De Ben Ali à Ennahdha ou comment tomber de Charybde en Scylla

De Ben Ali à Ennahdha ou comment tomber de Charybde en Scylla

Selon la mythologie grecque, Charybde et Scylla étaient deux monstres marins situés de part et d'autre d'un détroit, traditionnellement identifié comme étant celui de Messine.

Charybde était un tourbillon qui menaçait de happer les marins, alors que Scylla était un rocher. Les marins qui faisaient une manœuvre pour échapper au tourbillon risquaient fort de voir le bateau se fracasser contre le rocher; d'où l'expression "tomber de Charybde en Scylla"!

 

Cette expression me rappelle étrangement ce qui se passe en Tunisie depuis 18 mois.

 

Au lendemain du 14 janvier 2011, les tunisiens croyaient avoir fait le plus dur en chassant Ben Ali, un dictateur d'une voracité incroyable qui avait 23 ans durant, spolié la Tunisie de ses maigres richesses.

Malheureusement pour les tunisiens, la suite allait se révéler bien moins heureuse. En effet, bernés par les promesses creuses faites par un parti d'obédience religieuse, appâtés par les petro-dollars, nos compatriotes allaient commettre une grave erreur, celle de voter pour ce parti liberticide ainsi que 2 pseudo-partis dont les dirigeants allaient se comporter comme des pantins dégingandés, entérinant toutes ses décisions prises par le parti dominant.

 

Aujourd'hui, ce parti religieux tisse une véritable toile d'araignée autour de la société tunisienne afin d'imposer, par tous les moyens y compris la violence, un modèle de vie étranger aux tunisiens héritiers d'une civilisation 3 fois millénaire!

Les tunisiens voulaient la liberté, la dignité et le droit au travail. Ils n'ont rien eu de ces 3 revendications; pire, le chômage augmente, le niveau de vie se détériore et même l'eau vient à manquer! De plus, les tunisiens voient apparaitre un nouveau fléau: l'insécurité, fruit de l'impunité accordée à des hordes d'agresseurs qui s'attaquent  sans vergogne à de paisibles citoyens et citoyennes.

La situation des tunisiennes est encore moins reluisante: elles constatent avec amertume que leurs acquis risquent d'être perdus et qu'elles pourraient se retrouver confinées au statut peu reluisant de "complémentaire" de l'homme!

 

Concernant les libertés, la situation est encore plus grave: le parti au pouvoir tente par tous les moyens de faire taire toutes les voix discordantes, à travers d'abord des menaces et des intimidations contre les journalistes, puis plus grave encore, des arrestations louches sous couvert d'une pseudo-lutte contre la corruption. Lutter contre la corruption est une bonne chose à condition que cette lutte ne soit pas ciblée et dirigée contre des personnes qui dérangent! Contrairement aux affirmations du président tunisien devant l'assemblée nationale française, la Tunisie ne tombe pas dans l'escarcelle de la démocratie. C'est même une insulte à l'intelligence humaine que d'évoquer le terme démocratie pour parler d'un pays dont les citoyens vivent dans la peur et l'insécurité.

 

Aujourd'hui, l'image de la Tunisie à l'étranger est gravement écornée. Le nom de notre pays évoque systématiquement violences salafistes auprès des européens.

Qu'il paraît lointain le temps où l'on pouvait parler avec fierté de "révolution du jasmin"; de nos jours, l'odeur douce et agréable du jasmin semble avoir été supplantée par celle, nauséabonde, de l'obscurantisme religieux!

 

Moez  Ben Salem