Départ de Selma Elloumi: Que retiendra l’Histoire de Béji Caïd Essebsi ?

Départ de Selma Elloumi: Que retiendra l’Histoire de Béji Caïd Essebsi ?

 

Le départ de Selma Elloumi, jusqu’ici farouchement fidèle à Béji Caïd Essebsi, ne constitue point un revirement aussi surprenant soit-il. Ce n’est en effet qu’une suite logique des événements. C’est aussi un coup dur pour le président de la République et à son clan.  

Nombreuses ont été dans ce cadre les erreurs de Béji Caïd Essebsi et la pire d’entre elles est incontestablement le parti pris pour son fils. Une erreur qui a entaché l’aura dont il s’est enveloppé et a terni l’image du sage qu’il s’est donnée à la veille des échéances présidentielles. 

Mais ce fut aussi celle qui a fait imploser le parti le conduisant jusqu’à la situation ridicule actuelle qui a conduit à la division de Nida Tounes, en deux clans l’un de Monastir et l’autre de Hammamet.

Le président de la République aurait pu sortir par la grande porte et l’Histoire de la Tunisie aurait pu retenir en lettres d’or son nom s’il avait quitté le pouvoir au lendemain de 2011. Il avait alors dirigé le pays dans une période incertaine et mouvementée le menant jusqu’à ses premières élections démocratiques. 

Il a eu une deuxième chance de laisser ses marques lors de son quinquennat s’il avait gardé le rôle d’unificateur en accédant à la présidence. Encore mieux, s’il avait présenté un autre candidat en 2014 tout en étant à la tête du parti qui a su rassembler les Tunisiens.

On lui reproche d’avoir gouverné avec le mouvement islamiste Ennahdha, mais là-dessus avait-il vraiment le choix dans l’absence d’une coalition majoritaire progressiste ? Il avait peut-être sauvé le pays du déchirement, même s’il avait trahi ses électeurs car il leur a caché cette éventualité, jurant lors de la campagne ne jamais s’allier avec les islamistes. Néanmoins, il n’a su préserver le parti qu’il a fondé, aujourd’hui fragmenté, affaibli et même ridiculisé.

Nombreux sont ceux qui prétendent qu’Essebsi Junior n’est pas fait pour la politique. Cela est peut-être vrai. Mais le pire est que BCE a soutenu son fils tout en sachant que ce dernier est contesté, voire refusé, des politiques et du peuple. D’ailleurs dans un pays qui fait ses premiers pas dans la démocratie et pour un peuple traumatisé par le fait que l’ancien président a imposé sa famille, préparant l’un de ses membres au pouvoir, le président de la République aurait pu s’abstenir de soutenir son fils même si ce dernier avait été un as de la politique.

Béji Caïd Essebsi a été largement fragilisé par le retournement du chef du gouvernement contre lui. Il a été affaibli par la tactique que Youssef Chahed a entreprise lors du dernier remaniement. Il a connu le départ de ses plus proches collaborateurs dont Slim Azzabi.

Mais jusqu’ici Selma Elloumi était restée à ses côtés. Aujourd’hui, en s’en allant, qui demeure fidèle au président de la république ? Une poignée de personnalités ? Mais surtout, que reste au président de la réputation qu’il s’est faite et de l’image qu’il a véhiculée en 2014 ? Que retiendra l’Histoire moderne de la Tunisie de Béji Caïd Essebsi ?

Hajer Ajroudi

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