Chroniques Ramadanesques: les Mots pour le dire

Chroniques Ramadanesques: les Mots pour le dire

Tout le monde y va de son opinion. N’importe qui peut dire n’importe quoi, n’importe où, et n’importe comment ! Une vague massive de truismes et de trivialités a envahi l’exégèse du Noble Coran.  Des interprétations, on en fait au petit bonheur la chance, au gré des humeurs, des idéologies, des luttes et des priorités. Tantôt de la fantaisie, tantôt de la chronique ; rarement une explication, encore moins une démonstration.

Des « youtoubeurs », à court de clics, des « chronicaillons » à la petite semaine, d’intellos tous terrains, deux roues motrices-deux roues en l’air, notre dame la laïcité…tous s’y mettent, tous. Le culot !   L’opinion l’emporte sur l’érudition. La science religieuse s’en trouve proscrite, à la faveur d’un nihilisme conquérant. D’une démocratie spirituelle : la conquête politique du religieux ! Sécularisme quand tu nous tiens.

Reprenons nos forces. Il s’agit d’un énième monopole de l’opinion. Comme si les opinions se valaient. Et comme si la réfutation rationnelle était du domaine de l’opinion. Nous nous n’attarderons pas sur cette déroute heuristique. Nous indiquerons quelques pistes pour séparer le bon grain de l’ivraie en matière de « tafsîr ». Histoire de ramener les partisans de la « facilité » ainsi que les fanfarons « de « l’inscience alternative », à de meilleurs sentiments.

Dans « Attahrir Wattanouir », collection de 30 tomes, où l’auteur propose une exégèse complète du Coran, Cheikh Taher Ben Achour, nous enseigne les principes premiers de l’interprétation. Sans exclure totalement l’opinion, celle-ci s’y trouve rigoureusement circonscrite. L’uléma tunisien rejette l’opinion :

  • Lorsqu’elle ne tient compte ni de la grammaire ni de la téléologie ( îlm almakaced).
  • Lorsqu’elle interprète ses propres prémisses plutôt que le contenu coranique lui-même, usant d’arguments partiels
  • Lorsqu’elle soumet l’exégèse à une idéologie, au mépris des critères linguistiques, heuristiques et philosophiques de toute interprétation
  • Lorsqu’elle dénie inexplicablement la polysémie et impose un littéralisme « impondérable », sans autre forme de procès. Interdisant par-là toute « interprétation ».
  •  Lorsque les critères de recherche et d’érudition viennent à lui manquer

Ben Achour fournit ici la matrice heuristique d’une opinion profane. Comment se construit-on une opinion, rien qu’une opinion du Coran ? Comment se fait-on une idée, rien qu’une idée du Coran ? L’exégèse ? Nous en sommes très loin messires ! Un peu d’humilité...

J.H

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