Ces ministres qui multiplient les couacs et les dérapages linguistiques

Ces ministres qui multiplient les couacs et les dérapages linguistiques

 

 

Les dérapages linguistiques et les couacs de certains membres du gouvernement se répètent et se ressemblent depuis quelque temps.  Un ministre qui contredit le président de la république, un autre qui s’emmêle les pinceaux ou encore qui avance des données statistiques en parfaite contradiction avec celles annoncées par un de ses collègues, c’est devenue  monnaie courante. Ces ministres qui se pavanent sur les plateaux pour parler de tout ou de rien, au risque d’être ridiculisés et devenir objets de risée des « facebookers ». « Trop, c’est trop » confie un proche collaborateur  de Habib Essid qui explique que  ces quelques ministres, « pourtant politisés,  n'ont pas eu de précédentes expériences en matière de gestion et pèchent par un manque de culture de gouvernement et de sens de l'Etat. Il sont beaucoup plus soucieux de leur image que de celle du gouvernement ». A preuve, ces pages de leurs ministères respectifs transformées en pages personnelles « sponsorisées » et qui ne relatent que l’activité de « monsieur le ministre ». Or, cette culture de l’Etat ne s’apprend pas à l’école, mais dans l’exercice des hautes fonctions. Assez souvent, ils s'expriment sur n'importe quel sujet, même s'ils ne concernent pas leurs champs de compétence,  ne sachant pas, ou faisant comme si, que leurs déclarations engagent le gouvernement. S'ils ont le droit de s'exprimer, ils doivent le faire dans le respect de la confidentialité. Un manquement isolé peut, à lui seul, suffire à entamer l'image de l'équipe et sa cohésion. Ce qui n'est pas, malheureusement, le cas pour beaucoup d'entre eux.

Dialoguer avec les barons de la contrebande

Le dernier couac est  à mettre à l’actif du nouveau ministre du commerce qui,  depuis sa prise de fonction à la tête du ministère, est en passe de battre le record d’apparitions sur les plateaux. Il se déplace beaucoup, tient des réunions au siège de son département, parle trop, fait des déclarations aux médias, rencontre les gens du secteur et bientôt il engagerait un dialogue avec…les gros poissons de la contrebande, ces « barons» qui ont détruit l’économie nationale. Il a affirmé qu’il dispose dores et déjà d’une liste exhaustive des plus grands contrebandiers qui seraient invités à s’asseoir autour de la même table avec lui,  pour tenter de les convaincre de mettre fin à leurs activités illicites et de les ramener sur le droit chemin. Ce faisant, il a, tout simplement  mis les pieds dans le plat et même s’il a tenté de rectifier le tir, le coup est déjà parti !

Accorder les violons

Certains  de nos ministres prennent des engagements et annoncent, à tour de bras,  des réformes et des mesures, sans se référer au chef du gouvernement et sans en avoir étudié, auparavant,  les incidences budgétaires avec les services des finances. Or, les réformes structurelles se traitent en conseil des ministres avant de passer devant le parlement. D’autres se distinguent par un franc parler en donnant leurs avis sur tout et rien, alors qu’ils ont une certaine obligation de réserve. Ou encore avancer des données statistiques en parfaite contradiction avec celles annoncées par un de leur collègue. Comme c’est le cas du nombre de libyens vivants en Tunisie. Quand l’INS  identifie quelque 9.000, le ministre de l’intérieur parle de deux millions, soit le tiers de la population libyenne alors que son collègue des affaires sociales descend jusqu’à 350.000 seulement. Qui croire et quels sont les critères adoptés pour déterminer le nombre exact d’étrangers parmi nous ?

Quid de la cohérence gouvernementale

Ce fut, également, le cas pour ce dérapage  du nouveau porte parole du gouvernement à propos des recrutements dans la fonction publique et qui a failli mettre de l’huile sur le feu. Beaucoup plus habile dans l’élément politico-religieux, il se perd souvent quand il s’agit d’expliquer des mesures à caractère social et économique.  

Les couacs à répétition font mal et écornent l’image du gouvernement et le met dans l’embarras. Habib Essid doit faire usage de son autorité pour rappeler à l’ordre les récidivistes, les recadrer et les rabrouer s’il le faut pour en finir avec cette confusion, ces déclarations polémiques et ces apparitions télévisée préjudiciables. Car, ces nombreuses prises de positions de quelques ministres, souvent, en contradiction avec la ligne tracée par le chef du gouvernement pourrait donner l’image d’un chef qui ne sait pas tenir ses troupes.

Même si cela parait assez compliqué, la cohérence du gouvernement doit être une priorité absolue. Certains  ministres doivent apprendre à travailler beaucoup plus qu’à parler.

B.O

 

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