Conseil de sécurité: La situation au Proche-Orient au centre des débats

Conseil de sécurité: La situation au Proche-Orient au centre des débats
 
Au quinzième jour de l’offensive d’Israël contre le Hamas qui a fait plus de 600 morts et 3 500 blessés, ainsi que 100 000 déplacés dans la bande de Gaza, le Conseil de sécurité a entendu des dizaines de délégations appeler à un arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes et des tirs de roquettes du Hamas.  Toutes se sont émues du drame humain, le plus élevé des trois interventions israéliennes à Gaza depuis 2008.  Les images des quatre garçons palestiniens abattus sur la plage de Gaza en train de jouer au foot « marqueront les consciences », ont déclaré beaucoup d’entre elles.   
 
Au cours de cette réunion trimestrielle du Conseil de sécurité consacrée au Moyen-Orient, des délégations ont aussi évoqué « le massacre qui se poursuit en Syrie » auquel il ne pourra être mis fin que par le biais d’un dialogue politique.  Elles se sont inquiétées des répercussions du conflit syrien sur l’Iraq, à travers l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) dont elles ont condamné les exactions contre les minorités ethniques et religieuses, ainsi que l’ultimatum lancé aux chrétiens de Mossoul, une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde.  Plusieurs délégations ont souligné l’urgence à recréer en Iraq les conditions d’un dialogue politique inclusif, avec l’ensemble des communautés, et de parvenir à un gouvernement d’union nationale.  Saluant l’élection du nouveau président du Parlement iraquien, elles ont jugé essentiel que le processus prévu par la Constitution aboutisse rapidement à un gouvernement de rassemblement afin de donner un sursaut national pour renforcer l’état de droit en Iraq.
 
Intervenant par visioconférence depuis Ramallah, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a appelé, ce matin, à l’instar de l’ensemble des délégations, à l’arrêt des combats et à la reprise du dialogue pour répondre aux causes profondes du problème.  Il a déploré que le Hamas n’ait pas encore répondu de manière positive à l’initiative de cessez-le-feu égyptienne en condamnant à la fois les tirs aveugles de roquettes par le Hamas et le Jihad islamique et la « réponse massive » d’Israël qui s’est traduite par un nombre élevé de morts parmi la population civile palestinienne, en particulier des enfants.
 
Au-delà d’un cessez-le-feu, la majorité des délégations ont souligné qu’il était essentiel d’axer les efforts pour régler les questions en suspens et réaliser la vision de deux États, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil, de l’Initiative de paix arabe et de la Feuille de route du Quatuor. 
 
M. Ban a indiqué qu’au cours de sa visite dans la région, il avait eu des conversations très fructueuses avec le Président palestinien, M. Mahmoud Abbas, ainsi qu’avec le Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Kerry, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Nabil Alaraby, et le Président de la France, M. François Hollande.  Il a estimé que la communauté internationale et, en particulier le Conseil de sécurité, devait assumer la responsabilité pour les conséquences de l’échec collectif à trouver une issue politique au conflit israélo-palestinien. 
 
« Nous sommes hantés par les images de bébés, de garçons, de filles et de femmes tués par les forces d’occupation israéliennes dans les maisons et les rues », a déclaré l’Observateur permanent de l’État de Palestine avant de demander, en montrant des photos de civils victimes des bombardements, que les crimes de guerre israéliens soient soumis à la Cour pénale internationale (CPI).  « Lorsqu’il y aura la paix en Israël, il y aura la paix à Gaza », a réagi le représentant d’Israël.  « Israël est en première ligne de la guerre mondiale contre le terrorisme islamiste radical », a-t-il tenu à rappeler, en précisant que « le monde civilisé dans son ensemble a un intérêt dans les résultats de cette lutte et c’est pourquoi il doit soutenir le droit d’Israël à défendre ses citoyens.  Si le représentant d’Israël a cité le droit de son pays de se défendre, de nombreuses délégations ont toutefois estimé que la réaction israélienne était disproportionnée et que ce droit ne pouvait justifier les pertes considérables en vies humaines.
 
« Israël ne pourra jouir de la paix à travers la violence, l’humiliation et l’intimidation du peuple palestinien », a prévenu le représentant de la Jordanie, tandis que son homologue de l’Égypte s’est interrogé sur la peur réelle d’Israël dont la puissance de feu, a-t-il fait remarquer, dépasse les forces militaires combinées de tous les pays de la région.   
 
La représentante des États-Unis a regretté que le Hamas continue d’utiliser des infrastructures civiles après avoir refusé un cessez-le-feu égyptien qui aurait permis d’atténuer les souffrances de la population civile palestinienne.  Pour sa part, le délégué du Canada a estimé que les Forces de défense d’Israël prenaient les mesures nécessaires pour réduire au minimum le nombre des victimes civiles, alors que le Hamas cherche, au contraire, à mettre en danger la vie des civils, « des deux côtés ».  Le représentant canadien a estimé que cette tragédie pourrait fournir au Président Abbas l’occasion de désarmer le Hamas et le Jihad islamique palestinien et éliminer, ainsi, « les milliers de missiles principalement fournis par l’Iran qui sont cachés dans les maisons, les épiceries et les écoles des Palestiniens ».
 
Si la représentante de l’Argentine a proposé aux membres du Conseil de sécurité d’effectuer une visite à Gaza, celui de la France a appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord sur le Mouvement et l’Accès (AMA) de 2005, entériné par la résolution 1860 (2009) en suggérant que l’Union européenne y contribue, au moyen d’une réactivation de la mission EUBAM à Rafah.  « Nous devons convaincre l’homme de la rue, à Tel-Aviv et à Gaza que la paix ne sera ni un saut dans l’inconnu, ni une capitulation, mais l’entrée dans un monde nouveau », a encore insisté le représentant de la France avant d’appeler à briser le mur de peur qui s’oppose à toute avancée et laisse la voie libre aux extrémistes des deux camps.