« Dar el bey » à Hammam Lif : des occupants utilisent des « boucliers humains » pour empêcher leur évacuation

« Dar el bey » à Hammam Lif : des occupants utilisent des « boucliers humains » pour empêcher leur évacuation

 

Le gouverneur de Ben Arous Abdellatif Missaoui a, dans un entretien accordé à l'agence TAP, déclaré que les autorités locales et régionales « comptent sur la prise de conscience des occupants du palais Husseinite à Hammam Lif quant à la gravité de l'état catastrophique du palais sérieusement menacé d'effondrement à tout moment ». Il a, à ce propos, annoncé qu'il a été convenu d'évacuer les lieux le 1er novembre 2017, dernier délai pour mettre en exécution la décision signée par la délégation spéciale de Hammam Lif en date du 13 octobre, et portant sur l'évacuation immédiate et urgente de « Dar el Bey » et ce, en vue de garantir la sécurité des 93 familles qui occupent les lieux.

Le responsable a appelé les 93 familles soit les 385 citoyens qui occupent le palais à ne pas utiliser les enfants, les femmes et les personnes âgées en tant que « boucliers humains » pour empêcher la mise en exécution de la décision d'évacuation, une décision, a-t-il mentionné qui a été prise pour préserver les nombreuses vies humaines.

En réponse aux questions formulées par l'agence TAP et relatives aux solutions alternatives concernant le relogement des occupants de « Dar El Bey » et aux garanties que les autorités locales sont susceptibles d'apporter à ceux qui obéissent à la décision d'évacuation, le gouverneur de Ben Arous a fait savoir que les différentes caisses sociales et les services financiers ont défini la liste des prioritaires et les aides nécessaires comme les aides provisoires, les indemnités de location et la liste des prioritaires pour bénéficier d'un logement social.

Dans ce contexte, il a précisé que ces dispositions qui s'inscrivent dans le cadre du suivi des mesures prises au profit de ces occupants, sont issues d'une séance de coordination ayant réuni des cadres régionaux, administratifs et sécuritaires pour mettre en œuvre les recommandations du Chef du gouvernement lors de la séance de travail tenue dernièrement au siège du ministère des affaires locales et de l'environnement.

Abdellatif Missaoui a indiqué que la liste finale des bénéficiaires sera actualisée dans un délai maximum fixé pour le 18 octobre et ce, par les services des affaires sociales en vue de garantir l'efficience d'intervention et l'octroi des aides aux prioritaires parmi les familles nécessiteuses ou les familles ne pouvant pas s'approprier un logement.

Dans ce contexte, il a mentionné que 56 familles bénéficieront de logements sociaux qui seront prêts dans six mois à El Mhamdia, Rades et dans d'autres régions avoisinantes. Le gouverneur a, par ailleurs, indiqué qu'une mesure urgente sera prise et qui consiste à former deux commissions, régionale et locale, de suivi quotidien pour faire face à cette crise rappelant dans le sillage l'effondrement d'un ancien bâtiment à Sousse dans la nuit du 4-5 octobre dernier ayant fait 6 victimes dont 3 enfants ainsi que quatre blessés.

En attendant que ces logements soient prêts, il a indiqué que des mesures d'accompagnement seront prises et consistent à apporter des subventions financières sous forme d'indemnités de location. Il s'agit également de loger certaines personnes âgées sans soutien familial dans des centres spécialisés tout en permettant à un certain nombre de bénéficiaires de sources de revenus ou de financements de petits projets, selon les propos du gouverneur.

Il a, par ailleurs, signalé le danger d'infiltration éventuelle d'éléments terroristes dans ce lieu squatté sans aucun droit, faisant observer sur ce point que des patrouilles quotidiennes sont déployées pour empêcher leur infiltration dans ce lieu qui connait un grand mouvement.

Le gouverneur a, par ailleurs, souligné « nous ne voulons pas recourir à une solution sécuritaire malgré le dépassement de la loi par des occupants du plais husseinite » tenant à réaffirmer que « ce qui préoccupe les autorités concernées dépasse la valeur historique du palais ». Il s'agit, a-t-il insisté, d'un souci majeur, celui de sauver des vies humaines, avant tout autre considération.

Il est à rappeler que les autorités régionales ont averti à maintes reprises, à la base de nombreux rapports présentés auparavant par le district de la sureté de Hammam Lif et la commission régionale de l’équipement relevant du ministère de l’Equipement, de l'urgence d'évacuer les lieux en tirant la sonnette d’alarme sur la gravité de l'état de ce monument historique qui représente désormais un véritable danger pour la vie de ses occupants en raison de sa structure usée et la présence de nombreuses fissures profondes dans les murs. 

Le palais Husseinite, appelé communément le Palais beylical a vu de nombreux cas d'incendies causés par le chevauchement des câbles d'alimentation électrique et les canaux d'eau en raison d’une exploitation arbitraire, ne répondant pas aux critères de sécurité. Les forces de sécurité sont intervenues pour éteindre les incendies à maintes reprises, et ont essayé d'évacuer le bâtiment en 2012, mais vu la situation fragile d'un certain nombre d’habitants, ceci n’a pas pu se faire malgré des essais multiples. 

Placée actuellement sous la supervision de la municipalité de Hammam Lif, le palais dont la propriété revient en majeure partie à l’Etat, a été, depuis les années quatre-vingt, occupé par de nombreuses familles défavorisées dont certaines ont été logées en 2008 dans des logements sociaux de la citée Khaled Ibn Al Walid dans le cadre du programme 26-26. Après la révolution tunisienne, des familles venant de Hammam Lif et d’autres gouvernorats ont envahi le palais de nouveau.

Construit en 1750 sous l’ordre du Bey Hussein Ben Ali Bacha Bey, le palais Husseinite constitue l'un des principaux monuments construits en Tunisie sous la dynastie des Husseinites, une période marquée par une profonde révolution architecturale à travers notamment la construction de nombreux édifices dont le palais du Bey de Hammal Lif qui servait de résidence d’hiver. 

TAP

 

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