Conflits sociaux: Pour une modernisation du dialogue social

Conflits sociaux: Pour une modernisation du dialogue social
 
 
Depuis l’institutionnalisation, durant les années 70, du dialogue social entre les partenaires sociaux, syndicat, patronat et gouvernement, la qualité de ce dialogue ne s’est guère améliorée. Elle s’est même détériorée, et ce pour une raison simple :   les négociations ont toujours porté sur les majorations salariales et jamais sur l’amélioration de l’environnement du travail et sur la pérennité des entreprises. 
 
En plus clair, en matière de dialogue social, il a été toujours question plus de négociation que de management. Du cadre de production et de trvail, Zoom sur un mécanisme désuet.
 
Pour mémoire, jusque-là, les rounds sociaux ont été toujours empreints de tensions et de déclarations réductrices des deux principaux belligérants, syndiqués et patrons. 
 
Les premiers accusent les  seconds d’ «employeurs négriers » qui, en toute conscience et sans aucun remords, payent mal leurs ouvriers, ne se soucient pas de leur sécurité et les traite sans aucun égard, comme des esclaves, voire comme du bétail. 
 
Les seconds estiment que les travailleurs tunisiens sont des « flemmards » et ne se démènent pas assez au travail, ce qui explique leur faible productivité. 
 
 Quant au gouvernement, il ne s’est jamais employé, comme il se doit pour améliorer les conditions dans lesquelles se déroule le dialogue social. Cette absence d’encadrement du dialogue social selon les normes internationales explique en grande partie « la défiance structurelle » entre syndicats et patronat et les difficultés que rencontrent, ces jours ci, les deux parties pour trouver un accord sur les majorations salariales  dans le secteur privé.
 
Responsabilité du gouvernement dans la reconfiguration du dialogue social 
 
Le gouvernement de Habib Essid qui mise sur la paix sociale peut mettre à profit la trêve sociale qui va avoir lieu,  jusqu’à 2017,  pour débattre dans la sérénité des moyens de promouvoir le monde du travail sur la base d’une vision moderne et multidimensionnelle. Le gouvernement dispose, désormais, du temps matériel requis pour encadrer et mener à terme ce débat- dialogue qui demeure la règle d’or pour trouver des solutions appropriés aux conflits sociaux.
 
Pour y arriver, syndicats et patronat ont tout intérêt à changer de comportement et à acquérir de nouveaux réflexes. L’enjeu est de préserver la pérennité des entreprises t des emplois ;
 
Dans cette perspective, les patrons doivent cesser de conditionner les majorations salariales à l’amélioration de la productivité et comprendre une fois pour toutes, que la réclamation d’un meilleur rendement au travail n’est pas uniquement tributaire du seul levier des augmentations salariales.
 
Intervenant lors d’une conférence sur «la valeur du travail chez les Tunisiens» organisé à L’institut arabe des chefs d’entreprise, Mme Riadh Zghal, universitaire  a relevé que le travail n’est pas le seul levier de la productivité. Elle a cité d’autres leviers dont la maintenance, la bonne gouvernance, l’assurance qualité, la chasse au gaspillage, autant de leviers à actionner ensemble pour améliorer la productivité qui demeure très faible en Tunisie, soit 52% contre 80% en Finlande par exemple.
 
L’enjeu pour la patronat serait, également, de raffermir la responsabilité sociale des entreprises et de promouvoir l’entreprise citoyenne respectueuse des droits des salariés à un revenu décent et un cadre de travail acceptable. 
 
Du côté des syndicats, l’heure est à l’adaptation aux exigences du syndicalisme moderne.  Le moment est venu pour réviser leur approche excessivement revendicatrice. Ils sont invités à comprendre que partout dans le monde l'on ne peut redistribuer que les richesses qu'une entreprise produit. Moralité : on ne peut réclamer des majorations salariales et des améliorations des revenus qu’en fonction des richesses créées. Pour s’en convaincre, les syndicats peuvent exiger en contrepartie bonne gouvernance et transparence.
 
Privilégier le dialogue et le consensus
 
Globalement, les syndicats et patronats modernes bannissent par principe l’affrontement déstabilisateur et plaident constamment  pour le dialogue social, le compromis et le consensus  même si comme le disait Laurent Berger, secrétaire général de la Confédération française démocratique (CFDT), "Le conflit des logiques dans l’entreprise conduit naturellement à la confrontation des forces. Nous voulons que cette confrontation débouche par la négociation sur des résultats favorables aux salariés. Notre conception du rapport de forces est donc indissociable de notre choix assumé en faveur du dialogue social". 
 
C’est pour dire au final, que c’est au prix d’une reconfiguration, voire d’une modernisation du dialogue social en Tunisie que la paix sociale peut être organisée et gagner en durabilité dans le pays.
 
Dans cette optique, deux exigences majeures doivent être, toujours, respectées. Il s’agit pour les partenaires sociaux de donner l’avantage au dialogue et au consens et de veiller au respect de la loi, ici le code du travail.
KIM
 
 

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