Crise du phosphate: L'hémorragie continue et l'Etat regarde ailleurs !

 Crise du phosphate: L'hémorragie continue et l'Etat regarde ailleurs !



Comme si les départs catastrophiques d'entreprises pétrolières de renommée ne suffisaient pas, comme si les effets néfastes de l'attentat du Bardo ne suffisaient pas, comme si la crise de Petrofac ne suffisait pas...nous voilà désormais embarqués dans une crise qui ne cesse de prendre de l'ampleur, à savoir le secteur du phosphate.

Depuis deux jours,  l’approvisionnement de l’usine du Groupe chimique tunisien (GCT) de Medhilla en phosphate mouillé produit par la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) s’est arrêté net. Ce qui a conduit à l’arrêt des activités de production de l’acide phosphorique, un produit de base pour le triple superphosphate (TSP).

Des mouvements de protestation ont lieu, depuis trois jours, dans la ville de Medhilla où, selon des témoins oculaires, des demandeurs d’emploi observent un sit-in dans le centre-ville, au niveau de la route fréquentée par les bus transportant les employés de la CPG vers leurs sites de travail, dans les mines de Jallabia et de Mezinda, ainsi que vers les unités de production de phosphate.

Selon Mohamed Boukthir, directeur régional du GCT à Medhilla, cité par la Tap, ces mouvements de protestation ont fait obstacle au transport de phosphate commercial par voie ferrée, à partir de Medhilla vers les usines de transformation de Skhira.

Ainsi, toutes les carrières d’extraction et les unités de production du phosphate de la CPG sont paralysées, que ce soit à Medhilla ou, encore, dans les délégations de Metlaoui, Oum Larayes et Redeyef où les activités de la CPG sont à l’arrêt, depuis plus de deux semaines. Une situation qualifiée par les observateurs d'effrayante.

Pourtant, cela ne semble pas perturber outre mesure les autorités. Au lieu de se précipiter pour arrêter l'hémorragie, l'on se contente d'observer avec une incroyable passivité. Ainsi, lors de sa prise de fonctions jeudi, le nouveau gouverneur de Gafsa, Taieb Zarai, a annoncé qu'une délégation ministérielle devrait se rendre dans la région vers la fin du mois d'avril. Cette visite sera, selon lui, une "opportunité pour évoquer les problèmes que connaît le gouvernorat et proposer des solutions pratiques en vue d'impulser le développement dans la région".

Et pendant que l'hémorragie continue chez nous, nos frères du Maroc en profitent pour mettre les bouchées doubles. Ainsi, la compagnie publique marocaine OCP, l'un des leaders mondiaux du phosphate, a le vent en poupe. Pour sa deuxième incursion sur les marchés internationaux en à peine un an, la compagnie a émis un eurobond de 1 milliard de dollars.

Dans un communiqué rendu public hier, l'OCP projette d'utiliser les fonds levés pour financer son plan de développement industriel, qui vise à doubler la capacité de production minière et tripler la capacité de production d’engrais d’ici 2025, ainsi que pour financer ses opérations courantes.

In fine, avec les grèves et sit-in pour des revendications souvent insensées, la Tunisie qui a déjà perdu son rang de 5ème producteur mondial de phosphate, s'enfonce encore et encore ! Dans une indifférence qui fait froid dans le dos.

O.D.