 12 millions tonnes), la mise en place du système de quotas en Ukraine durant le deuxième semestre de l’année 2006, et l’évolution de l’investissement dans le secteur du biocarburant et du biodiazel. Tous ces facteurs ont été à l’origine des premières hausses des prix. En fait, le Conseil international de céréale a précisé que les prix ont varié, au cours de cette période, entre 200 et 216 $/tonne.

À partir du mois d’avril et jusqu’au mois d’août 2007 (deuxième phase), les moyennes des prix ont accru encore (entre 213 et 288 $/tonne), et ce, à cause des changements climatiques surprenants à l’Europe et aux USA qui ont fortement influencé aussi bien les quantités que les qualités des céréales collectés. Il s’agit d’une vague de froide enneigée qui a touché les Etats-Unis provoquant la dévastation des moissons, et une sécheresse qui a frappé les pays du nord et de l’est de l’Europe, notamment l’Ukraine qui a été obligée de suspendre ses exportations.

La troisième phase a été entamée à partir du mois de septembre courant, marquée par l’aggravation encore plus accentuée des moyennes des prix de blé fin s’élevant jusqu’au 300 et 377 $/tonne. Ceci est dû à une multitude de facteurs à savoir la confirmation de diminution des récoltes et des stocks à l’échelle mondiale et de la chute des provisions concernant les moissons de l’Australie de 22 millions de tonnes à 18 millions pour se situer finalement au niveau de 12 millions de tonnes. Il est question également de l’augmentation de la demande internationale et de l’expansion des rumeurs ayant trait à la détermination du gouvernement russe d’introduire des taxes s’élevant à 50% sur l’exportation des céréales.

Pareillement, la production mondiale en matière du blé dur a été distinguée par une réduction continue, passant de 37,2 millions tonnes en 2005, à 34 millions tonnes en 2006 pour aboutir cette année à 33,1 millions tonnes. Une diminution causée par la dégradation de la production dans les principaux pays exportateurs, tels que les USA, l’Union Européenne, Canada, Turquie, Syrie… Par conséquent, les stocks se sont réduits jusqu’au 1,7 millions tonnes au cours de cette année, en comparaison avec les bilans de l’année 2006 s’élevant à 2,3 millions tonnes et surtout de 2007 dépassant les 5 millions tonnes. Ce qui a fortement influencé les prix.

Pour ce qui est de l’orge, les prix des achats de l’Office de céréale au cours de février 2007 ont été de l’ordre de 207,49 $/tonne et se sont augmenté pour avoisiner les 300 et 332,69 $/tonne durant les deux mois de juillet et août courant. Un fait naturel, vu la diminution de la production et du stock mondial.

S’intéressant à la scène nationale, ces facteurs ont engendré un grand déficit pour l’Etat d’autant plus que les matières sus-indiquées font partie des produits compensés et constituent des composantes essentielles de nos denrées alimentaires (pain, couscous, pâtes…). C’est ainsi, que les prix ont augmenté et qu’on opte de plus en plus à faire impliquer le citoyen dans la compensation d’une part et à faire preuve d’un sens de responsabilité en adoptant un comportement responsable en matière de l’usage et de la consommation rationnelle de ces aliments.

CH. KH