Châambi et le faible traitement médiatique du terrorisme: La presse fait son mea-culpa et se... rébiffe !

Châambi et le faible traitement médiatique du terrorisme: La presse fait son mea-culpa et se... rébiffe !

Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens a organisé hier soir une réunion d’urgence avec une pléiade de responsables des médias publics et privés. Elle a été consacrée à l'étude des insuffisances du traitement médiatique de la lâche opération terroriste de Jbal-Chaâmbi, afin de coordonner les positions des médias et mettre en place une stratégie commune dans le traitement du terrorisme.

Cette réunion, qui s’est déroulée en présence du Doyen des journalistes tunisiens Néji Bghouri et du représentant de  la HAICA,  Hichem Snoussi, a vu la présence massive de la grande majorité des responsables des médias influents (Agence TAP, Télévision Nationale, Al Moutawassat, TNN, Radio Nationale,  Mosaïque FM, Shems FM, Express FM, IFM, Jawhara FM, La Presse, Essabah, Attounissia, Le Maghreb, Le Temps, Essahafa, Akhbar El Joumhouria, Echaab, Essabahnews, Espacemanager, Tuniscope, Al Hasri………)

Après une minute de silence en hommage aux martyrs et après avoir adressé leurs condoléances à leurs familles, les présents ont longuement débattu du traitement médiatique de cette lâche opération terroriste.

Ils ont convenu que ce traitement n’était pas encore une fois à la hauteur des espérances des Tunisiens qui ont dû se rabattre sur les réseaux sociaux ou sur les chaînes étrangères pour chercher l’information.

Les présents ont, en outre, critiqué l’absence de la réactivité des chaînes de télévision tunisiennes dont la majorité a bizarrement continué sa programmation habituelle dans cette triste soirée du mercredi 16 juillet.

Pire encore, cinq chaînes tunisiennes n’ont même pas annoncé l’événement dans cette soirée comme si de rien n’était ! Même la télévision nationale, TNN et Telvza TV qui ont le bon réflexe de stopper leurs programmations ramadanesques habituelles, n’ont pas apporté de grandes précisions sur le déroulement de l’opération.

Ils se sont limités à relayer l’information de l’attaque sur la news barre, avec la diffusion de chansons patriotiques ou de documentaires sur l’armée, alors que tout le pays était en haleine pour savoir l’évolution des opérations et le nombre des victimes.

Le PDG de la télévision nationale, Mustapha Beltaïef, a expliqué cette faible réactivité par la lourdeur de la machine bureaucratique de la télévision publique, le manque de moyens et la peur des erreurs d’une correspondante de Kasserine peu aguerrie qui risque de passer des images ou des reportages inappropriés au cas où on lui cède l’antenne en direct !
 
A l’égard du PDG de la TAP, Taïeb Youssefi, de nombreux responsables de médias ont critiqué la réaction des autorités qui n’ont pas relayé les informations sûres au moment opportun et n'ont pas permis aux journalistes d’y avoir accès, ouvrant ainsi la porte aux rumeurs et aux spéculations les plus fantaisistes.

Tout en reconnaissant les erreurs et les insuffisances dans le traitement de cette opération  terroriste, les présents ont avoué que la presse tunisienne pêche parfois par le manque de professionnalisme de certains journalistes, le bafouage de la déontologie et de l’éthique à cause de la non neutralité.

Les présents ont fermement condamné l’attitude de certains journalistes et médias qui n’hésitent pas à faire l’apologie du terrorisme et à présenter ces criminels sous la forme de héros, alors qu’ils tuent nos enfants et menacent notre pays.

Quelles que soient leurs orientations ou leurs idéologies, les responsables des médias ont appelé à l’union sacrée dans la lutte contre le terrorisme insistant qu’il n’y a pas de neutralité dans le traitement de ce fléau.

Ils ont convenu de lancer une charte que tout média et journaliste tunisien doit dorénavant respecter en traitant le terrorisme.

Ils ont aussi convenu de multiplier les efforts pour éviter de banaliser la mort dans ce genre d'opérations terroristes pour éviter aux citoyens de s'habituer à ce gernre de tragédie dans cette longue guerre.

Kais Ben Mrad